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J’étais juste en train de penser a la chance que j’ai eu a ne pas faire cette entrevue le Jeudi, comme prévu, non pas a cause de mes nerfs pour cette cause, si nouvelle pour moi, mais parce qu’ainsi j’ai pu passer ce dimanche entier avec mon fils (l’ entrevue fut dimanche soir), et toutes mes pensées futuristes que j’ai pour lui, tous les regards et gestes semblaient véritablement peints par les chansons de Kramies, il semble juste que Kramies a ce pouvoir de traduire en sons toute mon enfance, et tout aussi la brillante enfance de mon fils. Bonsoir Kramies, es-tu là ?

Kramies : Je crois que c’est l’une des plus belles choses que j’ai écouté, je suis très content de parler avec toi. Je crois que tous ces souvenirs d’enfance et notre imagination sont liés et éventuellement nous aide à créer un monde dans lequel nous voyons la partie positive et émotionnelle de la vie

Guillaume : C’est donc par la magie de cet écran, oublions toutes distances et savourons ce dialogue de Madrid a où que tu sois en ce moment. Je t’ai dit que je ne préparerai rien, car tout en toi sens le naturel, le easy done, sans tours de passe-passe, et ta musique est comme un hymne pour paysages, mais, dis-moi, comment c’est crée Kramies ? De quelle forêt, quelle rivière, qui ?

Kramies :J’ai grandis dans une petite parcelle d’Ohio, le paysage était couvert d’arbres luxuriants, je me rappelle d’avoir toujours aimé cette sensation d’abris que ces arbres créaient au-dessus de ma tète. Je me sentais caché et protégé dans un conte de fée. Petit, j’étais vraiment timide alors je me sentais plus sur dans mon imagination, je dessinais et écrivais sans cesse. J’ai commencé à écrire de plus en plus, sur toute chose. Une grande partie n’avait aucun sens et était plutôt mauvaise, mais cela a réellement à centrer mon imagination, a l’attraper. Un Noël on m’a offert comme cadeau une très vieille guitare acoustique… et c’est là que toute cette folie commença. J’ai commencé à apprendre en autodidacte à jouer et j’ai mis des lettres sur mes petites chansons bizarres. Tout cela est vraiment inspiré par les forêts d’Ohio.

Guillaume : Ce cadeau semble l’étincelle qui créa le feu, mais je ne veux pas parler d’incendies quand le bois est si présent, le bois de ta guitare, « Wooden heart »le cœur de bois ton disque, et le bois un hymne pour toi, même dans les photos que tu prends dans tes voyages les bois sont présents, une inspiration dans l’ère technologique.

Kramies:Ha ! Tu es tant créatif ! C’est possible que ces arbres auxquels je suis si proche m’aient le plus inspiré. J’aimais me coucher sous eux en regardant les branches et la puissance qu’elles émanaient.

Guillaume : C’est une sensation que nous partageons tous les deux, comme le jeu du soleil et des branches sur les visages, peut être étais-je là, tranquillement couché, il y a quelques années, en écoutant « Happiness » de Grant Lee Buffalo et sentant une certaine beauté en dehors de moi et en dedans, cette même sensation que j’ai redécouvert en écoutant ton titre « Wooden Heart », un plaisir si profond.

Kramies : Wow ! Grant Lee Buffalo est un groupe incroyable. Moi aussi je les écoutais il y a quelques années. C’est une jolie comparaison. Il y a quelque chose dans les paysages et les moments qui peuvent influencer un voyage créatif. C’est ainsi que « Wooden heart » a vu le jour. Ce fut un moment dans un de mes pays préféré, l’Irlande.

Guillaume :Etrange, j’ai toujours pensé que l’Irlande avait quelque chose de spécial, les groupes irlandais paraissent plus profonds que d’autres, il y a une certaine magie dans les chansons et sentiments irlandais, les brumes et le pays sont forts, es-tu un voyageur ?

Kramies : N’importe quel pays qui possède des collines enroulées dans ces brumes et des eaux sauvages me font tomber amoureux. Même si ce n’est que s’assoir un moment tranquille avant de partir. Je suis un voyageur, aussi souvent que possible. J’ai bougé cinq fois en sept ans à travers les états. Il est parfois nécessaire d’aider à parsemer l’amour de la vie et la beauté des petites choses et parfois voyager même en petits trajets te rappelle l’énormité de ce monde et le magique et différent que peuvent être les créatures de cette planète. Il semble qu’à chaque fois qu’une chanson ou disque me vient, ça arrive vraiment vite et loin de chez moi. C’est l’un de ces moments qui vient sans qu’on s’y attende dans un regard qu’on pose.

Guillaume : Il y a donc ce besoin de voir, et justement, en écoutant ton « travail » (je n’aime pas vraiment ce mot pour ce qui est artistique, j’ai toujours préféré penser que c’est un plaisir), j’ai imaginé facilement le texte que je t’ai envoyé il y a quelques semaines, ta musique est très visuelle, tes mots sont des descriptions d’espaces qu’on peut changer a notre guise, tes chansons sonnent comme un peintre peignant sur une toile vierge.

Kramies : Je crois vraiment que nous sommes tous ici pour partager nos propres peintures mentales et nous inspirer les uns des autres. Ce qui fut fort avec « The wooden heart », c’est que j’ai pris le souvenir d’un petit moment qui venait de passer. Il semblait que chaque petite pièce s’encastrée dans l’autre. Je n’ai pas essayé d’y penser comme je faisais avant. J’ai juste laissé l’image se peindre seule.

Guillaume : Il semble que tout c’est fait tranquillement, un instant peint lors d’un moment, est-ce ainsi ? J’ai senti ça à la première écoute, tout venait simplement, un derrière l’autre, comme un dialogue, frais, naturel.

Kramies : Maintenant que je me suis assis et que je revois l’année passée à l’écrire je trouve que tout a un peu plus de sens, mais je sais qu’il y eut des moments de désordre, des choses ne collaient pas, mais c’était surtout parce que j’écrivais des morceaux et bris de musiques et instruments. Je ne suis pas un musicien très doué alors tout ce que je joue et écris je dois le maquiller a ma façon. Je ne sais lire ni écrire la musique donc il faut souvent que je fasse mes propre accords et structures. Donc je sais que tout semble confus a unir, mais l’histoire et les paroles viennent ensemble comme une narration qui semblait déjà écrite dans ma tète d’enfant.

Ça me prends normalement entre 8 mois et un an entier pour écrire un disque, mais il faut que j’attende d’être inspiré par quelque chose ou un moment de ma vie. C’est pour ça que j’aime voyager et bouger.

Guillaume : Un musicien peu doué ? Je ne sais pas, j’aime la musique pour les sensations qu’elle m’apporte, par les émotions qui apparaissent sur la ligne de ma peau, je suis un musicien frustré, ignorant des théories musicales, je sais juste des sentiments, et si ta musique m’élève a des paradis internes, tu es un grand artiste, et très doué, et oui, ta nécessité de rechercher des visions de pays et rivages est une très bonne raison pour que tu prennes ton temps, et le monde dans lequel nous vivons, le meilleur poème pour nos sons. Laisse-moi te demander, quelle musique prendrais-tu dans tes errances ?

Kramies : Ha ! bien, je te remercie. J’écris tout par émotion, depuis ces sentiments de regrets et d’amour. Je suis un fervent croyant de l’amour et des émotions et se permettre un écart dans nos vies, juste pour capturer quelque chose d’important pour nos cœurs. Je suis très reconnaissant de pouvoir vivre une vie créative alors j’essaye de faire de mon mieux. Aussi loin qu’aille la musique, je suis toujours un peu en arrière. J’ai tendance à être influencé et passionné par des visions, paysages et musiques classiques grandioses surtout. On peut dire que j’aime les bandes sonores, spécialement celles de John Williams pour Harry Potter, j’aime tout autant la musique du ballet de casse noisette. Il y a aussi des musiciens comme Joanna Newsom ou Indians, et toute une pléiade de génies artistiques émergent actuellement. Je dois avouer que j’adore ces conteurs-chanteurs des années 70, comme Neil Young et Simon and Garfunkel. On peut me surprendre en train d’écouter en boucle une chanson plus de cent fois. Une des plus belles chansons que j’ai écouté est « 81 » de Joanna Newsom.

Guillaume : Tiens, deux coïncidences, quand je suis né, le thème qui sonnait dans la maternité et partout était ce « bridge over trouble water » de Simon and Garfunkel, chanson que j’ai très présente depuis l’intérieur de ma matrice, de plus, le code postal de mon département natal est le 81, et dieux sait combien il me manque, mais de là naissent mes nostalgies et nombreux textes, mais cessons mon ego, et nous devrons, cruellement mettre un point final a ce dialogue, je voulais juste demander a ce petit gamin d’Ohio comment il a rencontré Jason Lytle et Jerome Sevrette pour trouver ce superbe artwork, et quel est le futur de Kramies (quel pays pour inspirer ton cœur)

Kramies : C’est vraiment beau que ta mère écoutait Simon and Garfunkel en ces instants ! Ça fait désormais un bail que j’écris des disques et que je fais de la musique. C’est a la fin des 90 ‘s et au début des 2000’s, alors que je j’avais beaucoup de concerts en premières parties de nombreux grands groupes, comme Spiritualized, Calexico, Yo la tengo et d’autres. Le groupe de Jason, Grandaddy fut aussi un des groupes avec qui j’ai eu la chance de jouer. Nous nous sommes trouvé des amis en commun et après quelques années on a commencé à communiquer par internet et d’une chose a l’autre. C’est une bonne personne et je suis super reconnaissant pour sa brillante production et aide pour cet Ep. J’ai rencontré Jérôme à travers un autre grand groupe nommée A Singer Must Die. Manuel, le chanteur du groupe est un bon ami. Il m’a présenté le beau projet de Jérôme, Terres Neuves, pour lequel j’ai fais aussi une chanson. La photographie de Jérôme était parfaite pour cet Ep. Il a vraiment accroché de surprenantes photos et fait que ce disque prenne vie.

Guillaume : Donc tu as dans tes sons l’enfance de quelques personnes émotionnées, une image comme prise d’un polaroid de quelques paysages, qui changent le nom de tes chansons, l’art d’un moment dans un espace spécial, l’amitié des tours de chants, et la reconnaissance d’un grand Ep. De la part de gens de bon gout, pour en finir (rien qu’ici, entre toi et moi, il nous reste pas mal de pensées a exprimer) quel sera le prochain pas, un pas sur la lune, ou une autre forêt ?

Kramies : Aussi loin que le futur. Cet été je retournerai en studio et réenregistrerai certaines chansons comme elles étaient au début, rien qu’acoustique et voix. Ce sera une très petite réalisation libre des chansons sans instruments ni over dubs, juste la guitare, paroles et piano. Mon bon ami Grant Wilson du réputé show américain « Ghost hunters » est un pianiste compositeur très talentueux qui va d’ailleurs jouer sur quelques morceaux. Ensuite, pour l’automne je commencerai l’écriture de mon prochain album. Je crois que ce sera une forêt, puisque je me prépare à bouger de nouveau, mais cette fis je vais revenir d’où je viens.

Guillaume : J’attendrais impatiemment ça, cher Kramies, mais je dois d’abord te remercier pour la musique, ton disque est brillant, naturel, lumineux et plein de saveurs de paysages, je te remercie pour ce gentil moment partagé, et j’espère que beaucoup de personnes auront depuis cet instant, une écoute de ce « The wooden heart » dans leurs valises. A bientôt.

Kramies : Merci pour ces agréables mots et pour cette entrevue si plaisante.