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Un ami, j’ai des ennemis que j’appelle amis, me refroidissait parfois en me disant que Bowie n’était pas rock, Motorhead, Rolling, Beatles, mais Bowie… A la grande question de ce qui est rock, ou n’est pas, je répondrais, donnant fin a ce dilemme eternel, rock, c’est ce qui un jour te fera voir le ciel rouge, et te fera entendre la fleur se bruler dans une paix terriblement sage, te fendra la peau d’une chair de poule et endormira tes rages dans du coton, c’est Marvin, c’est Chuck, c’est Bowie et c’est Metallica, c’est le sens d’un frisson, c’est l’odeur magnifique de l’essence, voila résolue l’énigme des siècles, non ? Par là j’immisce, je fais pénétrer l’idée de cette Héloïse comme certains ne sauront la voir, une ribambelle de fureurs, une ronde de rage, dans un temps de fleurs, dans un ciel sage, vous ne la voyez pas comme ça, pas vrai, Héloïse est comme ça, Héloïse est rock, Héloïse est Christine, gasoil, thrycloretylene, Chanel et fillette, Christine and the Queens est feu sur l’eau, intime guerre. Vous, vous l’avez vu venir, moi, ici, loin des francophonies, je l’ai pris en plein la peau. Au détour d’une recherche banale sur une chanteuse espagnole assez correcte nommée Christine Rosenvinge, je tombais de manière youtubesque (ça m’arrive souvent) sur cette Christine là, d’abord sur Creeple (traduis sur le disque par Christine, et les deux versions changent et se valent) en audio, et puis je trouvais abasourdis ce vidéo de Narcissus is back, et je découvrais que tout n’était pas que son, Christine est corps, corps de musique aux gestuelles intérieures, un objet intègre qui propulse du bout des danses des sonorités aux rythmes troubles, et cet ensemble si personnel , ce corps, n’est que l’infime support d’une âme aux paroles combattantes et blessées, aux vies heurtées et féeriques, ce cobra hypnotisais dés lors mes envies, mes images, mes panoramas se peuplèrent de ses mots, et entre féline, reptile, homme flou et femme effacée, ambigüe tel Ziggy et cruel tel Reed, Christine et ses reines m’enlevèrent au paradis d’un possible sang neuf d’hexagones sans frontières. Puis vint l’instant du savoir, ce moment où l’on sait qu’on est devant l’art, cette petite video a-capella de Nuit 17 a 52, et la blessure terrible qu’est la sensation d’avoir perdu beaucoup de temps a n’avoir aimer, a n’avoir bruler, a n’avoir essayer ces doutes, et le pouvoir de comprendre qu’il existe encore des plaisirs inconnus a savourer dans cette voix claire et précise comme dard, tournant facettes de puissante et fragile comme diamant et poussiere, dans cette danse, dans cette personne et son univers bizarrement beau. Bien sur naissent les critiques, les mythes ont ça, l’esclavagisme de James Brown, l’égocentrisme de Jim Morrison, les désirs de Michael, il existera toujours cet effet rareté-gêne.. Christine est définie par Christine, peinture étudiée, composée, visuel concret, l’intelligence subtile de savoir qui on est et jouer de cela, il me reste impossible de parler d’elle en sons seulement, il y a l’image, et puis les thématiques, ces plaies, ces films, scènes de femmes, tirades de faiblesses et monologues de force, déceptions et trésors, sexe aux danses brusques et pudeurs de cols de chemises fermés. Mon ami, tu voulais croire que le rock est ainsi, quand le rock est aussi, aussi friable que femme, aussi fébrile qu’homme, aussi pierre que mousse, autant triste que feu, après tout, pourquoi lui chercher une définition, au lieu de le découvrir encore.




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