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Plus jamais un mois sans Fred Debief ! On exagère mais l’actualité le veut : ce stakhanoviste matraque la sphère musicale avec une régularité toujours empreinte de renouvellements. Ne pourtant pas croire à une solderie saisonnière, à un compte d’apothicaire afin de vider le laboratoire à expérimentations : Fred Debief ne semble vivre et respirer que lorsqu’il compose. D’où une profusion discographique qui laisse certes pantois par son horlogerie mensuelle ; mais surtout car chaque dernière sortie exige, chez lui, un besoin de tout reprendre à zéro, la nécessité d’écrire en réaction au disque précédent. Logique ainsi à retrouver Fred Debief, après trois albums de Lufdbf (son duo partagé avec cet autre alchimiste qu’est Thierry Lorée), aux commandes de son projet électronique Brou de Noix.

L’album « 000 » était certainement le plus charnel et poignant des disques synthétiques entendus en 2013. En attendant son successeur, Fred dégoupille un formidable trois-titres baptisé (toujours façon Factory Records) « 1807 » (et qui répond donc aux précédents « 000 » et « 4635 »). Il sera difficile d’épiloguer sur la teneur autobiographique de ce nouvel Ep (quand bien-même n’y a-t-il ici que dons de soi déclinés sur un mode instrumental, cette musique émeut surtout par sa pudeur), mais le facteur humain (tendance mélancolique, aujourd’hui) provient certainement de cette sensation d’instrumentations électroniques composées comme on jouerait du rock, comme on taperait violemment sur les fûts de la batterie. Le miracle Brou de Noix ne tient peut-être qu’à cela : les machines sonnent live, l’inspiration résulte de l’instinctif, Fred fait de la programmation de la même façon qu’un bon guitariste ne se pose aucune question à l’heure de brancher l’ampli, d’enfourcher son instrument et de voir ce qu’il en sort… Exemplaire !

On aimerait conseiller à Fred de ralentir le rythme, de ne pas griller toutes ses belles cartouches en si peu de temps. Mais non, inutile : c’est justement dans la frénésie, la profusion et la fièvre que cet artiste extirpe de son cerveau (en ébullition) l’un des parcours discographiques français parmi les plus fascinants et personnels de la décennie en cours…




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