Tue-Loup, c’est un peu comme Françoiz Breut : nous suivons leurs albums depuis des années, guettant chaque sortie avec impatience, leur souhaitant enfin le succès qu’ils méritent. Tout en sachant qu’il n’arrivera pas. Beaucoup trop loin de Gangnam Style ou même d’un Calogero. Oh, certes, ils eurent un mini moment de gloire en 1998 grâce à leur reprise des "Mon amant de St Jean". Mais bien insuffisant au regard de leur talent et de leur constance.
Tue-Loup propose depuis 1996 un rock lent, exigeant, maltraitant mais sans équivalent. Un rock désabusé, plein de menaces de représailles, aux paroles taillées telles des cisailles, alliant couplets fort bien troussés et grisaille. Xavier Plumas chante en raclant le sol, parfois proche du Nick Cave des jours sombres. Il est accompagné d’une guitare économe en accords que ne renierait pas Rodolphe Burger. Les ambiances peuvent sonner comme une musique écrasée par un soleil trop présent, comme on l’entend parfois chez Swell. Et, deci delà, une trompette jazzy vient colorer les tableaux finement peints par les Sarthois.
Chez Tue-Loup, on raconte ses craintes, ses rêves, ses illusions perdues. On narre fort joliment les histoires du village. De Marinette qui ne veut quand son mari a trop bu. De Margot et du curé. Ou du figuier qui est trop jeune pour supporter sa charge fruitière. Autant d’éléments dans lesquels chacun peut retrouver sa vie, ses sentiments, une vision de son quartier. Pourtant, non, décidément, la France préfère se repaître des roucoulades d’un Garou (qui ne tue loup)... Quel dommage.