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Nicolas Haas, aka Primaa est un chercheur sonore, toute proportion gardée un Pierre Henry pas hirsute, et pas complètement détaché d’une mélodie qui permet d’avoir la Fnac comme boite aux lettres (tout un programme).

Sous ce pseudo, et surtout par le biais de ce troisième album au concept simple, des boucles rythmiques electronica-downtempo, sur lesquelles vont se greffer des guitares, un piano, des cordes, une trompette, et même comble, sur ce concept qui pourrait être austère, des rires, Nicolas charpente une odyssée vers les limbes d’un océan imaginaire, là où tout aurait commencé.

Je ne devrais pas le dire mais j’ai craqué sur le titre d’ouverture, avant même d’avoir écouté totalement le disque, prenant le risque, infime certes, d’héberger sur une de compilations d’ADA quelqu’un au visage avenant mais aux arrières pensées terrifiantes. Mais aucun mensonge, la suite répondra aux attentes. Avec son concept, Nicolas semble se balader comme sur une frise chronologique, traversant les siècles et les courants, parvenant à lier tout cela par un fil imperceptible, mais évident. On passe de « Amsterdan WB » qui serait sorti tout droit d’un film de Tati avec Hulot dans l’espace, à « Chanson Muette Du Fruit D’Un Sommeil Paranoïaque », un morceau presque médiéviste, avec ce je ne sais quoi (les sifflements probablement) d’Ennio Morricone, comme si le maitre du western, traduisait sa langue du far west pour être compréhensible par les maitres d’un château imaginaire. Synthétique avant d’être organique cette musique se fait « technoïde » (Fluidescent Ahah) avec un titre qui fait danser mais pas penser, rire mais pas pleurer, « synthétique » (I-Cicle) nous rappelant la mélancolie acheteuse de certains morceaux qui ont fait la fortune de Moby. La lumière jouera également un rôle important, celle ci se déformant suivant les influences qui planent au dessus du morceau. L’ombre de Cure plane par exemple au dessus de « Il Met Des Majuscules Aux Minuscules » les fantômes de Portishead aussi. Cette ombre sera paroxysmique sur « E-ac », se faisant tranchante plus obscur moins lumineuse, presque inquiétante. Il se ballade dans quelque chose à l’opposé du reste, fait entrer le mal, en l’introduisant par des notes de piano tout en douceur, comme si le scarabée de Mezzanine reprenait vie après une hibernation forcée. Ne pouvant nous laisser dans l’embarras, c’est un accompagnateur jazzy qui nous ouvrira la porte de sortie (Toute Ressemblance Avec ….). Une porte dégondée, flottante, comme aspirée par le pavillon de la trompette

Avec ses boucles Nicolas évitent les nœuds, parvient à suivre un fil unique et conducteur, qui sans réaliser une œuvre compact, donne une unité qui nous oblige à réévaluer grandement, un projet que nous pouvions penser mort dans l’œuf d’un premier titre impeccable. Un périple bouclé avec doigté et élégance.




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