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Interview réalisée par email le 10 Octobre 2006, avec Glenn Donaldson et Donovan Quinn.

Pour accompagner la sortie de leur nouvel album " The Disciples of California ", il était indispensable d’en savoir un peu plus sur ce groupe à deux têtes : Glenn Donaldson et Donovan Quinn. Le premier est co fondateur du label Jewelled Antler Colletive avec Loren Chasse, membre seul ou accompagné de The Franciscan Hobbies, Ivytree, Thuja, et de beaucoup d’autres, autant dire un homme important de la scène folk, si ce n’est le plus prépondérant. Le second est aussi multipiste participant à beaucoup de projets dont The Once and the Future Herds, ou Verdure. Deux hommes profondément attachés à leur état, deux hommes auteurs de quelques uns des plus beaux disques de pop et folk des dernières années.

On retrouve beaucoup de mots dans vos chansons et/ou titres d’album, the sun, the trees, the birds…Ce sont vos leitmotive ?

— Donovan Quinn : Je dirai plutôt que nos leitmotiv sont les filles qui nous ont brisé le cœur. On veut juste essayer de décrire ce qui était autour d’elles quand elles ont décidé de nous détruire.

Est-ce que le studio est le meilleur endroit pour enregistrer selon vous ? Et pourriez vous enregistrer en dehors de la Californie ?

— Glenn Donaldson : Non je ne pourrai enregistrer en dehors de la Californie. Sinon nous préférons enregistrer en studio ou dans des minarets ou dans des salles de bal. Et si rien n’est disponible, nous enregistrons à la maison et nous mettons un disque de Neil Young.

— DQ : Personne n’a jamais réussi à faire de la musique psychédélique en dehors de la Californie. C’est impossible. Par contre enregistrer dans une salle de bains avec pleins de carreaux cassés, c’est merveilleux. Ou peut être dans un salon sombre avec une fille dansant sur le tapis et un ami soignant une gueule de bois sur un canapé infesté de puces.

Comment voyez vous votre évolution depuis " I dreamt she rode on a pink gazelle " ? Je trouve que vous êtes de plus en plus pop non ?

— GD : Je crois que tous nos disques sont pop. On utilise toujours les mêmes accords (sol, do, ré). Le seul disque dans lequel il y a de petites escapades est Child God in the Garden of Idols.

— DQ : " I dreamt she rode on a pink gazelle " est clairement l’album le plus pop que nous ayons fait. Mais aussi le plus étrange.

Pour vous c’était une évidence de chanter et de faire de la pop ?

— GD : Je chantais dans une église Méthodiste quand j’avais 5 ans. J’ai toujours chanté. Et oui j’adore la pop. Je pense que nous nous sommes façonnés d’après The Monkees, ce faux groupe de pop, qui en fait jouait de la musique psychédélique, du folk et de la country.

— DQ : Je crois que l’on n’a jamais enregistré de disques, sans qu’à la fin je me dise " ça ressemble un peu à The Byrds ".

Comment se passe votre processus d’écriture ? D’autant plus que vous êtes également tous les deux dans The Once and Future Herds. Comment se fait le tri des idées ?

— DQ : En fait il n’y a pas de méthode avec The Once and The Future Herds. Parfois j’oublie même que je fais partie du groupe. Le disque était simplement le fruit d’une ballade avec nos instruments. Par contre l’écriture pour The Skygreen Leopards est totalement différente. C’est devenu un rituel intime très difficile à décrire. C’est comme si tu essayais de demander à ton chien d’aller te chercher le journal par télépathie. Parfois ton chien te ramène un chat mort et tu dois faire profil bas dans ton voisinage pendant quelques temps.

Glenn quelques mots à propos du Jewelled Antler. Il semblerait que vous sortiez moins de disques désormais. Vous (Loren et toi) préférez vous concentrer sur vos propres projets ?

— GD : Tout à fait. Pour moi Jewelled Antler était une fleur. Elle a éclot et elle est désormais fanée. Dans mon esprit le label n’existe plus depuis deux ans. Thuja était quelque part le début du label, nous jouons toujours ensemble, mais cela a mis doucement une fin au label. Il y a toujours beaucoup d’effervescence et chacun fait ses propres trucs dans son coin et ça me va très bien.

Est-ce que vous pensez que la Nature est en danger ?

— GD : Je pense que les Elans vont régner sur le monde et tous nous tuer. Et ce sera bien pour eux.

— DQ : L’Elan Jésus.

Est-ce que vous arrivez à vivre de votre musique, maintenant que vous êtes chez Jagjaguwar ou ce n’est pas si simple ?

— GD : Non on n’en vit pas, loin de là. On ne gagne quasiment pas d’argent avec notre musique. On a tous un autre travail. Ca nous permet de garder un peu d’argent et de pouvoir jouer avec nos amis après le boulot.

— DQ : C’est simple, dès que nous allons jouer en dehors de San Francisco, nous perdons de l’argent.

Vous venez juste de sortir un nouvel album sur JagJaguwar " The Disciples of California ". Comment pourriez vous le décrire à ceux qui ne l’ont pas écouté ?

— GD : Il y a plus d’enregistrement live, avec Shayde Sartin à la basse et Jasmyn Wong à la batterie. Les influences country et folk sont, je trouve, plus prononcées. Des anciens morceaux tels que "Tents along the water", "Let Me Grow in your meadow" & "Sally Orchid" ont été important dans l’acquisition de notre son.

Dans une certaine mesure, essayez vous de sortir tout ce que vous enregistrez, ou êtes vous obligé de faire un grand tri ?

— GD : Nous écrivons beaucoup de morceaux et finalement nous n’en jetons que très peu.

— DQ : Si ca nous semble bon alors on le sortira. Si on est en pas réellement convaincu, alors on le mettra à disposition de nos amis sur myspace gratuitement.

Ça vous énerve qu’on vous prenne pour des hippies ?

— GD : Qui n’aime pas fumer des joints et danser avec des femmes en robes légères sans soutien gorge ? J’aime the Greatful Dead et Black Flag et alors ? J’aime l’herbe, le thé vert, les produits bio, et le vin blanc de Napa Valley. J’aime quand le soleil brille, et j’aime aussi les arcs-en-ciel et les papillons.

— DQ : J’espère seulement que les hippies pensent que nous en sommes, comme ça on pourra rentrer dans des festivals à l’œil. J’ai entendu que Bob Weir avait mangé gratuit dans tous les Denny’s des USA.

Il y a pas mal d’effervescence musicale en ce moment, comment voyez vous la musique autour de vous ?

— GD : J’espère seulement que les gens s’amusent et font leur propre musique.

— DQ : Il y a beaucoup de bons concerts un peu partout, mais les gens ont peut être besoin qu’on regroupe tout ça. J’ai l’impression que tous les bons groupes que j’entends restent dans l’indifférence la plus totale. Soit il n’y a pas grand monde lors des concerts, ou quand il y en a les gens ne montrent pas un enthousiasme débordant.

Vous allez tourner avec Wooden Wand bientôt, ca doit être excitant de partager quelques dates avec des amis ? Essayez vous d’improviser sur scène ?

— GD : Oui ce sont des gens très talentueux, de grands amis pleins de bonnes et étranges vibrations. Je suis fan. Sinon nous sommes un groupe à chansons, donc nous n’improvisons que très peu sur scène. Cela peut arriver, mais c’est assez rare.

Quelle chanson rêveriez vous de reprendre ?

— GD : "My Front Pages" de Arlo Guthrie.

— DQ : "I Could Be Singing" de Arlo Guthrie.