Appelez-en à Google et vous découvrirez que Big Boss Man avoisine les deux mètres ou que Big Boss Man porte selon l’envie un délicieux uniforme de membre de la maréchaussée états-unienne ou une tenue de combat type Opération Tempête du désert menée la nuit. Big Boss Man officie en effet depuis de longues années au sein de la WWF, la fédération américaine de catch. Des années investies dans le domaine de la distraction pour average Jo bide à bière et gratteur de couilles. A première vue le valeureux moteur de recherche vous égare. Le BBM objet de votre requête se compose en fait de quatre musiciens mal remis du passage au XXIème siècle et qui portent haut les couleurs d’un funk sixties enjoué. Mais à y réfléchir les différences entre les deux entités se lisent moins nettement. Ainsi chacun des BBM semble nourrir une affection toute particulière pour la danse. Dans l’un des cas, il s’agit de celle administrée avec force bourre-pifs liquéfacteurs de cartilage nasal ; dans l’autre cas, d’une exultation des corps façon bras levés bien haut au-dessus de la tête et popotins agités de mouvements pendulaires (l’introductif " Kelvin Stardust " et ses riffs croisés basse/piano/hammond qui constituerait la bande son idéal du remake sans doute à venir de The Party ; ou encore le très latin " Complicated Lady "). En outre, l’un comme l’autre des BBM possède son " spécial " selon l’expression consacrée dans l’univers de la lutte feinte. Le gros patibulaire l’administre en toute fin de combat : il soulève l’adversaire au-dessus de sa tête et lui imprime un mouvement rotatif rapide pour mieux le projeter violemment au sol (Boss Man Slam-véridique !). Les quatre instrumentistes terrassent eux l’auditeur en l’étourdissant de motifs d’hammond joué en spirale, et de percussions vicieuses qui touchent au menton. Ainsi " Reach Out " et le bien nommé " Fever Special " coupent le souffle. Enfin, dernier parallèle traçable : le BBM de la WWF (vous me suivez ?) en vieux briscard du règlement de compte cède parfois à ses envies vindicatives et peut s’amuser à perdre deux de ses phalanges dans les côtes flottantes de son adversaire. En cela, il est adepte des dirty tricks entendez du coup-fourré en américain. De même on peut qualifier Winner de dirty tant le son, résultat d’une démarche pensée, possède ce grain particulier des enregistrements "petits moyens" mais chaleureux. Ce son donne alors toute son unité à un album qui n’en manque pourtant pas (merci Morgan Nicholls). La cohésion de l’ensemble se dégage ainsi au fil des écoutes. Cependant à multiplier les visionnages de combats de catch on perce immanquablement à jour le secret des coups non portés et l’on affadit l’attrait pour le show… et à répéter les écoutes de Winner on pourrait parvenir à un résultat similaire…