A se fier au premier regard porté à l’artwork du disque, hache plantée aux côtés d’un corps les deux bottes en l’air, le je liquide du titre laisserait penser à une une prophétie légèrement inquiétante sur les desseins d’Emmanuelle Destremau aka Ruppert Pupkin, bien en phase finalement avec le personnage éponyme tiré de La Valse des pantins de Martin Scorcese dont la bonhomie initiale laissait place au fil du film à un sentiment plus inquiétant que bienveillant.

Quel serait ici l’objet de cette liquidation en règle ? Peut-être l’espoir de la rencontre, de la connexion intime, interrogé régulièrement au fil de l’album et par instant remis en question sans pour autant se résoudre à son abandon à s’en fier au texte de Ce N’est Pas Vrai Du Tout. Fausse piste donc.

Un deuxième regard plus précis sur cette image montre un je en italique, comme pour mieux le scinder du mot liquide, qui passe ainsi du verbe à l’adjectif ouvrant une autre grille de lecture lors de l’écoute de l’album.

En effet, tout au long des onze titres qui composent je liquide, Emmanuelle Destremau s’évertue à se dérober à la classification facile, s’immisce dans un genre pour mieux le déborder dans le mouvement suivant ( dans le même parfois) passant de la pop, à la cold wave, en passant par l’électronique poussée jusqu’au dance floor par instant notamment sur le final de l’intriguant Boys Like You, motif qui irrigue également Les Temps Incertains.

Fluctuant de l’anglais au français, avec dans les deux cas une écriture ciselée et incarnée, chaque écoute, passée la déstabilisation inaugurale à laquelle il faut consentir, laisse transparaître des compositions sonores riches, aux arrangements soignés, que la voix ; entre tension et émotion à vif (Ils Savent), quelque part entre Jennifer Charles par instant et My Brightest Diamond à d’autres ; incarne à merveille.

Assurément, une des belles surprises de ce début d’année.

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