Une tradition familiale faisait que pour finir l’année, ma maman achetait des fruits pour monter la corbeille de fruits la plus gourmande en sucre, en couleur, en texture en goût. Ses moyens augmentant, la corbeille faisait presque du tort au sapin de Noël qui lui stagnait dans sa progression stylistique. Demain Sans Faute, eux ne nous offrent pas une corbeille, mais carrément, un panier, et celui-ci contrairement à la corbeille pantagruélique de mon enfance, n’a pas pour vocation de brosser dans le sens du poil notre palais attiré par des jus sucré. « Panier de Fruits » tendrait plus vers les fruits avec des peaux piquantes, une amertume sournoise et une acidité de tous les instants, jouant avec nos sens. Dans la lignée des SYR d’un Sonic Youth alors en recherche du côté plus expérimental de sa force, « Panier de Fruits » séduit par sa présentation (l’artwork sérigraphié est magnifique) pour nous questionner par son contenu . Nous sommes là face à des fruits qui ne s’offrent pas au premier économe venu, qui ne se marient pas dans un macaron après une recherche d’une durée inférieure à l’installation d’une civilisation. Jamais défendus, ils sont comme des jouets extraordinaires que Demain Sans Faute n’inscrivent pas dans une hiérarchie temporelle, voyant plus en eux des formes d’excroissance de notre imaginaire trop souvent sclérosé. Ça grince tout autant que cela pique, cela irrite plus que cela gratte, mais au final cela nous donne une dose de vitamines que nous prendrons comme un jus de citron vert, avec les yeux humides, les fossettes creusées, mais avant tout le plaisir de sentir son corps tenter de surpasser ses défenses puériles. « Panier de Fruits » ou comment écouter bien plus que 5 fruits par jour pour un exercice mental salvateur. DSF(Demain sans Faute) vitamine contre la sclérose.