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  • 22 septembre 2021 /
    Victor Pavy
    Will Remain E.P. - titre par titre

    réalisée par gdo

SHINE

Ce E.P. commence par son plus vieil artéfact : une prise de batterie enregistrée en 2003. Shine a alors six mois d’existence. C’est une composition écrite pour Saïbu, mon groupe de la première décennie du 21ème siècle. Le souvenir est lointain, pourtant je sais que la musique comme les paroles sont venus très rapidement. La musique doit naitre de mon obsession d’alors pour 13 de Blur et l’absence du guitariste Graham Coxon sur Think Tank, sorti au moment de l’écriture de Shine. Il y a dans l’ambition du riff de départ de faire « plus Coxon que moi tu meurs ». C’était, à l’époque, sans doute, une ambition trop haute. Résultat, l’enregistrement initial, pendant les sessions de notre deuxième E.P., est resté inachevé. On a quand même gardé la chanson dans nos setlist jusqu’en 2006 puis j’ai oublié son existence pendant de longues années. J’y suis revenu une première fois en 2013 par amour pour la partie de batterie que je trouve excellente, interprétée par Thibault Vincent (qui par chance joue toutes les batteries sur ce E.P. malgré le bond temporel). Cette piste est donc l’unique survivante de la tentative initiale d’enregistrer Shine. J’avais beaucoup d’amour aussi pour les paroles inspirées de ma lecture de « Substance Mort » de Philip K. Dick. Si mon histoire d’un couple en crise qui a la tentation de rejoindre une secte pour se sauver, n’a pas de lien direct avec le roman, elle existe pour moi dans le même espace-temps. Il y a la même paranoïa chez les protagonistes. Au final, ces 18 années de maturation pour Shine étaient nécessaires car le timing a permis à Jerome Makles, un maitre de la science Coxonienne de donner la touche au morceau que j’avais toujours cherché. Cerise sur le gâteau, la rencontre avec la chanteuse Kiswaèli a donné, dans les ultimes phases de la création, une touche de Gimme Shelter rêvée dès le premier jour.

(Photo de Julien Mouffron-Gardner)

VIDEO HOME SYSTEM

Pour Video Home System, l’inspiration n’est pas la littérature mais le cinéma. La chanson découle de ma découverte et ma fascination, bien banale, pour Sunset Boulevard de Billy Wilder. En m’intéressant au film, j’ai découvert l’existence d’une séquence coupée en ouverture où le protagoniste principal, une fois à la morgue, fait la narration à son médecin légiste des déboires qui l’ont conduit là. J’ai repris ce principe en le plaçant dans le contexte du Hollywood contemporain et celui des séries télé pour teenage. Dans ce cadre, Video Home System est habitée par une figure féminine semblable à Harvey Weinstein. Ici, le renversement des genres est incapable de renverser l’essence corruptif du pouvoir. Le morceau est contemporain de la sortie de mon premier album « The Japanese Ending » en 2013. Si nous l’avons beaucoup joué sur scène à l’époque, il a fallu attendre la contribution de Raphael Thyss, trompettiste chez Orouni, pour enfin remplacer les guitares du refrain par les trompettes imaginées dès la composition.

VICTORIANA

Victoriana est, peu ou prou, une mise à jour de « Even God Can Get Laid », le premier morceau du premier E.P. de Saïbu. La composition, qui doit remonter à 1999, était très rock alternatif dans son coté le plus pop. Beaucoup de guitares et des maladresses dans les paroles qui m’ont fait abandonner le morceau quand le groupe a évolué. Il y avait pourtant, malgré tout, un charme indéniable à mes oreilles dans sa descente chromatique d’ouverture. Régulièrement, je me jouais pour le plaisir une version en finger picking sur ma guitare acoustique. C’est sur cette version épurée que Thomas Ghazi a posé une ligne de clavecin. Ce motif seul est responsable de la renaissance du morceau. La relecture surannée m’évoquant le Stones (encore eux !) baroque période Brian Jones, j’ai changé le nom du morceau et retravaillé les paroles pour peindre un tableau impressionniste proche à mon esprit du personnage interprété par Freddie Jones dans Elephant Man de David Lynch.

(Photo de Julien Mouffron-Gardner)

THE TOP OF THE HILL

Joué traditionnellement en final des concerts de l’époque du premier album, The Top Of The Hill est un peu ma chanson 11 septembre, écrite 10 ans après et sortie 20 ans après. On y retrouve la paranoïa de Shine et une soif de sécurité insatiable qui s’immisce jusqu’à la folie au sein des cellules familiales. Le morceau a été assez long à mettre en forme. D’abord dans une démo très rock avec beaucoup de guitares, des riffs acrobatiques pour retourner du refrain au couplet et une coda avec une intention similaire mais une grille différente. Il y a eu ensuite une version bien plus lente avec un esprit proche du Mutation de Beck. Le morceau à fini par se stabiliser en répétition dans une forme hybride où le clin d’œil à Be My Baby des Ronnettes remplace les riffs acrobatiques.



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