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Je ne sais plus quand j’ai lâché l’affaire de la discographie du longiligne suédois, peut être après son premier album« Whiskey » , écoutant ses disques par devoir pour ce webzine plus que par envie d’en entendre encore. Trop typé, trop uniforme ou tout simplement l’impression de ne pas me reconnaître dans ce maniérisme qui pourtant se fait de moins en moins ressentir.

C’est par le biais d’un chroniqueur d’ADA que je me suis retrouvé face à ce nouvel album, « Rorschach Test », le treizième !!!!!. Pour ceux qui ne sont jamais tombés en dépression ou n’ont pas croisé un trente-huit tonnes pour un sommeil profond, ce test consiste en une série de planches graphiques présentant des taches symétriques a priori non-figuratives qui sont proposées à la libre interprétation de la personne évaluée. Si certaines de ses taches font de jolis masques pour mardi-gras, ils permettent de lâcher prise. Jay Jay a depuis longtemps échappé aux radars, construisant ses morceaux comme des dessins, dans lesquels nous pourrons entendre ce que nous voudrons. Pour cet album, le suédois ne déroge pas à sa mélancolie glacée savamment réchauffée, dessinant des chansons d’amour comme des chemins de croix (Why Wait Until Tomorrow) avec une suavité non-démonstrative, mais au combien collante. Sans artefact, Jay Jay se fait émouvant, signant avec « Amen » l’une de ses plus grandes chansons, puisant dans la foi des ressources qui en font l’un des chanteurs les plus troublants. Ce disque s’écoute sans nonchalance, nous installant dans une forme d’état second, dénué de la moindre amertume, mais proche d’un sommet dans un swing de chanteur de charme qui verrait sa dulcinée quitter la salle au bras d’un autre, sans haine, juste la tristesse comme guide de la mélodie. Oscillant entre trip-hop (I Don’t Like You) de très haute facture nous ramenant aux sources et chanson de fin de soirée à écouter un verre d’alcool dans la main assis dans un fauteuil désigné par Le Corbusier, Jay Jay signe un grand disque de retrouvailles qui pourrait presque me laisser à penser que j’ai probablement intérêt à réécouter ses albums passés, comme un test.