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Que fait un ange, que fait un ange alors que les ailes ne battent plus assez, parce que trop froissées, parce que trop brisées, parce que fatiguées, que fait un ange quand il n’est qu’homme, que femme ? Belle interrogation, Sarah, belle question qui nous pousse a suivre le sens des rivières, a aller creuser les glaces et a trouver le gout des asphaltes de New York, a traverser les troncs de séquoias, quelque part dans ce vaste monde, a y trouver, dans chaque recoin, la petite sonorité des cœurs, belle démarche qui nous enduit d’épaisseurs de linceuls autant qu’elle nous offre la légèreté des pas. Quand un ange tombe, il produit un son sec de fracture, qui ressemble étrangement au déclic d’une porte qui s’ouvre, et son chemin de croix s’accentue et s’affaiblie entre touches et cordes, et poursuit sa route sur la fragilité belle de cette voix. Voici une question pour nous transporter au creux de nos mains, au profond de nos ventres, aux rebords de nos oreilles. Quand un ange tombe, semble-t-il, il atteint la délicatesse de cette musique, il devient prose. Hidden echoes est cette prose, cette élégante narration des pas d’un ange, dans les recoins de ce monde entre sale et merveilleux, à coup d’ailes courtes, petits sauts de Brooklyn aux amazones, de rebonds en Alaska. Ce petit trajet, Sarah nous l’offre entre les doigts tendus d’un Leonard Cohen et les cheveux emmêlés d’une Patti écrivant sur des carnets de voyages, un récit de voyages intérieurs le long des grandes allées du monde. Ecrit sur la lancé et projeté dans l’air des confinés, voici une fenêtre ouverte vers tout point cardinal, une odyssée tendre, curieuse et d’intimités avouées, une promenade a dos de chérubin et archanges, suivant la tendresse suppliée, suivant la caresse reçue. Cet essai-récit, petit album concept quasi spontané nous propose les nuages pour voir clair et les ciels d’où voir les terres, doucement folk, joliment chanson, en petites étapes mélodieuses, en pas de loup, en paysages doux et pénétrant. Cadeau tombé des cieux, ce cheminement d’ange, acoustique et frais, velouté et gentiment griffant, nous emporte calmement vers une paix intérieure, une tranquillité d’observateur des contrées, de promeneur onirique, a l’écoute du temps qui s’écoule si magiquement dans la foulée de l’ange tombé. Nous avions tant besoin de ce dehors, de cette promenade dans les regards et dialogue de cet être qui porte chacun de nos visages, nous, êtres enfermés dans la solitude de nos maux, en ces temps de geôles pour survies, nous avions tant besoin de cette douceur, de cette histoire pour nous habiller et nous faire vivre l’ailleurs, que l’on ne peut que remercier cet ange d’être tombé spontanément, là, dans nos ouïes, et nos âmes.




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