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Nous avons tous dans le sang, ou plutôt, nous devrions tous avoir dans le sang cette attitude d’incessante rébellion de Brigitte Fontaine, ce pas dans la marge, cette déchirure dans le tissus social qui permet de voir dans l’autre dimension de l’âme, nous devrions tous, sans genres ni lois, accepter le fait qu’il faut continuer a demander, a questionner, a remettre en question les ceci-cela, a border l’abime, a flirter avec le chaos, a revendiquer avec cette élégance punk le pouvoir notre de vivre au soleil de nos envies. Nous nous devons d’être hommes dans la peau d’une, et femme dans la peau d’un, et de savoir recevoir cet ample éventail de sensation, de malheurs et bonheurs, qui nous est offert, disons simplement, qu’il nous faut apprendre l’intelligence d’être humain, ou plutôt, réapprendre, une fois, et encore et encore. Pour cela il ne suffit pas de chambouler, pour provoquer et pénétrer a la fois toutes les strates du "quand-dira-t-on", il faut cette pincée de sel qu’est le talent, le bon gout, le plaisir de se faire bousculer vient d’abord par l’attrait, et si quelque chose en ce moment est a la fois attractif et émotionnel, transgressif et intelligeant, c’est bien le travail de "La Pieta". Voici un disque qui se soulève juste aux lèvres des plaies, là où un jour c’est tordue douloureusement la vie, l’esprit éclaté, la chair bafouée, le monde crevassé. Voici un disque de vécus clairs-obscurs, qui gueule et caresse sur le même fil de lame, qui vous insulte et c’est mérité, qui vous aime et c’est logique, de cet art qui s’enivre de souffrance et se saoule de lumière, puissant de chaque mots prononcés a l’arraché, au dernier instant de lucidité, avant la folie, un disque au bord du gouffre, un regard vers le vide, un regard vers le beau. L’univers de La Pieta est féministe, pour autant qu’il se veuille humain, ce n’est pas un féminisme de rues, c’est un féminisme de nerfs, de chair, de veines , il est féministe d’entrailles et de bataille, car c’est du cœur de femme que nait vraiment ce dégout qui provoque l’incendie, le dégout d’amours morts, de corps dénigrés, de respects enterrés, bercé dans la bouche encore tendre du personnage, bien sur cela atteint l’homme, l’homme est là tout aussi présent, la faiblesse et la force sont anges sans sexes, et c’est l’un des buts de ce travail, mais c’est avant tout une carte géographique d’une femme, terrains bombardés de journées a oublier et paysages a observer en détail tant la beauté y éclate. Sur fond puissant d’électrochocs et de tristes plages, sur la base de musiques agressives et d’instants en suspensions, mélodies qui entrent en force comme armées dans leurs tranchées, et restent aux aguets des maux, a l’appuie des mots. La Pieta, qui usait souvent ce masque de lapin pour être tous et personne (le lapin en Espagne a une connotation sexuelle terrible, au cas-ou il y aurait coïncidence), La Pieta, vous parle de chair et d’esprit a visage nue désormais, sans tabous et sans plis, ce qui est froissé est dévoilé en phrases sèches et urbaines, en avis et menaces, en vérité et sans masque. Attention, ce n’est pas un disque d’agressivité gratuite et vindicatif, bien qu’il abrite tumeurs et rancœurs, ce ne sont pas des gifles a pleine la face, se sont des défis, se sont des idées et se sont des cris (si joliment mis en écrins de sons), ce n’est pas un danger de blessure, mais la narration de possibles (et vecus surement) accidents, ciselés dans l’intelligence qu’offre le talent et la juste mesure, l’équilibre entre reconnaitre le bien en sachant du mal. Sensible, bien sur, cette femme est sensible, aux chocs et aux mains, c’est juste qu’elle n’a de frontière dans sa langue, qu’elle n’a pas de murs dans ses pensées, qu’elle n’a pas appris a retenir dans son cœur les épaves et les douleurs, pas non plus les lueurs, elle a cette liberté si bien clouée de n’avoir rien a cacher, d’avoir vu l’autre côté et d’aller et venir sans stations ni gares, dans tous les mondes que l’on nous empêche de voir, qu’ils soient cœurs, qu’ils soient sexes, qu’ils soient esprits ou qu’ils soient sales, la liberté, offerte dans un petit disque, comme drogue, comme acides, comme soufre, ce « Tapez » qui vous percute, cette « Moyenne » qui vous triture, ce qui détruit, ce qui séduit jusqu’à ce que « Ma guerre est finie », un cri long de 12 titres, une engueulade en douze pamphlets, une rébellion par heure, une victoire, une défaite, unes vies en douze signes, une rage en douze hymnes.




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