À Nantes, la scène garage se porte plutôt bien malgré la fermeture inexorable de la plupart des salles de concert, fussent-elles mythiques telles que Le Spoutnik ou Le Stakhanov. Heureusement, des assos comme Back To Garage ou Lobotos veillent au grain et continuent contre vents et marrées à organiser des concerts partout où cela reste possible, comme au Chien Stupide par exemple, un des incontournables du genre.

Et si on y observe une telle effervescence, c’est que des labels nantais tels que Kizmiaz Records continuent de produire des groupes à coups de vinyles, qu’ils affichent rockabilly, punk rock, rhythm’n’blues... Autant d’étiquettes que les formations s’échangent et retournent à volonté. Bikini Gorge, fait partie de celles-là.

Originaire de Rennes, le duo a publié son premier 45t en 2013 et son premier album en 2015 chez Kizmiaz. Sur scène ils passent en formule trio avec le bassiste Mr Bonz. Le chanteur officie aussi au sein d’un autre duo Rennais, Combomatix.

Légèrement foutraque, pas toujours super carré, qu’à cela ne tienne, on compense à l’huile de coude. Quelques riffs efficaces, un ou deux refrains imparables (l’excellent The Edge Of Town) et le tour est joué. Sur une base garage ou post punk, punchy mais relativement classique, le duo s’amuse pourtant à casser les codes : finis les 1"45 chrono, passages instrumentaux répétitifs et solos de guitare à la boostés à la Cry Baby étirent la plupart des morceaux au-delà des 3 minutes réglementaires. Sans pour autant basculer dans le psyché, la musique de Bikini Gorge garde un côté hypnotique qui doit trouver son apogée sur scène avec l’énergie brute des versions lives.

Bikini Gorge et son Cheap Loam ne révolutionneront pas le rock, et ça tombe bien, je ne pense pas que ce soit réellement leur intention. D’une facture finalement assez orthodoxe, ce LP reste très efficace et cohérent, un must have pour les afficionados, une belle découverte pour les autres.