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Un fond noir, mat, une ancre irradiante tout en nuance orangée, un artwork une nouvelle fois de toute beauté pour illustrer le nouvel album de Sophia et concrétiser la promesse faite en 2009 par Robin Proper-Sheppard avec There are no goodbyes.

Un symbole aussi, de ce que ce disque aura été en 2016 : une balise essentielle, un aimant autour duquel je n’aurai pas été capable de m’éloigner bien longtemps à la fois intimidant, presque effrayant par instant et pourtant infiniment réconfortant.

Unknown Harbours ouvre le disque par un simple piano, introduction douce et accueillante avant que les guitares et la batterie ne prennent les choses en main et claquent une décharge libératrice d’énergie forte, nette, telle une rage, une colère contenue, à libérer d’urgence : (…) And I don’t know why we’re always resisting or what we’re kicking against (…)

Après cette premier électrochoc, la suite aspire à l’accalmie avec deux morceaux où les arrangements et le rythme plus lents laissent le temps de se plonger dans des textes une nouvelle fois de toute beauté : The Drifter interroge magnifiquement la fatalité des fins de relations et Don’t Ask questionne avec intelligence à l’époque de la transparence toute puissante, le bien fondé théorique de celle-ci dans notre intimité.

Le rythme remonte d’un cran ensuite avec Blame où la base rythmique entêtante soutient un texte touchant empreint de contrition et d’humilité salvatrice.

(…) I wrote you a letter and I hung from the moon (…)

(…) It’s OK I take the blame for the both of us (…)

Cette humilité, sur California, bascule vers une bienveillance réparatrice rendue possible par la lumière de Californie peut-être mais aussi par une ligne mélodique d’une évidence sidérante et d’un texte aussi simple que touchant. Un chef d’œuvre de 3’26.

Le calme n’est pourtant que passager et le tourment intime se refait sentir sur St.Tropez/ The Hustle :

(…) And no the shit don’t no lighter the older you get (…) It’s all about the hustle (…)

Agitation qui après l’acharnement monomaniaque de You say It’s alright amène vers le dépouillement bouleversant de Baby, Hold On.

L’écriture et la musique de Robin Proper-Sheppard me bouleversent par la capacité finalement peu commune de parvenir à transcrire avec une simplicité (à ne pas confondre avec facilité) désarmante nos sentiments les plus intimes (souvent ambivalents), ébranler nos certitudes, questionner nos doutes, toucher une forme de vérité intime…et donc absolue.

Rares et précieux sont les moments où les larmes et le sourire parviennent à se mêler dans un même mouvement qu’il soit cinématographique (The Assassin de Hou Hsiao Hsien, Aquarius de K.Mendoza Filho, Ce sentiment de l’été de M.Hers, Midnight Special de J.Nichols, Julieta de P.Almodovar ont réussi ce tour de force en 2016) ou musical : le final de l’album, It’s Easy to be lonely en est pour moi la parfaite incarnation.

Pour ces instants là, pour ces heures à la dérive dans ces ports finalement pas si inconnus, je ne serai jamais assez reconnaissant envers Robin Proper-Sheppard qui avec ce disque signe l’album de l’année. Evidemment.

ps : à lire chez nos amis de Sun Burn Out une très belle interview :

http://www.sunburnsout.com/sophia-sept-ans-de-reflexion/




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