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J’ai toujours été globalement incapable d’analyser « mon acte d’achat et de consommation musicale » (comme dirait un bon marketeur), pourquoi j’achète ce disque ? Et comment cela se fait que celui là me laisse sans réaction ou au contraire me parle dans la seconde ? Il y a bien sûr eu les découvertes adolescentes, celles des amis auxquels vous ne saurez jamais dire votre gratitude de vous avoir mis un cou de coude en vous tendant ce disque ( ou même cette cassette à l’époque) et en disant « tiens, tu devrais mettre çà, je pense que çà va te parler »…et de découvrir une drôle de fille nommée Polly, une sombre histoire de singe parti au paradis, un crooner au nom de Stuart…le rituel du débrief des émissions de Bernard Lenoir, les heures passées chez le disquaire à écouter ce qu’il proposait cette semaine sur ses 6 platines à disposition.

Quelques années plus tard, une soirée, la tête posée sur les bras croisés, sonné comme jamais sous la décharge foudroyante d’un EP d’un groupe de Montréal dont je tenais dans une main la pochette en carton noir, gravée en couleur cuivre d’inscriptions en hébreux et au verso une recette de cocktail molotov….ce cd, je ne l’ai pas lâché et depuis, il me suffit de le voir, de le toucher, pour revenir à ce moment précis.

C’est sans doute çà qui a forgé à jamais le besoin (un tantinet obsessionnel j’avoue) physique de « toucher » la musique, de trouver l’objet beau : pochettes cartonnées Constellation, cousues mains chez Kütu Folk, boitiers translucides chez Herzfeld…le numérique a réduit cet espace ( en a ouvert d’autres aussi…) et le retour en force du vinyle contrebalance en partie cet appauvrissement en permettant des formes originales ( le dernier Liars en version « vaccum ceiled » , « Catapulte » de Chevalrex ) ou plus simplement des artworks format 33T sublimes : Michel Cloup Duo, Matthieu Malon, The War on Drugs, Cass Mac Combs au cours des derniers mois.

« Best of Times » de My Sad Captains est à ranger directement dans cette catégorie tant l’objet est réussi. Outre la « cover » qui fait écho à celle de Matthew Dear l’an passé, chacun des textes est accompagné d’une illustration soit d’amis et /ou famille des membres du groupe, espace ouvert aux inspirations évocatrices des neufs morceaux du disque.

En format vinyle l’objet est simplement superbe.

Musicalement, je ne vais pas mentir, « Best of Times » a été un coup de cœur direct…de ceux qui dès les 20 premières secondes du premier morceau ( ..bon, ok, du deuxième, on sait jamais…) vous font poser le casque, courir à la caisse pour l’acheter et rentrer chez vous pour l’écouter en vous disant qu’il a été fait pour vous, que vous y êtes tout de suite dans votre univers, que ce disque va vous faire du bien.

Dès l’inaugural (et antinomique) « Goodbye », synthé, batterie, puis les premières notes de basses et de guitares posent une ligne claire délicate et pop, immédiatement addictive au service d’un texte au romantisme évanescent et poétique qui accompagnera l’ensemble du disque sans jamais verser dans la mièvrerie.

« Wide Open » s’ouvre sur une mélodie simple au piano, qui, avec l’introduction des autres instruments forme une boucle en suspension empiétant là sans avoir à rougir sur les terres laissées en jachère depuis (trop ?) longtemps par Windsor for the Derby. Le texte, lui aussi simple et direct est devenu depuis plusieurs semaines un refuge bienveillant dans le tumulte du quotidien.

« I wonder why

You feel the need to talk so loud

Like there isn’t anybody else around

Wide open,wide open »

Cet art de construire des motifs hypnotiques et ensorceleurs se retrouvera sur « keeping on, keeping on » ou encore sur « All time into one » un peu plus loin dans le disque de manière tout aussi convaincante.

« In Time », au tiers du disque signe le tube mélancolique en puissance de l’album en poursuivant avec élégance le sillon d’une pop soignée, portée par la voix douce, calme, apaisante de Ed Wallis :

« (…) you’ll have to hold your memories intact

Those days are gone, They’re not coming back »….

https://www.youtube.com/watch?v=utFrX7f6RPA

Après la très belle balade acoustique « All in your mind », « Hardly there », sous haute influence « Yo La Tenguesque », se pose en morceau de bravoure par définition totalement imparable du disque :

https://www.youtube.com/watch?v=k5NnpwVAcOw

« And it feels like you’re everywhere

Meanwhile I’m hardly there

We’ll find long way to go round »

Le quatuor conclut sur « Familiar Ghost » avec un morceau lumineux :

« Familiar Ghosts alive into and out of light

On a lonesome ride you’ll be left-hand drive

I Can’t get through it again

You thought That I would leave you with nothing

Cos That’s all I’ve got inside

Living with familiar ghosts that try not keep alive »










 Album de chevet peut-être (les années le diront) album cocon de ce début d’année 2014, assurément. I will get through it again…..will you ?




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