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En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées... Enfin parfois et pas toujours brillantes... Il suffit de regarder les résultats de nos réflexions dans les isoloirs ou encore la qualité Made In France de notre production télévisuelle française.

Le français est connu dans le monde pour son caractère condescendant et hautain... On a le mépris facile par chez nous pour nos voisins de frontières....

Ah les suisses et leur neutralité facile !!! (Petit rire suffisant étouffé) Bon c’est vrai, les petits suisses, ils ont le chocolat, l’horlogerie et les banques (Surtout) Ah et puis les belges !!!! Ah les belges !!!! Notre Régis est un con national !!! La Belgique, ce non-pays avec leur accent ridicule, même pas capables d’avoir une seule langue ceux-là !!! Bon c’est vrai, ils ont le Manneken-Pis (Rire gras et franc...), les moules-frites, le Roi Baudoin (paix à son âme), Brel (Re paix à son âme), l’entarteur fou, les Dardenne, Michael R. Roskam le réalisateur de Bul Head... Ils ont aussi le Rock Nerveux (Zita Swoon, Dead Man Ray, Deus, Ghinzu)...

Mais trêve de plaisanterie faussement xénophobe...

Avec des groupes comme Girls in Hawai ou My Little Cheap Dictaphone (MLCD) déjà bien installés, c’est une deuxième génération qui émerge véritablement. En commun pour ces deux groupes, la volonté de la langue française et des influences à aller chercher outre-atlantique. En commun également, cette volonté affichée de mélancolie combative.

"The Smoke Behind The Sound", quatrième album après un succès public et critique en Belgique avec l’album-concept « The Tragic Tale Of A Genius » quand même élu album de l’année 2010 aux Octavia, équivalent belge de nos victoires de la Musique. Ce nouvel album sonne comme un manifeste, comme la description clinique de notre monde contemporain en décrépitude, face à nos peurs. Il faut oser affronter le thème du terrorisme et de l’attentat suicide dans cette vidéo glaçante de "Fire", titre en ouverture de l’album.

Les époques se télescopent dans un jeu perturbateur, passant d’une "école musicale" à une autre, citer le Baby Bird des années 90, rameuter le psychédélisme de Kevin Ayers de la fin des années 60 période "Joy of a Toy" dans une grande messe irradiante ("Change In My Heart") quand la science Pop (parfois prévisible) des National qui commence à faire tribu se fait plus que sentir sur "You are not me". Clin d’œil appuyé et malicieux ? Hommage respectueux ?

La musique de MLCD n’est ni noire ni immaculée, elle ose le gris, elle préfère être incandescente ("Bitter taste of Life")

Et puis il y a des rencontres évidentes, des titres qui nous attendaient, que nous attendions... Nous savions qu’un jour, ils apparaitraient... Dès la première écoute, nous les reconnaissons en familiarité complice, les faisons notre... Nous ne croyons pas en les prophéties mais en l’intuition, prescience du pauvre... Quand j’ai entendu "Summer In The Dark" pour la première fois, j’ai retrouvé un vieil ami perdu de vue, avec cette impression de reprendre une conversation interrompue il y a vingt ans comme si une seule petite heure était passée. Nous retrouvons nos territoires cachés, l’étincellement enfin ravivé. Nous avons besoin de fulgurance pour nourrir nos carcasses blasées et épuisées.

Cette douceur d’apparat, de surface ne fait pas longtemps illusion, derrière se terre l’inquiétude dans ces nappes de guitares qui brisent le verre de notre bulle protectrice. Revient le temps des batailles, l’envie de saisir le paratonnerre pour maîtriser la foudre ("Out Of The Storm") quand les ombres familières de nos héros intimes mais jamais intimidants (Paddy Macaloon, Paul Buchanan, Peter Milton Walsh) nous tracent le chemin dans des lignes claires rétro futuristes ("Rabbit Hole")

Comment rendre tout visible, perceptible ? Comment rendre tout étrange ? Comment être au bord de la rupture sans se perdre ? ("Hard To Take")

Vous avez remarqué ce plaisir coupable et forcément inavouable que nous avons à brûler des auteurs un jour grandioses, le lendemain, sans saveur et à jeter aux pertes et profits .... Bjork ? PJ Harvey ? Beck ? Pourtant, ils sont nombreux les artistes qui vont puiser des idées dans les répertoires de ces auteurs parfois méprisés par ceux pour qui la nouveauté et la Hype sont les seules lois... Prenez "Not Hype". Il semble avoir retenu les leçons rythmiques de Paul Simon ou le Beck de la période "Sea Change" avec cette petite fragilité qui étrangle l’espace.

En Belgique, ils n’ont pas non plus de pétrole mais ils ont ce sens du jeu avec le dérisoire, de cette envie de sublimer l’anecdotique avec cette légereté à tiroirs... Dans ce que propose La Belgique tant en musique que dans son cinéma, il y a cette poésie qui part du quotidien des anonymes, cette perception absurde du monde, cette normalité déstructurée, modifiée et dénivelée comme hypertrophiée.... MLCD est dans cette vision des mondes gris clair, fluo psyché et noir ébène avec ses niveaux de lecture d’un langage à interpréter et à traduire.

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