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Imaginons une peinture, laissez-moi faire, après tout, mes études artistiques doivent bien me servir, laissez moi dépeindre la peinture.

Une plaine immense d’herbes hautes, pas vraiment verte, plus obscures, parsemée de roches grises et coupantes, d’angles rancuniers, au dessus, sans discerner d’horizon, un ciel encore un peu bleu se laisse envahir par le noir d’un orage menaçant, un lieu sans limite ni raison, ni saison, pas l’enfer, mais surtout pas le paradis, le vent semble siffler des lamentations de Pj Harvey, les rares arbustes ne dansent pas, ils souffrent une section rythmique de spasmes provoqués, une touche rituelle, un pinceau cruel bien que sage. On devinera presque une peinture romantique exagérée, la colère de vagues sur des falaises où rêve une solitaire ombre. Voila où nous mène la tache de pigment, voila où coule l’huile, l’acrylique, sur ces visions qui ont pour lumière des recoins sombres. Qui est le peintre, mais qui est donc le peintre ? Le nom s’approche, légèrement slave, légèrement d’ailleurs.

Tamara est une musicienne nait d’une peintre frustrée, qui joue et chante des touches de pinceaux et des coups de couteau allant du noir extérieur a l’explosion chromatique interne, laissant aux rythmes graves la fonction de puissance, aux sons compacts le pouvoir des voyages, aux guitares la rage, a la voix le don de l’envoutement. Ces paysages, ses paysages, qu’elle nous fait traverser autant des yeux que des ouïes sont nourris de pigments humides, et sont précieux, et tout autant dangereux, car leur fond est froid, la tristesse se cache à peine, comme chez une Tori Amos blessée, une Concrete blonde abandonnée, une Fiona Apple écumant les bars portuaires en susurrant des thèmes anciens de Massive Attack, Portishead.

De Grèce elle a emportée la lumière, de Paris le spleen, de Los Angeles l’envie, du monde, les steppes, les sensations. Sur les bords du cadre de l’œuvre d’art elle a peint le chiendent qui est sa muse, au centre, un jardin Versailles trop propre pour être vrai, qui est sa matière première, et puis les natures mortes, mortes sont. Elle sait bien que les peintures troubles et cruelles ont plus de pouvoir que les naïfs et niais peintres de ruisseaux calmes.

Je vous ai dépeint la scène, laissez-moi maintenant placer Tamara sur elle. Il y a du White lies, de l’Editors, du National, couleurs de feu Joy Division, tout autant que du Dead Can dance et même des nuances heavies dans la voix contrôlée, dans les sons saturés et doux, dans les fonds et les cimes. La suivre dans ce « To death » est se perdre en elle, « Dancing in the wave », c’est accepter de danser avec elle sur le sol de ses émotions, « The divine », c’est sombrer avec elle dans des alcools presque joyeux, « limited attachment » c’est chercher la lumière en elle, « Just give me a chance » c’est fuir par elle, « My youth is not for sale » c’est rager, combattre, aimer, elle. Tamara, est un nom, Kaboutchek, la signature d’une seconde œuvre d’art exposée dans un musée impatient de recevoir de nouvelles toiles, pour des foules de visiteurs.




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