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Le principe du remix m’effraie. Je crains la perte sémantique dans la traduction. C’est sûr, quand ça fonctionne c’est spectaculaire. L’un des rares exemples dont je ne me lasserai jamais est celui du To be free d’Emiliana Torrini par Tore Joahnsson (http://alturl.com/brxuv). Mais le reste du temps, le remixeur dénature le travail du compositeur original, même avec les meilleures intentions du monde.

Pourquoi démarrer la chronique du cinquième album de Sarah Assbring, alias El Perro Del Mar, par une considération générale de la sorte ? Précisément, parce que Pale Fire sonne comme un album de remixes.

Ça pourrait être heureux en soi. Si tout le disque fonctionnait aussi bien que la chanson I carry the fire (http://www.deezer.com/track/61200109), on pourrait saluer l’artiste suédoise pour son goût du renouvellement par la prise de risque. Malheureusement, seul ce morceau sonne comme on pouvait l’espérer d’après les annonces qui précédèrent la sortie du disque, sorti en novembre 2012, selon lesquelles Pale Fire serait un hommage de Sarah Assbring à la dance music qu’elle écoutait dans les années 1990.

Tout le reste de l’album est d’une vacuité terrifiante, voire de très mauvais goût (Walk on by). En 2012, au moment où Cat Power aura réussi sa mue (d’ailleurs "To the beat of a dying world" aurait pu être écrite par Marshall), Assbring sera devenue au mieux transparente, et aura produit dans les pires passages de Pale Fire une musique new new-age un peu trop raffinée pour une pub automobile, mais parfaite pour la vidéo interne d’une entreprise institutionnelle, genre EdF, avec clichés de fjords, grands espaces immobiles et pastels glacés ; au passage, saluons la cohérence esthétique de la pochette.

"Don’t cast away your inner island", (c)hantait l’incarnation précédente d’El Perro Del Mar (http://www.deezer.com/track/882971), que j’ai tant chérie le long de quatre premiers albums passionnants, délicats, d’une beauté triste sincèrement sans égale.

Le refrain de Hold off the dawn (http://www.deezer.com/track/61200107) me redonnerait presque espoir, comme un écho lointain aux mélodies obsessionnelles des premiers El Perro Del Mar. La Suédoise y vénérait alors en premier lieu Diana Ross. Mais Pale Fire est un trou noir : même le beau y est aspiré. Au milieu du Wall of Sound, Assbring aura trouvé la Quatrième dimension, comme la petite "Lost Girl" que l’on entend pleurer dans cet épisode terrible de La quatrième dimension (http://www.youtube.com/watch?v=WLHYyM2YBqc). Espérons qu’elle en sortira.




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