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Les belles histoires ne se terminent jamais, sauf bien évidemment dans un soap opéra avé l’accent, qui prend sa raison d’être uniquement dans l’affichage de sa durée. Alors que l’on croyait Maarten à la plage emporté par un baïne, le groupe a refait surface, mais sous une autre identité, et un son nouveau. Si Maarten lorgnait vers des atmosphères qui pouvaient nous rappeler le meilleur de Spain ou de Nick Drake, Willo serait plus une belle résurgence d’une pop rock rageuse, tendue, presque noisy par moment, comme si le velvet réussissait un come back dans le costume de Sonic Youth, empruntant à ses derniers cette science de la pop song désertant les sentiers battus, battant même ceux ci à grand coup de guitare. Une chose est sure, si le son a changer, l’écriture elle n’a pas subi les outrages d’un changement d’identité, en témoigne le « You Eyes Search For Mine », titre qui clos l’album, et qui n’est pas sans nous rappeler le meilleur de Damon Albarn, depuis que celui ci a laissé son costume d’ado attardé pour celui de compositeur inspiré. Mais avant ce titre vont s’enchainer neuf titres implacables et impeccables. « There’s No Monkey On My Back » qui s’ouvre comme une aimable pop song sixities se transforme en un clin d’œil en un titre déglingué, comme si les Pixies avaient traversé les Doors, sans passer par la case grand guignol. Avec « Make I t Right » Willo devient un cousin légitime d’Angil (comme sur « Momma Said »), jouant avec un son lourd sur une descente d’un grand col sans aucun frein, sans aucune peur non plus. Le velevetien « Dull My Eyes » est quand à lui une respiration, sans poncif, juste avec classe, laissant les postures pour les caricatures de la fashion week. C’est probablement avec « Where Did It All Go Wrong , » que le cocon Maarten devient le papillon Willo, sous des yeux ébahis, avant de réussir la mue complète sur « The Last Curtain Falls » morceau phare d’un disque qui ne manque pas de lumière attirante. Sur ce titre le groupe semble vouloir terrasser des fantômes avec la noblesse d’un combat en duel. C’est beau, c’est fort, c’est fou. Le passé n’est pas une ombre sur lequel on laisserait des ruines pour ne plus qu’il se voit. « A Story Told A Thousand Times » reprend de façon plus rageuse la ligne claire de Maarten, lui adjoignant une rythmique que mamie Moe aurait laissé dans le couloir d’un métro New Yorkais. Ici la brutalité des sentiments décrits ou provoqués, fait tanguer notre sensibilité naturelle, nous demandant de ne pas nous retenir et de partir en sanglots. Avec « I’m Not Lettin’Go » et surtout « Where Do You Want To Go ? » le plaisir de bouger en chantant, de robotiser sa gestuelle, de construire des virages en angle droit, se balader sur des cordes avec la classe d’un Ric Ocasek. Il aurait été idiot, absurde, voir complètement irresponsable de passer sous silence ce premier opus de Willo, tout comme cela a pu être le cas avec Maarten en son temps. « Lock-In » est peut être le meilleur album pop rock d’ici, un disque racé et cultivé, ambitieux et d’accès direct, une histoire qui commence.




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