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  • 6 novembre 2011 /
    Diabologum
    Retour grand angle

    réalisée par gdo

Diabologum, 29 octobre 2011. Le minotaure, à Vendôme.

« on s’appelle Diabologum et on vient de Toulouse ».

Après une première salve instrumentale (« remix » d’a découvrir absolument, paru sur le single à l’époque), c’est avec cette entrée en matière un brin absurde que Michel Cloup introduit le concert tant attendu. Le ton est donné : les quatre gars sur la scène ce soir vont faire « comme si ». Comme si le temps s’était arrêté quelque part en 1997 ou 98, comme si Diabologum était un groupe qu’il était besoin de présenter, comme si jouer après Yann Tiersen, c’était suivre un mec qui, « j’en suis sur, va devenir un putain de star, il pourrait faire de la musique de film »… Tout a d’ailleurs bien joué en la faveur de cette fiction jusqu’à présent : pas de chichi, pas de roadie pour préparer le matos, pas de manifestation d’impatience débordante du public, pas de tube (comprenez, « titre phare ») pour lancer le spectacle… L’entrée en matière penche un tantinet vers l’autodérision mais cette mise à distance de la situation ne fait paradoxalement qu’en rappeler l’enjeu : la rencontre n’est pas fortuite et il n’y aura, a priori, pas de prochaine fois.

L’enjeu. Ce serait une erreur de penser que Diabologum part gagnant d’avance car le public, venu parfois de très loin pour l’événement, n’est pas la pour voir les mecs de Diabologum rejouer des vieux morceaux. Il est la pour revoir « Diabologum », quand bien même, à l’instar de votre serviteur, il ne les a jamais vu en live. Il ne pourrait de toute façon pas en être autrement, non ? Qui peut s’imaginer qu’un auditoire qui a vénéré Diabologum pour son exigence, laisse toute exigence de coté ! Je dirais que l’ambiance est fébrile mais pleine d’une forme d’indulgence encourageante. Du genre : « On vous en voudra pas si vous foirez, si les tripes ne sortent pas… mais ce serait un vaste gâchis ». Comme en guise d’avertissement, Yann Tiersen nous a d’ailleurs montré une heure plus tôt que la convocation du passé le plus vénérable ne suffisait pas à susciter l’adhésion (en tout cas, pas la mienne !) : le breton n’a sans doute jamais été aussi peu convaincant dans la soirée que lorsqu’il s’est essayé à interpréter des titres de 1997 (un « sur le fil » très élastique, seul, très seul, au violon...).

La suite dissipera tout malentendu et délestera le public du poids des encouragements, totalement superflus : aux premiers flocons de neige en été, Diabologum est incontestablement « présent », comme une évidence. Pas à pas, la machine se remet en marche. Un instrumental. Dégaine légendaire du bassiste. Puis la voix de Michel C. Puis, celle d’Arnaud M. Les lèvres des anonymes récitent avec précision les textes pourtant longs de #3, qui s’enchainent, titre après titre. La disparition temporaire de la voix d’Arnaud sur 365 jours ouvrables (sacrilège de la technique…) est presque indolore tant la tribu d’adeptes débite les mots sans hésitation (au passage, la traduction en grec ferait un tabac…).

Poursuivre ma chronique, en plus de remuer le couteau dans la plaie béante des absents, serait vain : il faudrait que j’explique pourquoi j’aime encore Diabologum et, comme disait l’autre, « ce serait trop long à expliquer ». Pourtant, comment ne pas évoquer la fin du concert, avec l’apparition (au sens quasi-propre) de Françoise Lebrun, venant presque 40 ans après l’avoir interprété devant la caméra de Eustache, lire le monologue de la Maman et la Putain avec Diabologum ? Que s’est il passé pour que toute une tribu de néo-vieux cons biberonné au post-punk verse une larme à cet instant précis ? Je n’ai pas de mandat alors, je parlerais pour moi. Peut être parce que Mme Lebrun est venue d’un coup d’un seul rompre la fiction. Car comment ne pas voir que cette vieille dame nous parle d’une sexualité qui n’a pas plu lieu, que son corps et sa voix trahissent que nous ne sommes ni en 1969, ni en 1997 mais bien en 2011.

Peut être parce que diabologum se reforme paradoxalement autour d’un autre (en l’occurrence une autre, en lieu et place d’une bande magnétique), trouvant par la même la porte de survie qui lui avait échappé à l’époque (voyez la retenue des musiciens à l’arrivée de Françoise). Peut être parce qu’on n’en a absolument rien à foutre de savoir si Michel C et Arnaud M s’entendent bien ou pas quand on voit les échanges de regards hagards au moment ou le titre se termine. Peut être pour les derniers mots du monologue : « comme vous pouvez être heureux ensemble »

Stéphane aka [pumuckl]

LA MAMAN ET LA PUTAIN

IL FAUT

DE LA NEIGE EN ETE

A DECOUVRIR ABSOLUMENT

INTRO

365 JOURS OUVRABLES

A CÔTE