Interview réalisée par après le concert du Divan du Monde, le 10 Octobre 2006 Merci à Mickaël et Gio.
Après un concert riche et dense, un entretien avec Mickaël / Angil et Gio de Broadway, pétris d’enthousiasme et d’électricité dans les loges du Divan du Monde…
" J’adoooore ce que tu fais ! "
Comment s’est passée la rencontre humaine entre Angil et Broadway et comment est né le projet artistique par la suite ?
— Angil : Je me souviens très bien de la première rencontre ; c’était dans un bar à St Etienne. Et il se trouve que le mec qui tient le bar est mon batteur et il me dit : " Je vais te faire écouter un truc, çà s’appelle Broadway " et donc là j’étais avec Flavien, on se prend une claque et on se dit " Il y a des mecs qui font cette musique là à St Etienne ". Je savais pas encore qu’il y avait Gio derrière çà. On s’était déjà rencontré à plusieurs concerts et du coup on s’est dit qu’il fallait qu’on les rencontre ces mecs , ne serait-ce que pour l’émission de radio qu’on fait (NDLR : sur Radio Dio). Et donc on se rencontre à un concert de Busdriver/Radio Inactive. On commence un peu à tactcher et ils me disent " Wow ! Ton émission on est fans, on écoute vachement et puis d’ailleurs Angil on est fans aussi " !
— Gio : Moi je connaissais Mickaël depuis longtemps aussi, puisque j’ai un super ami qui jouait avec Mickaël à l’époque de son premier disque " Ha ha " et du coup il m’a envoyé son album sur Unique records " Teaser for : matter " et là on s’est dit (NDLR : ils se regardent timidement et avouent " On s’est jamais dit çà… ") " Wow ! " Les références à Joseph Arthur, en termes d’influences digérées, le fait de faire de la pop avec un côté folk assumé ; on a été tous les quatre hyper subjugués par cet album ; du coup on est allé à ce concert de Busdriver et on s’est chacun dit " Wow, ton album !!! "
La genèse d’une collaboration
Entre aimer, adorer ce que fait l’autre, comment passer à une collaboration en sachant que vou s faites des choses qui n’ont rien à voir au départ ?
— Angil : C’est çà qui est génial avec ces mecs, c’est que… on s’est rencontré et… on aurait pû se taper sur l’épaule du genre " Ouais faut vraiment qu’on fasse un truc ensemble " et puis finalement les Broadway fonctionnent pas comme çà : c’est plutôt " On VA faire quelque chose ensemble ". Alors on a fait une bouffe. Et JC a dit " Vous allez faire un concert d’Angil à la Fabrique, qui est donc un lieu de création où travaille Gio près de St Etienne, et nous on va le remixer en direct. On va filmer ; le VJ de Broadway va récupérer les images, mixer çà avec des images de Broadway ". Comment est-ce qu’on pourrait faire çà ? Ben à la Fabrique, il y a deux étages, les gens pourront passer de l’un à l’autre pendant le concert. On a fait une semaine de résidence. C’est resté un souvenir génial. Peu de monde s’était déplacé, mais c’est la fondation du projet. Après on s’est dit " Bon qu’est-ce qu’on fait, une nouvelle performance ? " et étant donné qu’on est tous fan de Hymie’s Basement (NDLR : un des projets parallèles de Why ?), on s’est dit lui il a fait çà en une semaine avec une chanson par jour ; nous on va faire un truc, une chanson tous les deux jours. On va se prendre 18 jours et on va faire un 9 titres !
" Protest song du 3ème type "
Donc un projet spontané ?
— Angil : C’était euh…on voulait casser cette image de l’artiste qui attend que l’inspiration vienne… Nous on avait un tel enthousiasme de voir que çà avait déjà marché une première fois, on s’est dit " On retente ! On se met en danger… "
— Gio : Tu parlais de la feuille blanche ; là on partait de rien ; nous on a tendance de travailler sur des bases samplées. Mickaël lui compose et écrit. On est arrivé en studio et on s’est dit " on ne prépare rien " Angil : A part les textes. J’avais fait passé à Fab, le chanteur de Broadway, des ébauches de textes, des mots, il y avait je crois 7/8 pages remplies. Tout est passé dans les paroles, on a tout utilisé. On est quand même arrivé avec cette base de données là. Après chacun est venu avec ses disques : sonorités jazz, bruitages, industriel, sons d’animaux ou ces espèces de reportages tout bizarres. Chacun a ses bases de données. Il y a eu beaucoup d’écriture automatique, en regardant les infos, donc beaucoup de choses sur le conflit israëlo-palestinien ou l’hégémonie américaine et Fab a rebondi là-dessus en disant des choses très personnelles dans ce disque.
De la problématique politique à la performance
Et les video ? La scène ?
— Gio : On ne voyait pas comment et si ce projet allait être édité ou publié ou comment on pourrait le jouer sur scène ; on s’est mis d’accord sur le nom du projet : The John Venture, une fusion entre deux entreprises, donc on amenait un terme économique. VJ Raize a donc déterminé la problématique de la Prohibition pour les vidéos. Du coup on s’est vraiment retrouvé autour d’un positionnement politique autour de ce qu’on vit en ce moment. Du coup John venture est devenu une métaphore, un personnage. Mickaël et Fab déclinent ce personnage là, sa vie. On le fait mourir. Dans un des titres, il y a son enterrement.
To be continued( ?)
Cà veut dire que ce projet est un " one-off " si le personnage meurt ou y aura-t-il une suite ?
— Angil : On a commencé ce projet en se disant, ce sera un truc ponctuel et discographique et on se retrouve à faire 5 concerts en octobre, à chaque fois dans des salles hallucinantes. Du coup je n’exclue pas une suite, on s’entend tellement bien. On vit une sorte de dépassement de notre propre projet.