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En ce lendemain de surcharge alimentaire, de gentillesse surfaite, de cadeaux dispensables, il était temps de se remettre les choses à l’endroit, et de faire glisser ce top plein hors de nous. Quoi de mieux que cette alliance printanière entre Bitter Moon (Réka Csiszér et Simon Bernardoni) et After 5:08. Si nous avions déjà croisé les premiers, c’est une découverte que ce duo composé de Aloys Christinat et Matthew Franklin.

Délocalisés pour l’occasion sous le ciel gris de Berlin, les deux duos suisses ici ne forment qu’une entité. Pas de couture voyante, pas de colle qui ne tiendra que le temps de son séchage, mais une fusion des deux univers pour une électro-pop lorgnant vers l’ambiant et les travaux d’Eno, mais surtout reprenant certaines choses, là où malheureusement, Broadcast a été obligé de les laisser.

Avec « Pretty in the Dark » il y a un sceau bien particulier, une sonorité pas étrangère aux chimères d’un Lynch sous l’emprise du regretté Badalamenti. C’est un morceau qui en dit long sur la force de l’électro quand elle se baigne dans un bain acide dans une caisse pressurisée et vouée à finir dans les limbes d’un lac acidifié. « Berliner Kinder » qui donne son nom à cet EP n’est pas sans nous rappeler les travaux de Brian Eno avec U2 pendant les sessions de "The Unforgettable Fire" , le savant Anglais tenant de sortir de sa zone de confort le combo irlandais, déjà conscient de sa proximité avec un cul-de-sac. Eno, Berlin, les pièces du puzzle sont là, mais ce n’est pas « Atmen » et sa coloration japonaise qui nous permettra de dessiner les contours de ce disque. « Atmen » est une plongée spectrale comme a pu nous offrir récemment Molecule, dans ses différentes chasses au son. C’est avec « In Dreams » que le choc esthétique se percutera avec le choc tellurique, l’électro vintage ourlant à merveille la voix brûlante et douce de Réka. La mélancolie froide de « Tränenepalast » fera de nos larmes une réponse minérale à cette construction du fond des abysses, d’un lointain mécanique et douloureux. Le coucher de soleil de « Krad eht ni Ytterp » est alors le meilleur moyen de prendre congé de nous, après nous avoir délesté de beaucoup de choses, mais enrichi d’une autre, la construction d’un quatuor helvète de l’électro underground explosant les murs. Comme le disait Bowie, « Berlin est la plus grande extravagance culturelle qu’on puisse imaginer », et Bitter Moon & After 5:08 nous le démontre.




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