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Même avec la meilleure mauvaise foi du monde, difficile de chercher des poux dans la tête des Viagra Boys : malgré un final éparpillé, leur troisième album est pas mal. Enregistré en Suède durant la crise sanitaire, « Cave World » dresse, en neuf chansons et trois interludes (dispensables), le portrait d’une époque à priori en pleine déliquescence (toujours la même rengaine, chaque génération étant persuadée de vivre la pire période de l’histoire de l’humanité, s’exonérant au passage de sa propre responsabilité), brocardant réactionnaires anti-science (O intouchable Science !… il faudrait un jour recenser les aberrations et crimes commis au nom de la science, ce serait diablement instructif), complotistes armés et autres alarmistes désinformés : « They’re putting in little microchips in the vaccines / Little creepy crawlers with tiny little legs / They creep around your body / Collecting information, oh, collecting information ». On a de la chance, la grande lucidité de Sebastian Murphy et de son gang lui permet de définir la ligne de partage entre le vrai et le faux : qui aurait cru qu’en son infinie sagesse la Vérité s’incarnerait dans la bouche d’un tatoué bedonnant à la voix élastique ? Le type sait tout chanter, et plutôt bien. D’ailleurs, j’avais prévu de commencer ainsi cette chronique : Nick Cave + Iggy Pop + James Murphy + Tom Waits + Jason Williamson (en featuring sur « Big Boy ») + Suicide + une pincée de The Hives (Pelle Gunnerfeldt co-produit l’album) + du saxophone = Viagra Boys. Hop, on remballe et je touche mon cachet (bleu). Oh wait, j’écris gratuitement, moi ! Si l’on suit le fil conducteur de « Cave World », l’espèce humaine marche à reculons sur le chemin cartographié par Stanley Kubrick dans son magistral «  2001 : A Space Odyssey » : “People look down at apes as primitive life forms, but we’re just this horrible, lazy society killing each other and starting wars, while they’re able to love and feel. Does that make them the true ape or us ?”. Nom d’un petit bonhomme, quelle hauteur de vue et quelle angoisse ! Vite, je me remets « The Cognitive Trade-Off Hypothesis », qui est de loin le sommet de l’album, et je danse dans mon salon, en attendant le retour à l’âge de pierre.




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