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Insomniac n’est pas si loin, il ne c’est pas beaucoup éloigné, Insomniac était la première pierre de l’édifice, la première étoile pour guider le voyage, certes brute, certes plus nus, Insomniac était le préambule déjà doré de ce qui vient à présent. Insomniac était le premier disque de ce quatuor d’Annecy. Je me suis dit qu’il fallait que je passe par lui pour vous parler du futur, c’est un peu un rituel personnel, mais on ne connait à fond quelqu’un que si l’on sait de sa naissance. Bien sur, les gestes étaient maladroits, bien sur les spontanéités étaient un peu élimées, il est si dur de se lancer dans le grand bain, on est tous vierge au matin, c’est a midi qu’il faut être prêt, le matin, vient démontrer ce que midi explose, éblouis. Insomniac avait des moments terriblement prometteurs, et commencer un premier disque avec une intro telle que cette plage violemment tranchée qu’est « Pocket love », c’était avoir des entrailles pour toutes batailles. Une fois les yeux habitués à cette obscurité d’Insomniac, je me jetais sur le nouveau travail des jeunes anneciens « From nothing to nowhere ». Je veux signaler par là que ce n’est pas souvent qu’un titre annonce tant de désespoir, qu’il annonce le vide, l’absence, l’ombre et le froid. Insomniac n’est pas si loin, mais le chemin fait est énorme. Un progrès autant musical qu’humain, s’ajoute l’intense, s’ajoute l’assurance, s’ajoute cette petite touche professionnelle qui est le pas que doivent franchir tout groupe a ce moment précis, la maturité acquises sur les planches, l’union que forgent les heures et les heures sous les spots, le dos aux amplis devant le public sans pardon, cette sagesse qu’octroie le temps. « From nothing to nowhere » revient sur ce rock d’hymnes, belliqueux, enragé, dense et puissant rock cru, qui déboule comme un assaut dans nos platines, qui surprend d’une tendresse déchiquetée soudainement par les baïonnettes, comme l’indécision d’un adolescent, le doute du mourant, l’instant incertain de tout, qui nous oblige à aller au combat avec toute la colère de la poésie. On pensera à des influences, ou plutôt des compagnons de route, comme 3 Doors down, certains Metallica, Linkin park, à cette mouvance mal étiquetée comme rock alternatif gothique (le gothique n’a pas cette rage, ce n’est qu’abandon) d’où émergent Breaking Benjamin ou Shinedown, qui n’est autre qu’un rock agressif autant que sensible, qui allient l’émotion à la lutte (excellent cet Unsafe), et narrent avec humanité blessée le désespoir (Run like us). Le progrès, depuis Insomniac n’est pas simplement dans le fait d’avoir des idées plus claire, de moins expérimenter, c’est aussi dans l’assurance du chant et son travail, la sécurité personnelle en son don, puisque dans ce style, la voix est réellement porteuse de l’émotion et se doit d’être tendre au bon moment et violente dans la plaie. Attention, ne pas du tout dédaigner la partie musicale, il est difficile de maintenir l’émotion et la tension sans avoir pour cela le talent de l’interprétation, car si la voix est sentiment, la musique est personnages, qui se doivent de jouer leurs rôles dans une unité parfaite, et de supporter l’histoire de leurs aléas entre calme et tempête. Là aussi le groupe a progressé, il atteint une osmose d’une force superbe, une entente de quatuor somptueuse, quasi incroyable pour un second album. Il existe des groupes qui, après des décades, n’ont pas cette union, je ne citerai personne, je n’ai pas ce don, mais atteindre la puissance groupale de « Pretention » qui ouvre ce disque, n’est pas un petit labeur. Alors pourquoi je me mets à parler d’un groupe dont le style (ce que je peux détester la notion obligatoire de style) n’est pas vraiment ma tasse de thé, simplement parce que quelque chose en eux me touche, me surprend, et me fout des cicatrices partout dans l’âme, et parce qu’après avoir écouté Insomniac, je me rends compte du potentiel engrangé dans ce « From nothing to nowhere », à vous, de découvrir absolument la suite des événements.




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