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Un de mes amis de Madrid avec qui j’ai des discussions assez surréalistes, me dit souvent pour me piquer, quand j’entame des débats sur mes gouts musicaux "Pero esto es... o no es...rock ? » Ce qui est rock ? C’est comme ce demander comment répondre a sa femme, a sa mère, on ne sait jamais vers où sont tournés les canons, si oui ou non. Alors je cherche des exemples et tous sont bons et tous ne le sont, ni les Doors ont la potion, ni les Forbans la raison, et les Beyoncé la notion, le rock est un sentiment aussi épais qu’il est translucide, cela dépends du récipient, non du contenu. Dans ce bal chaotique philosophique des étiquettes sonores, on devrait pouvoir se permettre a l’émotion, de nommer tel ou tel suivant la passion, le son, le frisson et l’élévation, et tenter l’impossible unisson, trouver la caricature parfaite, le portrait robot de ce qui est, et ce qui n’est, et, cela va de soit, le garder pour soi, car ce choix, n’est qu’a moi. "Mad trip...es rock o no lo es" Me dit Juan, avec son acidité et ses dents bien clouées, et son accent andalous qui fait passer les Texans pour magnifiques orateurs, alors que je lui fais écouter les derniers arrivages de sons...."Y del bueno" (et du bon) je lui réponds, sachant qu’il est aux aguets et va pousser le dialogue jusqu’au bout des nerfs, reste a savoir qui gagnera ce jugement, lui ou moi, alors je fonce dans le tas, vu que pour moi, il n’y a pas de doute, même si aucun genre musical est la panacée, si il s’agit avant tout d’aimer qu’importe le son, qu’importe l’hymne et qu’importe la naissance et son lieu, celui du rock, entre mes quatre murs, est roi, je suis tombé dedans étant petit. Rock, avant tout, c’est une pierre, je vous vois crier au génie, du calme, ce n’est pas une simple définition, traduite directement, la pierre a tous les sens du monde et de plus, tous les sentiments, la pierre que le premier jette, la première pierre que pose l’apôtre, le pavé sous la plage et la pierre qui roule, la pierre philosophale, ce rocher où Prométhée continue encore de se faire bouffer, la pierre où grimpe le roi de la montagne (qui s’accroche a l’épée d’Arthur)… je m’éloigne, le rock est en résumé, une rébellion et une acceptation, une débauche qui se fait morale, un sentiment qui se fait humain, un tout qui se fait rien avant de devenir universel, puis oubli, léger, éphémère, heavy, les vieux rockers qui jamais ne meurent, Rock, c’est la matière dure de la pierre, et le volume de nos demeures, refuges, amours. Mad trip, querido Juan, est rock dans un peu de tout cela, eux comme Pulp, Tinderstick, Marvin Gaye et Leo Ferré. Il y a cette pincée de saleté, cette poignée de colère, cette giclée de ciel dégagé, cette dose calculée de passion effrénée, ce soupçon d’abandon… et l’art, puisque tout ce qui est musique automatiquement est art (sur cela je diverge un peu, certaines sonorités venues des latinos n’a pas le droit a cette médaille, n’en déplaise a Juan) Mad trip est une bonne notion, une définition plus que probable de mes dires, un des angles saillants, la face sauvage, de celles qui leurrent vers les Stooges et lorgnent vers les excès dans une ritournelle qui harcèle et racle les âmes, puissant versant du rocher, surement pas trop la première pierre d’une église, plutôt celle qui se loge sur les tempes d’un conservateur quelconque d’un pays en déroute, cris court, halètement d’une vie qui ne se laissera pas vieillir (James Dean et Amy de la vinothèque), ceci est rock, dans le grain de la voix et la vitesse vif-argent des riffs, dans la simple manière de gueuler poétiquement les heurts et malheurs (et peu de lueurs), et parce que celui qui l’écoute, soit-il héritier de Mozart ou fils de Gainsbarre, l’ainée des Noir c’et noir ou la cadette des berruriers noirs, ne peut qu’avouer que cela, au fond de ses tripes et a la surface de son esprit, le bouge, le bouleverse, lui parle et le caresse. Le rock est ce frisson uniforme qui touche à l’unisson la chair et l’âme. Mad trip s’enfle le torse, empli des airs de ses ancêtres sont la progénitures excellente pour donner l’exemple, dans un son savamment déséquilibré, combat voix-musique, l’un finement puissant et l’autre fortement sensible, qi se parcourent l’un sur l’échine de l’autre, se nouent parfois et s’entendent pleinement dans les soulèvements, dans les apogées, dans les summums des contes racontés, histoires brèves (la longueur des chansons, courtes pour préserver le sang chaud, est une belle surprise), et puis la sagesse de n’être ni trop anglo-saxon ni trop ricain, en étant un peu européens d’en dedans des terres, de ses timides agents doubles entre Manchester et Saint-Louis, entre la Californie et Paris (d’où ils ont émergés sous les beaux hospices des premières critiques) Le quatuor de sève jeune en est a son 3º disque bref, et cette fougueuse jeunesse, cette fièvre de sons, est engrais pour que croissent les pierres, et pousse le rock. Cher Juan, définitivement, de « Give me a try » a “You will never give enough » (on parle d’ailleurs beaucoup de donner dans cet Ep., groupe généreux jusqu’au bout du talent), ce disque est rock, simplement parce qu’il vibre, de ses courtes histoires, il vibre, et ça, Juan, dans toutes les langues du corps, c’est rock « y del bueno »




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