> Critiques > La Chanson Doudou



En 2006, je pensais que je serai journaliste toute ma vie, en 2006 je pensais que si je me tenais courbée, on ne me verrait pas trop, en 2006 j’étais encore naïve mais déjà plus très jeune déjà, en 2006, je méprisais Justin Timberlake et les singles pop américains. Les grosses productions d’Outre-Atlantique, les synthétiseurs, les voix transformées, les stars de boys ou girls band devenues des icônes, le marketing outrancier, le sexisme des clips aux couleurs et lumières outrancières, la débilité (pensais-je) des paroles, je trouvais ça inutile, vulgaire, grossier. Bref, j’étais complètement à côté de la plaque, en plus d’être snob.

Et puis, j’ai commencé à danser en soirée, et, stupeur, tremblements et oreilles grandes ouvertes, on écoutait de tout, en plus des classiques de la pop anglaise, du punk, de la new wave. Britney Spears, Katy Perry, Beyoncé, le trio gagnant. Puis Rihanna, Lady Gaga... Oui, oui, aussi ! Petit à petit, en douce, j’ai glissé dans mes lecteurs MP3 et compils privées quelques-uns de ces indémodables, ces tubes excellemment produits, de ces artistes qui ont en commun de savoir s’entourer de producteurs et musiciens de génie. Ouais, rien que ça. Parce que faire danser le monde entier en même temps, c’est un vrai talent, et, sans ronchonner, je ne suis pas sûre que notre Justin français, c’est-à-dire M. Pokora (enfin, c’est ce qu’on disait à l’époque), puisse rivaliser avec ces talents internationaux. Peu importe, les douces voies de la musique mainstream m’étaient ouvertes, je les ai laissées comme ça. Même si, attention, je ne suis pas devenue une pro : j’ai tellement de retard à rattraper, je prends mon temps.

Alors, pourquoi SexyBack ? Le titre m’est apparu comme une évidence, ces dernières semaines : quand je me sens powerfull, j’ai besoin de chansons qui accompagnent ce sentiment. En mode revanche sur la vie, vous allez ce que vous allez voir, oh nan mais oh quoi. SexyBack est le premier single de l’album Future Sex/Love Sounds (un album qui parle de cul, donc, on va pas se cacher derrière son petit doigt), sorti à l’été 2006. Ça sent la transpiration, ça s’écoute fort, et on ne comprend pas les paroles sauf les mots « sexy », « fuckers » et encore « sexy ». Produit par Timbaland et Danja, Justin aligne bien certains mots qui font mouche (« slave », ça, ça va, je pige), la production house et danse est parfaite. Bizarrement, alors qu’au quotidien j’aimerais jeter un exemplaire du Deuxième Sexe dans la tronche de certains mâles que je croise et leur faire ingérer de force les notions de base du féminisme et du bien vivre ensemble, j’ai très envie de répondre à l’invitation de Justin (la chair est faible). Ne regardez pas le clip : il est moche et con (avec une relation sexuelle qui n’a pas l’air très consentie au début), et si quelqu’un veut bien m’expliquer pourquoi il mange du poulet à 1’53’’, ça m’aiderait : ça me préoccupe beaucoup.




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