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Il y a un pouvoir spécial, comme une force, qui vous attire vers ce genre de figure, de silhouette, une chose sans explication, un effet spécial dont on ne voit les trucages, il y a dans ce genre d’artiste… la magie.

J’ai tout de suite sauté sur le clavier, parce que chez-moi c’est comme ça, la sempiternelle peur d’oublier les émotions avant de les avoir écrites, cette crainte de rater l’émotion quand elle vient de te soulever la peau, j’ai sauté sur le clavier parce que la poésie, soudainement me rongeait les freins. Parce que pour parler de cette artiste et de ce qui l’entoure, il faut être poétisé, dans un état d’apesanteur total, l’épiderme et l’âme sur la ligne de flottaison de l’air respiré le temps d’une mélodie. Il faut lâcher les amarres, perdre pieds dans l’océan de nos salons, voir régresser nos membres et regards jusqu’au berceau de notre esprit. Il faut vivre dans le sens de savourer les secondes, de se révéler en vie, d’être, pleinement, être matière en plein rêve. Sealskin est de ces archanges merveilleux qui vous ouvrent les portes des paradis en touchant délicatement du bout de leurs doigts les sonorités des plantes, des particules, des chairs et des horloges. On n’écoute pas Sealskin, on la pénètre comme un soupir, et elle nous voyage comme un murmure dans ses créations émotionnelles, d’un port a l’autre de l’âme, d’une plage synthétique, d’une gorge angélique.

"Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté", la poésie est en accord parfait, tout est magiquement lié, calculé, crée. Cette dame sait ce qu’elle fait, nous emporter.

La musique de Sealskin, jeune créatrice venue de l’est et résidente dans le toujours bouillonnant Barcelone (Artistiquement parlant), est une passion pour les sens, pour les détails qui nous font sentir, pour les infimes atomes des sentiments. C’est une recherche au départ interne, et je suis sur qu’elle possède une liberté et un amour de sa vie impressionnante, sinon je ne saurai expliquer comment elle exporte cette passion intérieure jusqu’à nos peaux. A l’image d’autres grandes aventurières des sons, Des Dames Bush ou Anderson, de toutes ces druidesses et chamanes (car il y a souvent un attrait rituel derrière ces quêtes, je ne sais si ici c’est le cas), Sealskin a débuté dans l’art parce qu’elle était née pour cela, parce que depuis minote, elle savait que la voie des sons ou celle des images (elle a une passion pour le ciné qui lui fait mettre des sons sur les scènes de celluloïds). Elle fit ses premiers pas dans sa ville natale, au sein de groupes punk ou électro (quand on veut tout on touche a tout), mais ses études la menèrent peu a peu jusqu’à la catalogne. Ce n’est pas par erreur qu’elle se dédie a l’étude des langues et de la littérature, ces paroles et ces musiques empruntent non pas a un pays, sinon a tout un univers sans frontières, ce qui lui permet d’aller chercher des émotions là où nous n’entrons jamais, son savoir est ce petit plus qui fait que la magie soit palpable, réelle, touchante. Ainsi nait son petit projet a elle (elle a un autre projet sous le nom de "Rita Baikonur" d’où elle puise des idées et fait des tests en parfaite petite scientifique des sons). Parfaite exploratrice, elle s’abandonne autant a la techno qu’au tribal, au folk, avant-Pop, soul et ethnique, ne pas avoir de bornes permet de ne pas s’attarder en chemin, elle happe tout et s’enrichie de chaque impression, chanteuse, compositrice, productrice, pas étonnant qu’elle devienne sous peu la reine des magies. Mais pour que tout ce travail de fond prenne forme, au-delà des participations pour d’autres artistes, il faut se jeter a l’eau, et voici donc ce projet de disque qu’elle lance, appuyée de belle manière par l’artiste Zoë Mrt. De cet accord parfait nait ce premier pas vers le merveilleux que sont ces quatre titres ; "China wall", "Water", "Storm" et "Like wind", le dernier né. Etudiez bien ces titres, ils sont, chacun de leur côté, un bouleversement de nos tempes, un séisme de nos mains, un choc de nos yeux, chansons aux profondeurs marines et hauteurs illimitées, chansons de veines et de nerfs, douces comme un trajet, portées par la voix chaude et sensuelle, gorge sensible aux températures de milliers de lieux de ce monde. Sealskin est un voyage dans le creux des magies, à fleur de peau, une poésie sonore, la caresse qu’il nous manque toujours, ce bienfait dont on aura toujours besoin.

J’aurai du aller plus vite, prendre ce clavier plus tôt, j’ai l’impression d’avoir oublié des proses, des vers entre le moment où est apparu la chanson et le moment où mon doigt s’est mis a pianoter, j’aurai du parler de cet onirisme, de la beauté de ce chant, de l’accalmie de mes vertèbres, de cette sensation de massage de la nuque, d’en dedans, j’aurai du vous parler de cette sensation qu’avoir des ailes est merveilleuse, de cette manière si légère de surmonter les peines, j’aurai du, mais je devrai, je devrai retourner a l’écoute, oui, j’y reviens, il y a surement des détails qui m’ont échappé, surement que dans mille ans j’y creuserai encore ma curiosité, égoïstement, il n’y a pas de mal a se faire un plaisir intime d’écouter, et flotter sur ces impressions comme un cliquetis de triangle dans le maelstrom des instruments.

A l’orée de la réécoute, je me prépare au voyage, j’ai mon casque d’astronaute et cette micro-caméra qui peut filmer chaque fibre de mon corps, j’a aussi pris soin d’un sac pour garder des étoiles, du ciel ou de mer, il faut être prêt a être surpris par la magie, elle ne dit jamais où elle entraine l’esprit. J’ai pris un carnet pour noter les constellations et populations qui se rencontreront, et des victuailles pour plusieurs décennies, car j’ai l’impression que Sealskin, pourrait durer des éternités a nous promener musicalement, dans les aléas des ensorcellements, ceci, n’est que le premier enchantement.




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