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A coup sûr quand viendra le temps futile, jalon, ou indispensable des classements d’année, à coup sûr, cet album fera partie du peloton de tête.... Ambitieuse et foisonnante, la musique de Sebastian Muller-Thur mérite quelques explications éclairantes....

Carnival

Carnival fait partie de la première grappe de titres sur lesquels j’ai travaillé quand j’ai décidé d’assumer ma musique en "solo". Ca devait être aux alentours de 2004. J’ignore toujours pourquoi mais d’après les retours que j’en ai, je crois que c’est le titre qui accroche le plus les gens d’emblée. C’est un peu pour ça que je l’ai mis en premier sur l’album, mais aussi et surtout car c’est une déclaration d’intention : "Ici je me sens comme dans un carnaval". La musique, les rapports entre les gens dans ce milieu.

Fly-Drive

Le premier titre avec lequel j’ai démarré le travail sur Aetherlone, toujours vers 2004. A l’époque j’écoutais beaucoup "Uh Huh Her" de PJ Harvey et ça s’entend un peu je crois. C’est notre titre le plus rock et le seul basé autour d’un "riff" et pas d’une progression harmonique. C’est la première fois que je chantais aussi et avec le recul, il me semble étrange d’avoir voulu commencer directement avec des arrangements bourrés de chœur. Au niveau du texte, je me cherchais aussi et les 3/4 premières chansons qui ont passé l’étape de la corbeille possèdent une écriture un peu "impressionniste". C’est plus une collection d’images reflétant un sentiment ou une sensation que du storytelling.

Mountain Tops/Avalanches

Elle est un peu spéciale car elle regroupe une des premières choses que j’ai écrite avec l’une des dernières. La première partie de la chanson, je l’avais depuis 8 ans et je la gardais dans un coin de ma tête sans la jeter car je savais qu’elle était digne d’intérêt. Au début c’était plus comme si Oval essayait de jouer du Sonic Youth sur un Fender Rhodes, beaucoup plus électronique. A la voix, j’avais le refrain qui contenait déjà le mot "snow" mais pas les couplets et je l’écoutais de temps en temps, voir si je n’avais pas le déclic tout d’un coup. La seconde moitié j’ai dû l’écrire en 2010. C’était la fin d’un titre en chantier, mais je n’étais pas convaincu par le début. Ma femme, en l’écoutant, m’a dit que ça lui faisait penser à un paysage montagneux et là "clic". "Snow", "montagne", voyons voir si ces 2 parties ne colleraient pas ensemble. Ensuite les couplets sont venus assez rapidement. Il y a l’américaine Eagle/Deer qui chante avec moi sur la deuxième partie du morceau. Je voulais vraiment une voix de femme. Dans l’idéal j’aurais voulu qu’elle fasse toutes les voix de ce deuxième mouvement mais malheureusement le temps nous manquait, nous étions déjà en plein mixage.

The Light

Seul titre un tant soit peu "optimiste" de l’album. Je l’appelle "la chanson monospace" car c’est notre seule chance d’avoir une synchro pub et de faire un peu d’argent. Je la vois bien sur des images de bagnole qui roule à flanc de colline, non ? Ou alors pour un téléviseur ultra plat. Pour la petite histoire, Olo, mon futur éditeur, avec qui j’étais seulement en contact à l’époque me disait souvent que mes titres manquaient un peu de "lumière". A force, ça m’a gentiment énervé et je me suis dit : "tu veux de la lumière, je vais t’en mettre de la lumière, tiens voilà The Light". Résultat des courses, c’est le titre qu’il aime le moins je crois.

The Unemployed Soulhunter

Cette chanson a commencé sa vie en 2005 comme un titre de soul "blanche", un peu dans le registre de l’album solo de Beth Gibbons que j’adore. Mais ça ne fonctionnait pas trop. Du coup je n’ai gardé que le refrain et la partie de fin au piano et suis parti dans une direction plus acoustique. L’inspiration des paroles est tirée d’un catalogue d’exposition de Louise Bourgeois, elle avait toujours de très beaux textes pour accompagner son travail et à l’époque j’étais à fond dans la technique, entre autres de Sonic Youth, de récupérer des textes à droite à gauche pour en former des paroles. Finalement ce n’est pas du copier/coller, mais ça a permis de lancer l’écriture. D’ailleurs ça doit être un de mes premiers textes qui instaure une ébauche de storytelling.

Not a Dance

Notre titre le plus "pop" je crois, avec couplet/refrain/pont et ad lib, même si je n’ai pas pu m’empêcher de me tirer une balle dans le pied radiophonique en y collant 2 séquences répétitives en 5 et 7 notes tout du long. Ce qui me fait plaisir aussi c’est d’avoir eu mes amis au studio pour faire la chorale de fin, je trouve ça chouette.

Sunshine #2

Le seul titre duquel je n’ai pas écrit le texte. En fait c’était une chanson qui existait déjà du temps de mon "groupe" précédent. J’aimais bien l’idée des Black Heart Procession qui reprenaient le même titre (The Waiter) sur chacun de leurs albums, mais à chaque fois de manière différente, pour entretenir un fil rouge de disque en disque. La version qui se trouve sur l’album est la version démo, enregistrée en live guitare/voix dans mon home studio. Elle a été enregistrée la nuit, avec ma femme qui dormait de l’autre côté du mur. J’avais essayé de l’enregistrer en plein jour mais ça ne fonctionnait pas. Je me suis rappelé une anecdote sur l’enregistrement du premier single de Thomas Leer, qui disait qu’il avait fait sa prise de voix dans la même pièce que sa petite amie endormie. Je m’étais dit que c’était un truc a tenter pour essayer d’attraper un maximum d’intimité. C’est un peu bancal mais on a jamais réussi a retrouver l’émotion de cette prise en studio.

Here & Now

Le son de ce titre a pas mal évolué avec la formation du groupe autour d’Aetherlone. Au début, c’était plus un son à la Colin Newman (surtout son disque AZ) mais a force de le jouer live, les guitares sont devenues un peu plus bruyantes et la batterie est devenue plus "lourde". Le texte est inspiré d’un de mes rêves. C’est très rares que je m’en souvienne en général mais là je ne sais pas pourquoi, j’avais décidé de le noter à mon réveil. C’était une sorte de cauchemar d’enfant, un truc un peu stupide. J’étais dans une vieille maison et une "chose" me suivait. Je la ressentais mais ne la voyais pas. Au départ, la phrase récurrente disait "Tear its face up" mais j’ai changé le "its" en "her". Je trouvais ça plus fort de sexuer la créature. J’attends que les Femen me tombe dessus maintenant.

Sister

Au départ c’était un peu une ballade de cowboy sur 3 accords, mais qui a bien mutée. J’ai du mal à laisser les choses tranquilles. Je n’allais vraiment pas très bien à l’époque je crois. C’est mon texte le plus personnel. Mais aussi le plus cru, pas spécialement dans le fond mais dans la forme. Je n’y utilise pas d’image ou de "truc" littéraire. Le seul titre que nous ne jouons pas en live.

Hi Dead Folks !

Elle fait parti du trio de 2004 : Fly-Drive/Carnival/Hi Dead Folks ! L’enregistrement des voix reste l’un de mes meilleurs souvenirs de studio. J’étais avec Jean Charles Versari qui a co-réalisé l’album avec moi et JB Deucher, l’ingénieur du son et nous étions tous un peu "partis" mais je ne pense pas que ça s’entende sur le disque. Je crois qu’on a enregistré les voix de "The Light" aussi cet après midi là. C’était le printemps, il faisait beau, on s’est un peu baladé dehors, on est revenu en studio ensuite. Un super moment.



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