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Cette fois, j’ai pris mon temps, normalement, j’écris en suspension de la première écoute, mais je vous avez déjà parlé de ce groupe, de sa magnifique version du Smalltown boy (qui malheureusement n’est pas présente sur ce Lp, mais a tout du morceau légendaire que tous les futurs fans chercheront jusqu’à l’agonie). Quand j’ai reçu le travail définitif de People of nothing (en plus du sublime opus de Onlooker, merci Gens d’Anywave), j’ai voulu prendre mon temps, par-dessus les premières images des joy Division, Bauhaus y Cure (influences classiques), j’ai voulu discerner le plus possible de facettes de ce petit diamant sombre, essayer de bien cerner les émotions qui se choquent et s’embrassent dans une psychose, une hystérie, une folie tant cruelle, qu’elle éclaire nos caves auditives et bouleverse les cloisons de nos nerfs, et répètent :

Nous sommes par delà la peau

Nous sommes par delà la chair

Plus loin de cette vieille école qui nous hérisse encore le poil et vibre le long de l’échine a tous ceux qui ont des oriflammes noirs pour vêtements et pensées (voir ma chronique sur les légendaires And Also The Trees), se trouve la quête d’une fusion entre ces viandes que nous sommes et ces âmes qui meuvent les cordes vocales et les cordes de guitares, outrepassant les cicatrices, l’accord parfait des lettres et mélodies, la cohérence des troubles et des rythmes, l’harmonie des plages électriques et des douleurs ou des joies, si parfois, parfois, les deux sont plus unies qu’on le croit. Bien sur, là où réside la blessure crisse la guitare, là où déraille le cœur, surgie la basse pacemaker, là où sombrent nos corps, s’élève la luminosité de ce précieux et amer disque homonyme, de ces cadeaux rares où rien ne manque, où rien ne doit s’ôter, compact et produit avec le baroquisme sensible juste nécessaire, où l’oubli d’un seul son serait détruire l’édifice, où nos écoutes vont et viennent des rivages au plus profonds des océans, des néons brulants aux plus obscures des prisons intimes.

Mais où se découvrent vraiment les facettes multiples du diamant si précieusement taillé, au bon soin d’Anywave (autre groupe du label, Avgvst, mets ici aussi son grain de sable) et de Manicdepression, c’est dans la complicité sonore de ses membres, Florant, Niko et Nicolas. Je n’habitue pas à citer les musiciens, mais plutôt la musique, mais j’avoue qu’ici la sensation d’osmose est telle, l’idée partagée si claire, les dialogues et appuis instrumentaux si limpides, que le groupe mérite ces noms autant que le sien (ils ne sont en aucun cas, donc, des gens de rien).

Nous sommes devant de bons compositeurs d’or noir, alchimistes obscurs transformant les maux en rayons de lumière, et les mots en sons intraveineux. J’ai attendu, j’ai pris mon temps, comme je le prenais jadis a capter les nuances des Joy Division, de décortiquer les Trisomies 21, a chercher les coups de pinceaux multicolores qui mènent au noir d’ébène, et de savourer ce disque comme on savoure une cigüe, en sachant que peu de fois on ressentira ce merveilleux trouble, ce fantastique malaise, cette folie psychologique sonique.




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