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Sarajevo. Ce nom comme une tache dans notre histoire contemporaine. Des bruits de bombes, du feu, de la fureur, la fin d’un monde, le chaos, un peuple qui se déchire après un pacse oblitéré par un monde à la culture de livre de poche. Pas d’olympiades dans les mémoires, juste des anneaux comme des nœuds autour des condamnés à mourir, car il devait en être ainsi. Sarajevo, traduction la guerre.

Animé probablement d’une envie de nous donner un visage autre à ce monument des Balkans, Thomas Hosanski, que les habitués d’ADA connaissent déjà, est parti micro à la main, entendre la ville, essayer de percevoir ce que la guerre a laissé comme trace, nous offrir un témoignage brut de cette population, qui à l’image de la ville, doit se reconstruire.

Autour de ces bruits, de ces témoignages, Thomas a posé des mélodies, qui en se tournant sur elles mêmes enveloppent ces moments captés sur le vif. Si on pouvait avoir peur d’un décalage entre l’émotion prise sur le vif, et cette musique venue par la suite, la crainte s’estompera rapidement, laissant même l’impression étrange que la musique faisait partie de la captation. On imagine les ruelles aux sonorités étranges, ces routes défoncées imprimant un rythme tout aussi cabossé qu’au final joyeux.

Disque surprenant, ce témoignage de Thomas Hosanski est une lettre d’amour pour ce bijou des Balkans, qui par une vision opaque et voilée, est devenue à tord, une terre des martyrs. Sarajevo renait de ses cendres, et les fêlures sonores que Thomas nous en a ramené, ont le parfum d’une dignité rare. Objet unique.