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  • octobre 2007 /
    Port Royal
    Port Royal par eux-mêmes

    réalisée par gdo

Interview réalisée via mail en Octobre 2007 (merci à Jerome) traduction Jim

Bahnhof Zoo.

— A l’origine la chanson a été écrite, en grande partie, pendant l‘été 1999, quand j’étais en train de lire le livre « Wir die kinder vom Bahnhof Zoo », l’autobiographie d’une droguée de Berlin, Christiane F. Cette histoire m’a touché. J’ai donc dédié cette chanson à Christiane. L’atmosphère sombre du livre est bien représentée dans la chanson, à mon avis, celle qui s’emparait des nuits de la gare centrale berlinoise à la fin des années 70 et au début des années 80. A travers la musique, nous voulions exprimer une sorte de sentiment d’angoisse et de claustrophobie. C’est étrange de n’avoir enregistré cette chanson qu’en 2006 !

Pauline Bokour.

— Elle était la femme du compositeur ukrainien Wladimir Baranoff-Rossine, l’inventeur du piano optophonique, un instrument synesthétique qui était capable de créer des sons et des lumières colorées, des motifs et des textures en même temps. Pauline avait l’habitude de jouer de ce nouvel instrument en concert avec son mari dont elle était la muse. Avec cette chanson, nous souhaitions reproduire une sorte d’échos lointains d’une musique solitaire jouée par une femme qui restait toujours dans l’ombre (selon sa propre volonté également) bien qu’elle jouait un rôle fondamental dans la vie de son mari plus célèbre. Cette chanson voulait donner la parole à celle qui était d’une certaine manière muette. La chanson a été enregistrée à l’automne 2005.

Anya : Sehnsucht.

— Le mot allemand « Sehnsucht » signifie désir ardent, envie. Cette chanson, composée et enregistrée en 2005, exprime bien mon désir pour Anya, la jolie Bélarusse dont je suis tombé amoureux pendant l’été de la même année à Odessa en Ukraine. Les niveaux de synthétiseurs utilisés sont comme des voix qui chuchotent et crient dans une sorte de dialogue impossible avec elle. Le rythme sur lequel on peut danser avec frénésie représente le temps qui passe à toute vitesse de façon perpétuelle et la mélodie principale est l’atmosphère générale de cette situation. La fin de la chanson illustre vraiment bien la tentative désespérée de rendre l’impossible possible : un cri essentiel dans le silence d’une nuit solitaire casse le mur d’indifférence et d’absurdité…Port-Royal rejoint Edvard Munch ! Toute l’œuvre raconte l’histoire d’une fille qui est perdue…Cette chanson est dédiée à Anya, une fille vive parmi les autres, mystérieuse mais unique. D’une manière plus générale, « Anya : Sehnsucht » est un hommage à l’Europe de l’Est avec qui nous entretenons un lien étroit.

German Bigflies.

— « German Bigflies » est la traduction anglaise de l’italien Germano Mosconi. Germano Mosconi est un présentateur de télévision italien qui est devenu célèbre grâce aux insultes amusantes qu’il proférait à l’antenne. Nous avons regardé ses vidéos sur Internet à plusieurs reprises. Nous l’avons trouvé si drôle que nous avons décidé d’intituler cette chanson « German Bigflies » en son honneur. Il est le meilleur remède en cas de coup de blues. Tu n’as qu’à regarder ses vidéos et tu esquisses un sourire même si tu ne comprends pas l’italien car il communique visuellement sa rage. La chanson a été écrite et enregistrée en 2005.

Deca-Dance.

— Cette chanson a été écrite et enregistrée entre la fin de l’année 2005 et le printemps 2006. Ce fut très difficile de travailler sur cette chanson : nous avons réalisé beaucoup d’essais avant de trouver la chanson que vous pouvez retrouver sur notre album « Afraid To Dance ». Je dois admettre que nous sommes très satisfaits du titre. A l’origine, nous l’avions intitulée « Frozen Dance », car nous l’imaginions dansée dans une discothèque vide en Sibérie. Mais très vite nous avons compris que ce n’était pas le bon titre pour une telle chanson. Donc nous avons eu l’idée de faire un jeu de mots avec le terme « decadence » mais en conservant le terme « dance » et nous lui avons donné le nom que vous connaissez. Cette chanson, une sorte de conte, est de nouveau un « hommage » à l’Europe de l’Est. Nous la verrions bien dans une énorme discothèque, dans un pays de l’Europe de l’Est, remplie de personnes timides qui dansent mécaniquement comme des robots. L’atmosphère dansante de la première partie de la chanson disparaît au milieu pour laisser place à une ambiance longue et mélancolique qui correspondrait au prolongement de la nuit après la discothèque. Cette partie est comme un labyrinthe : les mélodies et les instruments viennent de partout plongeant la personne qui écoute dans un sentiment de solitude et d’égarement. Il ou elle pourrait mourir noyé doucement dans cet océan de sons et de mélodies qui montent à la tête…La fin de la chanson montre une sorte de « renaissance » comme si, depuis ce labyrinthe au plus profond de l’océan, la personne qui écoute était emmenée vers les étoiles brillantes dans le ciel. La partie chantée qui fait office de conclusion représente le retour à la vie de tous les jours avec sa routine et ses craintes mais avec un espoir de changement…

Roliga Timmen.

— Cette chanson a été enregistrée uniquement en version acoustique en 2003 avec un des premiers riffs de guitare d’Ettore qui remonte à 3 ans et montre que Port-Royal affectionne les langues… Roliga Timmen signifie en suédois « l’heure d’amusement » la plupart du temps une fois par semaine (vendredi le plus souvent) à l’école. Un ou deux voire trois enfants doivent choisir comment occuper cette heure. Nous avons donné ce titre à cette chanson car ça nous donnait le sentiment d’une jeunesse à la fois proche et éloignée…Nous avons également chanté au milieu de la chanson, une de nos premières fois ! La chanson a été enregistrée dans sa nouvelle version à l’automne 2005.

Internet Love.

— Beaucoup de personnes m’ont demandé pourquoi nous avions intitulé cette chanson « Internet Love », qui à l’origine aurait dû même être le titre de cet album qui inclut les chansons dont nous parlons. La signification pourrait être évidente et obscure à la fois. On a de plus en plus l’habitude de vivre dans un monde virtuel. Le fait est que parfois ce monde « virtuel » est plus « réel » que le véritable. Et aujourd’hui, Internet est de plus en plus l’endroit de nos rêves, l’endroit où il n’y a pas de limites et où tout peut être possible. Nous avons donc eu l’idée de dédier une chanson à toutes ces personnes qui vivent plus dans une dimension virtuelle que réelle : nous avons tous besoin d’un endroit d’illusions où projeter nos rêves. Sans cet endroit, il serait probablement impossible de supporter l’existence. Et parfois, ces espoirs et ces illusions se réalisent (prennent forme). « Internet Love » signifie donc une chance, une possibilité, un espoir au milieu du désespoir. C’est un titre dialectique ! La chanson veut exprimer cette tension envers (face à) quelque chose que l’on ne possède pas mais que l’on désire. Cette chanson a été écrite et enregistrée dans la première moitié de l’année 2006.

Leitmotiv|Glasnost.

— Cette chanson est divisée en 2 parties quasiment équilibrées. Le double titre reflète la double nature de la chanson. La première partie est directement issue des premières sessions de l’album « Flares » (février 2002) mais a été enregistrée seulement en mai 2005 et la deuxième a été écrite et enregistrée au printemps 2006. « Leitmotiv » signifie en allemand « motif conducteur » (mais est un mot utilisé dans d’autres langues aussi ) et « Glasnost » signifie « transparence » en russe, un mot qui était, avec Perestroïka (réorganisation), l’essence de la nouvelle politique de Gorbatchev en Union Soviétique pendant la seconde moitié des années 1980. Dans la globalité de la chanson nous voulions exprimer le sentiment d’une « idée fixe » qui obsède : cette idée pourrait être tout et tout le monde est libre d’exprimer ce qu’il ou elle préfère. L’atmosphère principale de l’album nous rappelle une nuit à la fin de l’été quand vous ressentez la mélancolie de quelque chose qui passe et qui ne reviendra jamais. De toute manière les 2 parties expriment également différentes atmosphères/ambiances. Dans une première, un romantisme pur, une douce indulgence envers la mémoire (désormais) lointaine d’une fille, une mélancolie enivrante et du désir. L’autre est plus obsédante, et d’une manière ou d’une autre empreinte de claustrophobie, comme un esprit libre jeté de nouveau dans le chaos futile du monde réel, tout en essayant de chercher une certaine lumière.

Putin vs Valery.

— La mélodie principale de cette chanson a été écrite et enregistrée dès la fin de l’été 2003 et puis a été mise de côté (nous étions déjà occupés par l’enregistrement de l’album « Flares » et nous savions que cette chanson n’aurait pas pu en faire partie). En mai 2005, lors de l’enregistrement officiel de l’album « Afraid To Dance », nous l’avons retenu et nous avons rapidement enregistré l’intégralité de la chanson dans sa version actuelle. C’était un de nos enregistrements les plus rapides si on considère également la complexité de la chanson avec sa multitude de niveaux sonores et de mélodies. Le titre…du Président Vladimir Poutine n’a pas besoin d’être expliqué. Mais Valery si. Nous avons également choisi Valery à la place de Valérie d’une part en raison du poète français Paul Valéry mais aussi parce que nous préférions l’écriture « Valery » plutôt que l’habituel « Valérie ». En fait Valery était une fille que Emilio et moi aimions en même temps (avril 2005) ce qui a donné lieu à des jeux sympas et des blagues entre nous à ce sujet. « Putin vs Valery » est en même temps un doux et difficile travail : les lourds battements rythmiques correspondent totalement aux mélodies mélancoliques douces au sein d’une union vraiment singulière. C’est une des chansons que nous aimons le plus jouer en concert en raison de son groove : en ajoutant quelques sons graves, nous avons réussi à faire bouger le public. Sieva Diamantakos (membre du groupe depuis le printemps) a réalisé un clip pour cette chanson : c’est une vidéo au sujet de l’amour dissocié et cela reflète totalement l’âme ambivalente de la chanson : une répétition psychédélique et une mélancolie unique.

Attorney Very Bad aka The Worst.

— C’est la dernière chanson écrite et enregistrée de l’album « Afraid To Dance ». Cette chanson est dédiée à une personne stupéfiante que nous croisons dans la rue même où nous vivons. Attorney signifie avocat en anglais américain : nous savons que c’est son métier car Ettore a l’habitude de le voir également dans le palais de justice. Pourquoi « very bad » et « the worst » ? Et bien, nous avons l’habitude de nous moquer de lui et d’imaginer sa vie, en la devinant grâce à ses grimaces et des comportements bizarres : il n’est plus tout jeune (45 ans au moins) et un peu explosé mais en fait il se coiffe les cheveux avec soin, il marche fièrement car il a l’impression d’être toujours irrésistible (mais il ne l’est pas vraiment, tout le contraire !), il a également l’habitude d’aller au travail tard le matin donc on l’imagine sortir presque tous les soirs pour aller boire un verre dans l’espoir d’entamer une conversation avec des femmes plus jeunes que lui et on l’imagine rentrer toujours bredouille dans son appartement bourgeois où sa maman l’attend encore. L’atmosphère minimale de cette chanson qui est mêlée, pour une certaine raison, de désespoir et de mélancolie est l’équilibre parfait de la mémoire de tous les fous rires que nous avions en pensant à lui.



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