Difficile d’appeler un papy, un gars qui, par sa dégaine et son visage qui ne bouge pas, pourrait vous donner des envies de souscrire le plus rapidement à une assurance décès, songeant que le temps passe plus vite chez vous que chez lui. Pourtant le temps, Thurston a toujours pris le parti avec Sonic Youth de le raccourcir en l’accélerant, ou en le distendant pour mieux que l’élastique catapulte les secondes prétendument perdues. Seul aux commandes Thurston a choisi la nostalgie, nous livrant des chansons intimes, piochant dans son passé pour donner à ses rêves d’adolescent le droit d’être couché sur disque, alors que l’âge adulte avait depuis pas mal de temps été le gouvernail. Trees outside the academy est un disque brouillon et fantastique, il donne des clefs de certains titres de Sonic Youth et également il donne à la musique américaine sa possibilité de résilience (american coffin). Vibrant hommage à son groupe mais également à la guitare, trees outside academy est aussi un creuset pop, entre décontraction et court magistral sur la sémantique dans la musique concrète. Journal intime retenu, ce nouvel album de Thurston Moore ne déroge pas à la ligne de conduite du parrain de la l’indie américaine, sobriété, simplicité et talent, en témoigne cette poésie datant de son enfance qui clos un disque à l’étrange immédiateté.