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  • 11 janvier 2007 /
    Hot Chip
    “Coming On Strong”

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Dans son documentaire Mondovino le cinéaste-œnologue amateur Jonathan Nossiter, met en scène un personnage au charisme insondable, Hubert de Montille, producteur bourguignon doté d’une vision bivalente du vin. Il existerait, selon son expression, les " vins putes ", qui délivrent un goût plaisant dans l’instant mais qui déçoivent après quelques minutes, par opposition à d’autres plus " longs en bouche " qui, moins immédiats, ne cèdent pourtant jamais de leur qualité à l’egrenage des secondes. Si l’on filait la métaphore, on placerait sans conteste l’album des Grands-Bretons érudits de Hot Chip, Coming On Strong sorti sur Kitsuné, dans la deuxième catégorie. Leur vin semble en effet tiré d’un fût où dort un picrate issu des plus grands cépages ; la première lampée cependant ne provoquera pas l’affolement joyeux des sens tant l’esprit peine à déterminer l’origine du nectar. C’est que nos amis syncrétisent. A l’instar des têtes d’affiche de l’année passée, d’un TV On The Radio qui vous claque à la gueule à un Animal Collective qui vous claque les neurones, Hot Chip choisit de ne pas choisir, amalgamant l’essence de chacun des disques qui se relayèrent jadis à son chevet. La première écoute peut donc laisser perplexe : les beats finauds pas Normal datés au carbone 14 se livrent à un mélangisme débridé et copulent avec des guitares pop et des synthés à l’hygiène douteuse. La langue engourdie on hésite donc à s’en jeter un deuxième, pas prêts qu’on est à se choper à nouveau la chtouille. On aurait tort. Augmentons l’oxygénation dans les cuves et montons le son. Coming On Strong ne laisse pas alors de délivrer son parfum. La cave grande ouverte, on saisit d’une main une bouteille de " The Beach Party " et ses synthés gonflés à l’hélium, pendant qu’on planque un " Crap Kraft Dinner " dans un coin de sa veste et pour une consommation en solitaire-un dîner aux chandelles pour couvert unique. La soirée bien entamée on tentera de raisonner notre esprit embrumé afin qu’il nous interdise de monopoliser la piste de danse et de chercher querelle à tous sur un " Down With Prince ", hommage et exercice de style belliqueux (l’auteur y règle ses comptes avec tous les groupes qui se réclament de l’Artiste). Quoiqu’il arrive on rentrera seul, seulement accompagné des notes aquatiques et joliment dissonantes de " Shining Escalade " pour se finir à la main, convaincu de n’être - ainsi que le chante le très albarnien Alexis Taylor - qu’un " simple man " (" Baby Said "). Demain on ressort ce grand cru qui ne ressemble à rien de connu et on se remet ça. Quand le vin est tiré…




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