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Souvaris, interview réalisée le 01 septembre 2003 par msn messenger entre vinz et john christopher simson alias simmo.

Parce que ce site se veut défricheur de talent, souvaris arrive à point nommé. Fort de quelques eps le groupe nous avait absolument séduits. Et à l’écoute de leur nouvel album I felt nothing at all, le groupe confirme donc tous les espoirs que l’on avait placé en eux. Cette interview a été réalisée en live sur msn, car je l’ai voulu plus comme une conversation orientée que comme une simple interview via email. P.s : le disque ne sortira pas avant noël prochain, armez vous de patience.

Tout d’abord peux tu nous présenter le groupe ?

— Simmo : dans l’ordre alphabétique : michael graham beevor : guitars, aaron doyle : drums, david james moult : guitars, keyboards, john christopher simson : keyboards, accordian, glockenspiel and bass, david james stockwell : guitars, ian john whitehead : bass, guitars.

Comment vois tu les choses que vous avez accompli jusqu’ici ?

— Bien je crois qu’il serait juste de dire que pour nous tous, nous sommes assez contents. Nous nous sommes formés il y a bientôt trois ans, en octobre 2000. Et ça nous a pris du temps pour nous mettre en place. On a changé un peu notre line up, on a même essayé avec des paroles et tenté d’autres approches musicales. Enfin tout ça s’est déroulé un an avant que nous sortions des chansons dont nous étions content. Le 12" est sorti en janvier de cette année, plus d’un an après qu’on l’ait enregistré. C’était une expérience assez bizarre, parce qu’on a beaucoup écrit cette année la. Et bien qu’on soit très fier de ce disque et qu’on l’aime beaucoup, on trouvait qu’il ne représentait pas trop ce dont nous étions capable de faire. Pour le 7" ça était différent ; nous avons écrit, enregistré, mixé et masterisé le disque en trois semaines, donc c’était très frais, instantané. On a tout fait chez nous dans nos chambres et donc tout le processus de production était différent. Mais c’était très marrant. On sait qu’on est très chanceux de pouvoir sortir des disques, et ça nous semble toujours aussi étrange qu’on puisse le faire. Mais c’est génial.

Est-ce que tu penses que votre nouvel album I felt nothing at all reflète plus ce qu’est souvaris ?

— Oui je crois que ça correspond plutôt bien ce qu’on a fait jusqu’à présent. Je pense, enfin j’espère, qu’il touche à un grand nombre de différents styles, de différentes atmosphères. Nous voulions faire un disque qui ne soit pas un simple disque de post rock, qu’on a déjà entendu des milliers de fois. On a essayé d’aller plus loin en termes d’influences et de ressentiments. Lorsque nous écrivions le disque, on écoutait principalement du hardcore, de la musique concrète, de l’electronica, bref tout sauf du post rock. Au début on voulait enregistrer le disque dans notre local de répétition, une grange à Knebworth. On voulait aussi passait du temps a façonner ce disque. Mais nos boulots, plus certains engagements et un manque certains d’équipements ont fait capoté l’affaire. On a donc décidé de prendre une approche différente : un enregistrement le plus rapide possible, basé sur un enregistrement live. En procédant de la sorte on espérait obtenir un bon son pour l’album. La vérité à propos de souvaris, c’est qu’en dehors du fait de créer quelque chose d’esthétique, nous avons su créer quelque chose qui nous correspond mieux : de l’art vivant.

Beaucoup de gens en Europe vous ont découvert grâce aux concerts que vous avez faits en première partie d’explosions in the sky. Peux tu nous en dire plus sur ces concerts et que penses tu d’eux ?

— Ouais ces concerts furent géniaux. Ce fut une expérience extraordinaire. Dave Stockwell connaissait explosions in the sky, car il les avait contacté par email quelques années plus tôt. Alors quand ils ont annoncé qu’ils venaient au Royaume Uni, on a pu les contacter pour jouer avec eux. Ils n’ont fait que trois concerts en Angleterre à Birmingham, Manchester et Londres. Le concert de Birmingham a eu lieu le 11 septembre, un an après la chute du wolrd trade centre. Un élu local voyant un groupe du nom d’explosions on the sky, jouant un an après les événements du world trade centre, gueula dans le journal local que c’était " dégoûtant, désastreux qu’un tel concert ait lieu ". Mais bon en fait le résultat fut que le concert était très attendu. On était vraiment excité de jouer avec un groupe qu’on admire autant et tout a été génial de la salle au public. Je pense que tous ces facteurs ont contribué au fait qu’on a probablement livré notre meilleur concert ce soir la. Quelques jours plus tard nous sommes allés les voir à Manchester et c’était un des meilleurs concerts que je n’ai jamais vu. Ensuite on a joué avec eux à Londres. Et ce fut encore un superbe concert, on s’est bien marrer. Ces quelques jours furent vraiment magique. Et les gars d’explosions sont vraiment très très gentils ce fut un réel plaisir de les rencontrer et de jouer avec eux .

Vos concerts sont, d’après les spectateurs, excellents. Vous sentez plus à l’aise sur scène ou en studio ? Et vous permettez vous d’improviser sur scène ?

— Bien en fait j’en sais rien. En fait on parait à l’aise sur scène, mais bon en réalité on est très nerveux. C’est une expérience totalement différente du studio. Etre sur scène te procure un sentiment indescriptible, surtout si les choses se passent bien. La tu peux sentir la synergie entre nous, et le public, tu peux presque les sentir, les toucher. C’est beau. En studio on travaille et il y a souvent des sautes d’humeur. Quand on a enregistré l’album, on a essayé de recréer l’énergie du concert aussi bien qu’on a pu, pour capturer cette ambiance. Je ne crois que ça peut être réussi totalement, mais on devait essayer. Disons qu’on aime les deux. Le fait d’être un pauvre et petit groupe ne nous a pas permis de passer tant de temps que cela en studio donc en fait on n’est pas vraiment habitué au studio. Pour ce qui est de l’improvisation, nos chansons fonctionnent sur des signaux, des repères. On travail sur une structure pour arriver à un certain point et en se regardant on sait lorsqu’on doit aller vers d’autres points. Donc bon on peut improviser mais dans un cadre défini. D’habitude on est trop nerveux pour improviser, mais récemment on a gagné en confiance et du coup nos morceaux deviennent un peu plus longs sur scène .

Tu m’as dit un jour que la musique ne devrait pas mentir. Que voulais tu dire ?

— En fait il y a une chose que je ressens et que nous ressentons tous dans le groupe, c’est l’importance de l’acte de création en musique. L’art c’est de la création. L’art n’est jamais une négation, même la plus destructrice des peintures, ou le plus agressif morceau de musique. Tu as toujours besoin de créer pour confirmer et valider ton existence. La plupart du temps j’ai besoin de créer sinon quelle serait mon attitude ? Passive ? Désintéressée ? C’est loin d’être un processus simple. Quelque fois on obtient un résultat horrible, qui te met mal à l’aise. Puis d’autres fois c’est positif, constructif et beau. Je pense que c’est une erreur de se mentir à propos de ces sentiments. C’est un peu comme notre chanson " art as survival… " sur notre nouvel album. C’est un morceau assez joyeux, dont l’aboutissement est notre amitié en tant que musiciens. C’était très drôle. Peut être que certains groupes n’essayent pas de positiver dans leur musique car ils veulent coller au cliché " alternative music " ? Nous ne sommes pas non plus de grands musiciens. On s’est mis a nu quand on a enregistré, et tu peux entendre nos erreurs comme nos plus beaux moments sur ce disque. Mais en agissant de la sorte on a créé quelque chose en toute honnêteté. " The art i salive… " n’a pas été fait de façon anodine ou obsolète, on a pas essayé de l’entourer d’un voile mystérieux qui cacherait sa vraie nature. Sans honnêteté, on serait comme des voleurs. Ce qui est beau dans l’art c’est la vérité. " The quality of beauty is the truth " .

Donc pour toi tout est émotion, que ce soit dans l’art ou dans la création. Mais ne voudrais tu pas faire un jour une simple chanson basée sur de la débauche d’énergie et ne penses tu pas en fait que quand tes émotions changerons, ton processus de création changera également ?

— Pour nous, ce n’est vraiment pas une question de création d’un quelconque art, pas du tout. En effet la plus grande partie de notre art est éphémère. Un concert est un moment unique, et chaque concert est différent. Mais ça ne diminue en aucun cas sa valeur. En fait tu peux facilement enlever la dimension temporelle de l’art sans le dévaluer. En fait je pense que ce que nous essayons de faire en tant que musiciens, c’est de réduire le fossé entre les sentiments et l’expression des sentiments par le son. De l’honnêteté, tu vois ? On ne veut pas cacher la vérité. Mais bon en réécrivant nos chansons, en essayant de les peaufiner de les ajuster sans arrêt, on échoue un peu. Je le reconnais. Mais ensuite à chaque fois qu’on change quelque chose, il y a une nouvelle énergie, de nouveaux sentiments qui se créent. C’est un peu notre étoile du berger, elle nous guide vers le bon chemin. Donc en fait la relation entre l’esprit et le cœur est symbiotique. Les décisions prisent par l’intellect sont guidées par l’émotion. Mais je pense que ta critique est juste. On nous a demandé une fois dans une interview si on était punk ou prog. On espère être les deux.

Comment vois tu l’évolution de votre son ? Dans quelles directions veux tu qu’il aille ?

— Ce qu’on veut par-dessus tout c’est évolué. Beaucoup de choses vont changer. On a atteint un point ou l’on doit changer. Ce premier album représente trois ans de travail. Mais on est à un carrefour important dans nos vies. Trois d’entre nous vont aller vivre à Nottingham. Un autre va voyager un peu partout pendant près de six mois. Nous avons tous des projets en dehors du groupe, que ce soit de la musique, de la photo, des films ou de l’écriture. On a des tas d’idées et on espère qu’une d’entre elle se concrétisera. Je ne pense pas qu’on va continuer à six comme on l’est a présent. Et bien que l’on adore faire des concerts et jouer ensemble, trois ans c’est très long. On a souvent discuté de l’évolution que devait prendre souvaris. On aurait adoré s’agrandir, incorporer d’autres moyens artistiques, d’autres musiciens. De l’ambition quoi, des rêves et de l’espoir. Dans les prochains mois on sera tous éparpillés un peu partout en Angleterre. On a prévu de toute façon de faire de la musique ensemble, mais comme tu peux le penser ce sera plus électronique. Peut être plus dépouillé. Peut être plus extrême. Nous adorerions aller plus loin dans le bruit, les larsens, dans l’agression, la catharsis…le tout plus direct, spontané. Mais ouais on espère continuer à évoluer. On voudrait élargir notre palette d’influences et d’émotions. Ressembler au carpenters quoi. Mais je dois dire que nous allons tous les six venir en Europe faire des concerts. Mais ce sera probablement la dernière fois. Donc venez nous voir ou vous manquerez le grand souvaris sound !

Donc I felt nothing at all tourne une page dans votre évolution. Comment ressens tu cela ?

— Bien c’est assez triste. Ces trois dernières années ont été tellement intenses. Mais nous essayons de voir ça plutôt comme un changement que comme une fin en soit. Mais le changement peut être très ennuyeux tu vois ? Mais c’est une opportunité. Si tu nous avais dit il y a trois ans qu’on serait en train de préparer une tournée en Europe et qu’on sortirait des disques, on se serait bien marrer. C’est vraiment excellent. Donc voila on est triste et content à la fois. On est loin d’être mal loti et on est très content de faire ça. Pour tout te dire c’est trop cool, c’est hallucinant. On est vraiment chanceux de pouvoir faire ça. On le pense vraiment.

Pourquoi faire d’aussi longues chansons ?

— Ahaha. Je pense que parfois les musiciens voudraient être des écrivains mais ils ne savent pas s’exprimer ! Tu sais on est juste des gars qui font de la musique. On a commencé le groupe sans savoir où nous allions. Nous ne choisissons pas la longueur des chansons, ça vient comme ça vient. Puis on n’est pas très bon quand il faut être court. Peut être qu’on est immature. Peut être qu’on est séduit par la grandeur de la jeunesse, et qu’on ne peut s’empêcher de faire de grandes déclarations. Je ne sais pas. Quand les chansons sont aussi longues ça devient presque comme un long voyage, c’est dur et il faut se battre pour arriver au bout. C’est épuisant. La musique devient un exercice physique et c’est passionnant. On aime combattre ! C’est la meilleure réponse que je peux donner. Je suppose que nous ressentons le besoin d’explorer encore d’autres horizons. Cette interview est long voyage. J’aimerais bien un bon combat !

Qu’écoutes tu en ce moment ?

— Bien assez bizarrement, je n’écoute pas trop de musique en ce moment. Apres avoir beaucoup enregistré, j’ai pas trop envie d’écouter de la musique. Bon j’écoute quand même le nouvel album de dirty three assez souvent, c’est sûrement mon groupe préféré. J’écoute aussi le nouvel album de smog, steve reich, shellac et burnst qui sont des amis. J’écoute beaucoup de merdes aussi hehehe. Mais bon les meilleurs disques de cette année sont pour moi les disques de smog, des dirty three et de hella. J’écoute beaucoup Fennesz aussi. Tu as écouté endless summer ? Superbe disque.

Avec qui rêves tu de tourner ?

— Explosions in the sky encore et encore. C’était vraiment génial. Mais il y a tant de si bons groupes avec lesquels j’aimerais tourner. Il y en a même trop. Peut être shellac ou yo la tengo ou hella ou low… Je ne sais pas, ils sont tous fantastiques. En fait j’aimerais vraiment tourner avec de bons groupes anglais, des groupes qui n’ont pas sortis de disques encore et que personne ne connaît. On a vraiment envie de faire une tournée en Angleterre avec Sanchez, Burnst et Little Girl Wtih Cherries. Ce sont tous les trois d’excellents groupes qu’on a rencontré lors de voyages et on aimerait tourner avec eux. Si on pouvait les prendre avec nous dans notre tournée européenne ce serait encore mieux. On essaye d’aider les gens.

Justement cette tournée où en êtes vous ?

— Et bien, c’est très dur. On a essayé d’organiser une tournée en Angleterre pour cet automne, mais c’est très mal parti. C’est vraiment très dur de trouver des concerts en Angleterre. La scène post rock, art rock, alternative ou peu importe comment tu l’appelles, en Angleterre, est vraiment pourrie. On ne trouve pas de groupes avec qui jouer. Bon on espère que lors de la sortie du disque les choses vont changer. Ce n’est pas un manque de passion, il y a beaucoup de gens enthousiastes, passionnés, qui veulent nous aider et c’est génial d’avoir des gens comme ça. C’est juste que c’est très dur de trouver des salles qui veulent de nous. C’est chiant. Mais bon on a prévu de venir en Europe. Pour avoir parlé à beaucoup de gens partout en Europe, j’ai été agréablement surpris par leur désir de nous voir sur scène. On jouera sûrement au rhaaalovely festival en avril, et on espère qu’il y aura d’autres dates autour du festival. France, Pays Bas, Allemagne, peu importe, si vous lisez ceci et que vous êtes intéressé, écrivez nous. On veut tourner en Europe car on croit en l’Europe. Pas comme la plupart des retardés anglais.



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