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  • 3 janvier 2007 /
    Lauter
    l’interview

    réalisée par gdo

Interview réalisée en Septembre 2007

Comment est né cette idée de projet solo brut de décoffrage ?

— C’était au printemps 2007, une tournée avec LOYOLA (label herzfeld) était prévue en mai, mais s’est malheureusement réduite à une date parisienne. Je me suis dit que ça serait chouette d’avoir un nouveau cd pour l’occasion. L’idée a donc germé environ 2 mois avant le concert.

Comment as-tu travaillé sur ce disque ?

— « Bow » et « She’s putting you on » ont été écrits et enregistrés l’année d’avant : j’ai un peu amélioré le mixage en faisant ressortir les voix, en me penchant un peu plus sur les parties psychédéliques et en rajoutant une bonne dose de reverb et de delay !.

Les autres chansons ont été écrites à ce moment. Les thèmes abordés sont récurant et l’idée de mouvement est souvent présente : qu’il s’agisse de fuite, de séparation, de quête. J’ai fait un premier jet de textes, puis les musiques sont venues très rapidement. J’avais parfois déjà quelques ébauches d’harmonies et de mélodies qui se sont alors consolidées. J’ai alors pu retravailler légèrement les paroles et découvrir ce qui allait être couplets et refrains.

Je passais environ 2 à 3 jours par chanson sur l’enregistrement et l’instrumentation (guitare, banjo, clavier, percussions, programmation). Le mixage a mis plus de temps : c’était la première fois que je me penchais sérieusement seul à cette tâche. Pour la majeure partie de l’enregistrement et pour le mixage, je n’avais qu’un pauvre casque de baladeur (ceux qui rentrent directement dans les oreilles !). Une vraie torture.

Cursed évite magistralement l’écueil de l’ascétisme. Le challenge c’était aussi de présenter des chansons presque en squelette avec un habillement minimal mais impeccable ?

— Oui, je voulais quelque chose de sobre et simple à réaliser, qui s’articulerait autour de la voix et de la guitare. Faire avec les moyens du bord : seul dans ma chambre avec des outils de base. Je ne suis pas sûr de m’être assez abstenu en ce qui concerne les arrangements… Je trouve même que certains des morceaux sont très foisonnants. En règle générale, le minimalisme (ou un minimalisme apparent) ne me fait pas peur.

Cette échappée belle est elle nécessaire dans ta vie de musicien ?

— C’est tout simplement un réel espace de liberté supplémentaire ! Disons que c’est un espace personnel où je peux évoluer comme je l’entends, musicalement parlant où je pense être sincère la plupart du temps. Pour « cursed », c’est aussi d’avoir la possibilité de mener un projet de A à Z : En comprenant l’enregistrement, le graphisme et la diffusion qui se veut très intime. L’idée est d’être proche de mon travail quotidien : écrire des chansons, faire des maquettes… Et les considérer comme produits fini. Le but n’est aucunement de court-circuiter le travail d’un vrai label, j’avais simplement envie de faire quelques nouvelles chansons et si possible que quelques personnes les entendent.

Aurais tu pu enregistrer ces morceaux avec un groupe ?

— Ce n’était vraiment pas le but de se confronter à d’autres personnalités pour ces chansons… L’enregistrement et le mixage de l’album de DREY (qui sort ce mois de septembre 2007 sur le label Herzfeld) venaient de se terminer et j’avais besoin de faire cette musique de manière très égoïste, par contradiction avec un travail en concertation comme ça se passe dans un groupe.

La littérature, le cinéma, ta vie, tes sources d’inspirations sont elles à chercher là-dedans ?

— Je ne crois pas que la littérature ou le cinéma m’aient vraiment influencé de manière apparante pour ces chansons-là. Ce sont des tranches de vies, réflexions, envies, frustrations et souvenirs confrontés et emmêlés qui forment de petites histoires. Ici la musique garde un rôle très important, et c’est autour d ‘elle que le reste s’articule, que les textes et ses tensions sont mis en valeur.

Pourquoi l’ours est ton emblème ?

— En cherchant une idée de photo pour la pochette de mon 1er album « a walk will take my mind off things » (Herzfeld, 2005), je ne voulais pas que des visages apparaissent sur la pochette et l’idée d’une mise en scène m’intéressait. J’avais envie de quelque chose d’atemporel et me dirigeais donc vers un paysage naturel (un bois, une forêt), en cherchant un personnage qui pourrait me ressembler… En musique, je suis souvent râleur, bougon : je suis un ours ! Et puis il y a aussi le fait d’être enfermé dans une pièce souvent sombre à faire de la musique sans vraiment mettre le nez dehors. Je pense que pas mal de musiciens ont l’impression de se réfugier dans leur grotte.

Vas-tu faire vivre cursed sur scène ?

— Oui, j’ai déjà joué certaines de ces chansons en concert. Seul et en groupe, notamment avec LOYOLA et le HERZFELD ORCHESTRA (une version live de « WHO IS THAT BOY » est d’ailleurs en ligne sur le site du label Herzfeld à cette adresse : http://www.hrzfld.com/jukeboxs.htm ) Et je jouerai encore certains de ces morceaux en solo lors des prochains concerts que je vais faire avec SPIDE (le 06 10 @ festival French Connection/Amsterdam, le 07 10 @ la chapelle/Bruxelles et le 09 10 @ Saphir 21/Paris.

Quelle est ta position face à la gratuité de la musique et à tous les changements dus à l’Internet ?

— Je suis plein de contradictions à ce propos. En tant que consommateur, j’apprécie que des artistes mettent des morceaux en téléchargement libre/gratuit. Il vaut mieux que ces musiques soient téléchargées gratuitement et écoutées plutôt que pas écoutées du tout. En tant que musicien, cette gratuité ne risque pas de me faire vivre… Pour moi le disque reste important : le choisir, le mettre dans le lecteur, feuilleter le livret, regarder la pochette, apprécier la tracklist, faire attention à ne pas le rayer…J’aime ce rituel. C’est en opposition avec l’effet grosse compilation qui arrive en téléchargeant titres par titres, en toute insouciance et inconscience de ce qu’un artiste a voulu faire passer sur la longueur d’un album.

Le mot de la fin est pour toi :

— Je vous invite à visiter le site du label Herzfeld, collectif basé à Strasbourg, dont je fait partie : www.hrzfld.com Des vidéos, mp3 gratuits sont téléchargeables et vous pouvez bien sûr commander les productions. Le label sortira encore de très bons albums en 2007/2008 : Drey, T., Guisberg, Electric Electric, Original Folks, Buggy et Little Red Lauter oû vous me retrouverez. Je prépare également un album coproduit par Herzfeld et Clapping Music, nous en reparlerons en 2008 en temps voulu…

petit info supplémentaire : mon cd ’cursed’ n’est commandable qu’à partir de mon adresse myspace : http://www.myspace.com/_lauter