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Interview réalisée par mail en avril 2005

Rodrigo Cardoso est le fondateur du label portugais Bor Land. En moins de cinq ans, ce label s’est affirmé comme l’un sinon LE label le plus important de la scéne indie portugaise. Le responsable de la découverte de Old Jerusalem (chroniqué par deux fois en ces pages) a accepté de répondre aux questions d’ADA.

Avant tout présente toi et présente nous Bor Land.

— Rodrigo Cardoso né le 29 Juin 1979. Producteur, éditeur et musicien au sein des Alla Polacca. Bor Land est un label musical fondé en 2001 avec pour objectif de créer une plateforme à la création et production de musique de qualité. Une petite structure hyperactive qui a commencé à susciter l’intérêt du milieu musical grâce à la forme et à la présentation de ses productions. Le label a ainsi acquis une place de choix en grandissant de façon consciente et régulière.

Explique nous comment est venu l’idée de monter un label et quelles ont été les difficultés rencontrées ?

— C’est d’abord lié à mon plaisir d’écouter de la musique. Cela passe avant tout. À cela il faut ajouter une passion pour les éditions discographiques, la production musicale et l’envie de montrer aux autres la musique que j’aime. Les principales difficultés rencontrées concernent les personnes, d’une part je ne connaissais personne dans le milieu (mais vraiment personne) et d’autre part certaines avaient tendance à ne pas vouloir partager leurs idées. Par la suite d’autres problèmes sont apparus quand il a fallu contacter différentes entités liées aux processus de création, production et promotion. Ici personne ne s’intéresse vraiment à ce qui se passe autour de soi tant qu’il n’y a pas de grandes affiches et de la publicité partout.

Comment s’est constitué le catalogue ?

— Tout a commencé avec la sortie de compilations (NDLR : Looking For Something, Your Imagination et Looking For Stars) la première édition propre étant l’album "April" de Old Jerusalem. Ensuite tout est allé très vite, nous ont rejoint In Her Space, Alla Polacca, Sofa Guitar, Bildmeister, Ölga, Norton....jusqu’à obtenir le catalogue que nous avons aujourd’hui, constitué de vingt-trois albums et onze artistes.

Avais-tu défini une ligne de conduite quant aux groupes que tu irais signer chez Bor Land ?


— Au départ, l’estéthique définie était plutôt associer à la musique indie et alternative, par la suite nous nous sommes ouverts à d’autres styles comme l’électronique, le post-rock, ....

Les artistes viennent donc d’horizons très différents ?

— Oui, on va du folk au post-rock en passant par l’électronique. Nous étions très proches des sons alternatifs mais cette année nous avons pris le risque de toucher à la musique expérimentale et à l’électro-acoustique.

Tu t’attendais à avoir d’aussi bons retours de la part du public et de la presse ?

— Je n’y ai jamais vraiment pensé. De ces retours je ne connais que très peu de leurs auteurs, avec d’autres nous avons établi d’excellentes relations mais je crois que c’est dû en grande partie à notre façon de travailler et à la présentation de nos productions. Mais bien évidemment nous sommes très satisfaits de ces retours.

Et dans le cas Old Jerusalem ? Vous vous attendiez à un tel succés ?

— On ne s’y attendait pas. On ne sait jamais vraiment ce qui va se passer. Mais avec un bon disque, il est bien plus simple de toucher le public et d’obtenir une certaine reconnaissance. La vérité est que dans le cas de Old Jerusalem, les deux disques étant excellents, cela se refléte dans la façon dont ils ont été reçus.

Maintenant que le Portugal est "conquis", l’objectif est l’international ?

— Sans aucun doute. Mais c’est encore un grand pas. En prenant en compte le fait que presque toutes les éditions aient un tirage de mille copies, il est difficile de penser tout de suite à passer à une plus grande échelle. Cette année nous allons beaucoup investir auprés de promoteurs, distributeurs et presse, en fonction des résultats nous déciderons quels chemins emprunter.

Te sens-tu affecter par le problème "peer to peer" ou au contraire est-ce un bon moyen de promouvoir les disques ?

— Absolument pas. Vu l’investissement et le nombre de tirage par édition, je ne peux voir qu’avec de bons yeux ces programmes de partage. C’est un bon moyen de communication. Je les utilise, je ne vais donc pas critiquer ceux qui l’utilisent aussi. Et le feedback n’est que plus important.

Le fait de faire de chaque édition un objet avec un visuel graphique élaboré et pas "seulement" un disque est une façon de combattre le piratage ?


— Tout à fait, ce sont ces détails qui, avec la musique, font que la personne voudra l’original et pas simplement une copie. C’est une attention particulière que nous donnons à la présentation de nos "produits". Nous utilisons toujours des packagings originaux et peu fréquents en ayant recours aux travaux d’artistes, de photographes ou de designers. Le langage artistique recherché commence à se créer et nous avons remarquer que les personnes y font attention.

Deux albums très attendus viennent de sortir (Old Jerusalem et Sofa Guitar). Comment se passe leur promotion ?

— Vraiment trés bien, nous avons beaucoup travaillé sur ces deux éditions et j’espère que tout le temps investi sera récompensé. Ce sont deux disques très forts, Old Jerusalem par ses incroyables chansons et Sofa Guitar pour ses mutations constantes. Nous avons déjà un grand nombre de dates de concerts et les disques ont obtenu d’excellentes critiques dans la presse.

Vous avez ressenti une pression particulière lors de la préparation de "Twice The Humbling Sun" ?

— Une pression relative...Nous ne sentons pas vraiment de pression lorsque nous produisons nos disques mais si l’on tient compte des bons résultats obtenus par "April" il est normal qu’une pression particulière vienne s’ajouter (que Old Jerusalem doit sûrement sentir plus que nous).

Quelles sont les prochaines sorties du label ?

— Complicado (NDLR : album "Hunted" le 13 Mai) puis les projets Most People Have Been Trained To Be Bored, Carlos Bica, München et une compilation pour fêter les cinq ans du label.

Qu’as-tu écouté ces derniers mois ?

— Des tas de choses mais je retiendrai Animal Collective, Bright Eyes, Kid Dakota, John Zorn, John Fahey...

Imagine maintenant que tu es à la tête d’un énorme label international, qui aimerais-tu signer ?


— Tellement de choses que je ne saurais pas par où commencer. Jim O’Rourke serait toutefois une excellente option !!

Quel est le futur de Bor Land ?

— Aucune idée. Mais j’éspère qu’il apportera toujours du son, de préférence du son frais.

D’ailleurs pourquoi Bor Land ?

— C’est un nom sans réelle signification qui a plus à voir avec sa sonorité et son visuel graphique. C’est presque un concept Kodak.

Un dernier mot pour les lecteurs ?

— Qu’ils visitent le site, y téléchargent des mp3 et achètent quelques disques !! www.bor-land.com !!!



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