Interview réalisé via mail en septembre 2007
Qui es tu Amélie ?
— Lilloise, adepte de néo-folk !
La question qui me taraude pourquoi ces titres de disque à rallonge ?
— J’aime bien voir les disques comme une histoire, où chaque titre serait un chapitre du conte… et les histoires les plus alléchantes ont des titres biscornus… " La triste fin du petit enfant huitre " de Tim Burton, en voilà un titre ! et puis, dans mon esprit, un seul mot pour un titre, c’est comme lui donner un prénom, et je trouve ca trop réducteur… à choisir, j’aime mieux les prénoms indiens, qui permettent de décrire la personnalité de la personne. Pour ce disque, c’est pareil : " the real nature of the fantastic ice cream car " fait référence à ce qui se cache derrière la façade brillante et sans faille d’une caravane de marchand de glaces, où sûrement des blessures et des secrets se cachent !
Quel est ta source principale d’inspiration pour ce premier album ?
— Les paroles de mes chansons sont en majeure partie inspirée par ma vie, inspirées par mes amis, mes rencontres, mes lectures. Pour l’image, tu sais, quand tu fais passer de la lumière à travers un prisme, un arc-en-ciel sort de l’autre coté… et bien pour mes histoires, c’est pareil : j’essaye de les faire passer à travers ce prisme pour les rendre plus jolies, pour les transformer, leur donner un autre aspect, plus fantastique et taraudé.
Ton univers semble proche de celui de Tim Burton, est-ce une figure artistique qui te parle ?
— OUI !!! Je l’ai même déjà cité un peu au dessus… j’aime les artistes qui autorisent à leur imagination les plus grandes divagations, qui lui laissent une totale liberté. Pour moi, Tim Burton est de ceux là. Il suffit de voir Mars Attacks, Edward aux mains d’argent, Beetlejuice, ou encore Ed Wood…. Ed Wood, où un réalisateur déjanté s’intéresse à un autre réalisateur complètement barré, il y a quelque chose comme une mise en abïme là dedans, non ?
En parlant de référence Cat Power est une récurrence dans les papiers sur toi, mais tes références sont lesquelles ?
— Cat Power en fait partie, mais ce n’est pas la principale… Juste avant l’enregistrement, Joanna Newsom a sorti son disque, " Ys ". Je l’ai écouté, et là, le choc… j’ai appelé Thomas Mery (le réalisateur de mon disque) pour lui dire que ce n’était pas la peine de partir en enregistrement : Joanna Newsom avait tout dit ! Elle est vraiment une maîtresse pour moi. Et puis bien sûr, Bjork. Pour son univers entier : c’est comme si elle avait compris sa propre maison, de la cave au grenier, ce qui la rend totalement inclassable et toujours dans le renouvellement. Et puis dans la veine neo-folk, je suis une inconditionnelle d’Herman Düne et Bright Eyes…
À l’image de Mathias Malzieu ton univers semble ancré dans l’enfance ? Tu revendiques ce droit à ne pas tout à fait grandir ?
— Ce n’est pas vraiment un refus de grandir… Je dirais plutôt que la liberté qu’ont les enfants à interpréter la réalité me satisfait davantage que la façon de voir des adultes, trop restrictive à mon goût. Les adultes ont des réponses trop pragmatiques et raisonnables. Les enfants ont la capacité d’appréhender la vie de la manière qui les arrange, qui la rend plus palpitante et aventureuse. L’imagination n’a pas de limite palpable à travers la vision de l’enfance, et j’aime à voir la réalité sans forcément les règles et les repères qui la jalonnent. J’aime la liberté totale que ca m’autorise..
Tu t’inspires de quoi pour l’écriture ?
— Je m’inspire de ce que j’écoute, de ce qui me passe sous les yeux, que ce soit des livres, des films, ou dans la rue…
Comment juges-tu la dualité entre cette voix quasi enfantine et ces chansons avec des fantômes partout ?
— Je n’ai pas envie de juger, pour être honnête ! rien dans cette histoire n’a été calculé, depuis le départ. Il y a à peine 2 ans je commençais mes cours de guitare, et j’écrivais mon premier morceau. Les choses sont sorties de cette facon, sans forcément de travail ou de réflexion sur un univers ou sur des intonations. Maintenant, il est sûr qu’avec ces textes associés à une voix que tu qualifies d’enfantine, on pourrait penser qu’on a laissé une guitare dans les mains d’une gamine un peu barrée. Heureusement, les arrangements donnent une note plus grave et mâture à l’ensemble. A la fin de l’enregistrement, Thomas Mery m’a dit qu’il m’avait aidé à me faire grandir, et il a complètement raison…
Tu peux nous parler du visuel très lo-fi de la pochette ?
— La pochette a été réalisée conjointement par Izo et LN, deux amis : le premier photographe, la seconde dessinatrice pour livres d’enfants. Izo, qui était présent à l’enregistrement, a pris cette photo dans le jardin de la maison, où la propriétaire fait pousser un labyrinthe végétal. LN, qui avait déjà réalisé le visuel de l’EP " from the burning tree to the monster mountain ", a repris le thème des arbres (développé sur l’artwork de l’EP), pour marquer la continuité entre ces deux disques. Et puis, j’aime bien l’idée que la photo s’étale sur le recto et le verso, toujours pour faire écho au titre, à ce qui ce cache derrière les apparences : c’est en dépliant le digipack que l’ensemble apparaît et qu’on comprend la scène.
Quels sont tes envies actuellement ? Avec qui aimerais tu collaborer par exemple ?
— J’ai envie de sortir un EP, tant que le disque est encore un peu vivant. Je serai triste quand l’objet ne sera plus qu’un truc de collectionneur, comme les vinyles. Et quitte à parler de collaboration… que fais Dany Elfman ces jours prochains ? Mais plus sérieusement, j’aimerais beaucoup que Thomas Mery accepte de repartir dans cette aventure en studio…
L’avenir c’est quoi ?
— L’avenir, c’est la tournée ! défendre le disque sur scène, et cette fois accompagnée de Jérome Lapierre. J’ai hâte de monter le set avec lui : plein d’instruments sur scène, le jeu que permet le duo… Vivement !
Le mot de la fin est pour toi :
— Don’t be scared by snakes and bees By judgement people radios and TVs Come to me, my island girl, We’ll draw together beautiful landscapes…