Presque dix ans sans aucune nouvelle de Gille Deles Aka Lunt. Caché sous sa casquette de producteur, entre autre des albums d’Angil, Melatonine, Dana Hilliot & Friends, Half asleep autres poulains de la belle maison We Are Unique records. Nous désespérions d’entendre de nouveau cet explorateur du son. Avec « Switch The Letters, Lunt » il est de retour, ou plutôt Gilles Deles se découvre. Loin de l’expérimental premier disque , Gilles arpente les chemins balisés par des idoles, allant de REM à Gastr del Sol, le tout avec une simplicité touchante (naïveté ?).
Si je devais balayer un grief d’entrée à cet album, c’est d’avoir commencé par le morceau le pus fort. « Golden House V2 ». Imaginez une course cycliste commençant en haut d’une montagne, cela n’aurait pas sens, le plus dur ce serait passé avant. C’est bien la crainte légitime que nous pouvions avoir en écoutant ce titre, comme si le Beta Band nous revenait frais et dispo après un long break, s’offrant leur meilleur titre, sans laisser percevoir le moindre rictus de souffrance pour sa réalisation. De ce Pic Gilles ne pourra que descendre, mais ne pas aller plus bas, je m’explique. La norme aurait été de partir tout shuss vers le bas, descendre en avalant l’asphalte, sans ne rien voir des bas côtés. Mais Gilles a de bons freins, et tout au long de cette ballade, il saura se poser, reprendre son souffle, s’offrir des bouffées d’air pur. Si l’ombre de Michael Stipe est indéniable (même façon de conjuguer chant fébrile et juste, et aplomb dans les passages tutoyant la fausseté) Gilles sait y amener des rencontres.
La simplicité au pouvoir, l’intime comme une source à explorer, ce disque de Lunt est une cure de bien être, une caresse auditive qui ne se démentira sur aucun titre, nous plongeant même parfois dans l’émotion brute (« Switch The Letters » qui n’est pas sans nous rappeler le meilleur de Mark Hollis), nous touchant en plein cœur (« Happiness Is Transent ») quand il chante pour Gerald Guilbaud, une chanson tout à la fois naïve, emprunte d’aucune nostalgie, juste de coucher en notes et en mots un lien qui va bien au delà de l’amitié, un lien très haut , très très haut, comme l’ensemble du disque, là où l’air est pure. Un retour à l’émotion fracassante.