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Résultats de la recherche « Philippe Crab » : 5 resultats trouves.

  • rédigé par Greg Bod (ancien rédacteur) / Rubrique Labellisés (point : 8%) (Popularité : 1) 1

    En France, il y a les suiveurs, les copieurs de Dominique A, de Bashung... Et puis il y a les laborantins, les déconstructeurs, les révolutionnaires, les déroutants... Il y a les libertaires comme le label Le Saule (June et Jim, Antoine Loyer, Philippe Crab...), ceux qui sont un pied ancré dans le patrimoine et un autre dans l’ailleurs (A Singer Must Die), les créateurs absolus (Mendelson, Orso Jesenska, Michel Cloup...)

    Où classer Florent Marchet ? Difficile question... Souvent inventif et pas toujours convaincant mais inventif en ces temps frileux... Lui qui se dit "créateur d’album roman"... De changement de décor en changement de décor, le berrichon nous trimballe. De l’inaugural "Gargilesse" au sublime "Rio Baril" en passant par l’aventure littéraire et collective "Frère Animal". Avec "Courchevel", son avant-dernier album, il brouillait encore les pistes dans des croisements congénitaux de variété vintage des années 70 et l’ironie mordante qui le caractérise.

    Choisissant de ne pas choisir depuis le début de sa carrière, de ne pas choisir entre le bon goût et le moins bon, entre le grand public et l’abscons... Florent Marchet aime dérouter, déranger...

    Avec "Gargilesse", c’était une déclaration d’amour aux musiques boisées (Sufjan Stevens, Elliott Smith) mais aussi à la gouaille moqueuse de Papy Souchon... Avec "Rio Baril", il poussait plus loin encore le concept de l’album roman en se transformant en démiurge créateur d’univers plein.

    Et si Florent Marchet était un conteur finalement ? Un styliste ? Doute une fois de plus confirmé par son travail sur "Frère Animal" avec Arnaud Cathrine et Valérie Leulliot (Autour De Lucie) Un constat froid, cynique du monde de l’entreprise.

    Avec "Courchevel", il revenait affublé d’une ridicule moustache avec cette critique acerbe de la petite bourgeoisie à la Chabrol vue par les yeux d’Ozon... Finalement, quand on s’attarde sur la carrière de Marchet, il semble évident qu’il n’évolue pas au sens strict du terme mais plutôt qu’il se met au service de nouvelle histoire, de nouvel univers à chaque création un peu comme un acteur qui rentre dans son rôle.

    Florent Marchet a choisi de ne pas choisir entre Mainstream et Avant-Garde. Est-ce du culot, de l’audace ou de la déraison de citer pêle-mêle dans un même objet musical Houellebecq, Ligeti ou Pierre Henri ? Faut-il y voir de l’ambition ou juste un raisonnement poussé à son extrême ?

    Bambi Galaxy est un album difficile provoquant des réactions tranchées... Il y a ceux qui entrent dans l’histoire et ceux qui n’y entendent rien...

    Comme tout odyssée qui se respecte, ce sont les chants des sirènes face au monolithe noir qui ouvre l’évocation ("Alpha Centaury")... Il y a les mêmes veillités Pop Vintage que dans "Courchevel" mais comme gonflées à l’hélium ("Reste Avec Moi").

    Florent Marchet aime dérouter... Il y a ces textes sombres avec ces contre-points musicaux qui se jouent du kitsch et du mauvais goût... Vous penserez souvent à John Maus, la folie décalée en moins ("Que font les anges ?"), vous croirez reconnaître Ariel Pink prostitué par Panda Bear qui se prendrait pour MGMT dans cette lassitude monotone ("Où étais-tu ?")...

    Florent Marchet aime dérouter... Entre Pop et disco robotique ("Heliopolis") et la dissonance des nombres ("647")... Florent Marchet aime dérouter... Emprunter à Todd Rundgren, enfiler Gainsbourg dans les grandes largeurs ("Space Opera")

    Puis viennent ces vieux sons de synthé sur Bambi Galaxy... Et là tout de suite, me reviennent mes premières écoutes d’"Oxygène" de Jean-Michel Jarre avec cette grande pochette de vinyle qui m’intriguait gamin... Je me rappelle que je me disais que l’an 2000, cela ressemblerait à cette musique, que ce serait l’âge de tous les possibles... 2000 est passé, pas de bug mais rien de plus non plus... Pas de voiture volante,pas de voyage intergalactique.... Une crise et des finances et des consciences comme dans les années 70, une continuité d’une autre continuité.... Quelque part,"Bambi Galaxy" me renvoie à "Oxygène" mais à un Jean-Michel Jarre qui aurait écouté le "Space Oddity" de David Bowie.

    Quand le Berrichon retrouve une certaine sobriété dans ses arrangements, quand il laisse de côté les artifices, quand il ne déconstruit pas ses mélodies, on est happé par "La dernière seconde" ou "Devant l’espace". "Apollo 21" fait remonter toutes les angoisses de notre monde... Ce monde d’aprés la disparition de notre génération. Entre science-fiction et hyper science, le constat est sec et glaçant... Entre "La Planète sauvage" de Laloux, le "Solaris" de Tarkovski et l’addition de nos névroses... Il y a ces moments d’évidence comme "Ma Particule élémentaire" et cette vie qui file vers un futur incertain et inquiétant...

    Florent Marchet aime dérouter... Fait de facilités, d’ambitions, de clins d’œil ironiques, de quinzième degré assumé, de goût pour les ruptures, Bambi Galaxy provoquera le scepticisme chez vous à tel moment puis là l’enthousiasme quand ici l’émotion se taira puis là les larmes dans les yeux... Bambi Galaxy vous déroutera, vous dérangera, vous interpellera, preuve de toute la vivacité d’un univers en construction.... De ces albums difficiles à digérer, qui divisera, qui agacera certains quand d’autres s’y jetteront avec délectation... Un objet différent qui ne peut être dans la tiède indifférence...

    www.florentmarchet.com


  • rédigé par gdo / Rubrique Compilations (point : 25%) (Popularité : 1) 3

    Avant propos : à la demande d’un musicien un titre a été enlevé de cette compilation. Ne voulant pas toucher à l’artwork de Stephane Merveille, vous pourrez maintenant telecharger ce volume ici via bandcamp :

    32...Oui déjà 32... pas tout à fait l’âge christique mais déjà bien ancré dans l’âge de raison.... 32 bougies.... Déjà 32.... En ces temps de football sur tous les écrans, en ces temps estivaux, quoi de mieux qu’un retour aux sources et à la découverte d’artistes aussi différents que singuliers....

    Car la singularité doit toujours l’emporter sur la masse, car les nuances des langues nous révèle

    Car parfois l’urgence s’infiltre dans nos vies, détruit nos toits et meurtrit nos chairs, parfois, la musique doit et est un baume qui apaise... Car la musique est une fenêtre qu’on ouvre, car la musique est un air frais qui combat le vicié, car la musique est un soleil apaisé...

    Nous sommes des gens simples chez A Decouvrir Absolument avec des envies simples... Nous ne serons jamais des Lester Machin, des Bernard Le Truc... Nous ne serons que des passeurs et c’est déjà bien assez...

    Car parfois l’histoire s’infiltre dans nos vies, de commémoration amnésique de débarquement sur des plages normandes en gestes de l’impulsion d’un Gavrilo Princip face au Géant d’Argile.... Stéphane Merveille l’a bien compris avec cet hommage sans solennel et ces soldats comme des parodies de nos faillibilités....

    Car parfois la langue française peut être plurielle, se prête à l’invention et au malaxage comme une glaise informe....

    Car parfois face à l’urgence, la seule chose qui rassure, c’est le partage....

    Pour toutes ces raisons et bien d’autres nous sommes fiers de vous présenter cette nouvelle compilation, ce volume 32 de la collection des compilations A Decouvrir Absolument

    Greg Bod

    PS : merci de ne pas linker le fichier zip, mais la page, les infos sur les groupes et artistes sont sur celle ci. Merci pour eux.

    PS 2 : réagissez à cette compilation en bas de la page, et notez là en haut de celle-ci PS 3 aidez moi à continuer à héberger ces compilations (plus de 30) via mon compte paypal

    PS3 : Rejoignez l’équipe : http://www.adecouvrirabsolument.com...

    — 01 Romain Baudoin - Aqueras

    Titre de l’album : 1 Primate

    Nom de votre label : Pagans

    site / mail

    — 02 Summer - Laura Gemser

    Titre de l’album : Laura Gemser Ep

    Nom de votre label : Autoproduction

    site / mail

    — 03 MellaNoisEscape - Pop Chords

    Titre de l’album : MellaNoisEscape

    Nom de votre label : Olivier Mellano / Ulysse Productions

    site / mail

    — 04 A Singer Must Die - Black Limo

    Titre de l’album : Venus Parade & More Songs Beyond Love

    Nom de votre label : Modulor

    site / mail

    — 05 l’Hapax - Trip and Track

    Titre de l’album : Cuttlebone

    Nom de votre label : La Cabine

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    — 06 Colin Chloè - Walden

    Titre de l’album : Au Ciel

    Nom de votre label : Hasta Luego recordings

    site / mail

    — 07 Can No Hey Picnic - Insolation Pour un Vampire Diabétique

    Titre de l’album : Hotel Sport

    Nom de votre label : Autoproduction

    site / mail

    — 08 Lufdbf - Volage

    Titre de l’album : Drei

    Nom de votre label : Autoproduction

    site / mail

    — 09 Horse Temple- Tight Fight

    Titre de l’album : Ghosts / Tracks

    Nom de votre label : Zèro Ègal Petit Intèrieur

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    — 10 The Balladurians - Un Elephant Me Regarde (Antoine cover)

    Titre de l’album : The Balladurians #3

    Nom de votre label : Pagans

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    — 11 Angil and the Hiddentracks - Soaking the Lines

    Titre de l’album : Lines

    Nom de votre label : We are Unique Records

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    — 12 Matthieu Malon - des Traces :

    Titre de l’album : Peut-être Un Jour

    Nom de votre label : Monopsone

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    — 13 titre retiré à la demande du musicien

    — 14 More Yellow Birds - Lost and Found

    Titre de l’album : Your Enemies Are Fake

    Nom de votre label : Autoproduction

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    — 15 Dad Rocks ! - Peers

    Titre de l’album : Year of The Flesh

    Nom de votre label : Les Disques Normal

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    — 16 Peter Piek - Left Room

    Titre de l’album : Cut Out the Dying Stuff

    Nom de votre label : Solaris Empire

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    — 17 Black Cherry Cirkus - Heal

    Titre de l’album : Heal E.P.

    Nom de votre label : Wild Youth Records

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    — 18 Balbec - Architecture Of Faith

    Titre de l’album : Two Sides To Every Story

    Nom de votre label : Autoproduction

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    — 19 Ropoporose - Moïra

    Titre de l’album : Elephant Love

    Nom de votre label : Autoproduction

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    — 20 Philippe Crab - Averse

    Titre de l’album : Necora Puber

    Nom de votre label : Le Saule / Les Disques Persévèreances

    site / mail


  • Je vous ai déjà dit combien j’aime tout ce qui est organique, sybillin, imparfait. Combien j’aime ce qui désaxe nos angles de vue habituels. Pour adhérer à un univers, pour aimer les mots, la musique d’un autre, il me faut entrer en reconnaissance, à tâtons dans ces territoires là.

    Entrer dans le lumineux "Bois Et Charbon" de Midget, projet mené par Claire Vailler et Mocke, c’est comme quelque part ré ouvrir "La Question" posée par la grande dame aux longs cheveux bruns en 1971. Univers fort et fragile à la fois, délicat et ample. Jamais très éloigné des ambiances de Holden, un des autres groupes de Mocke, parfois proche de la mélancolie empathique de Valérie Leulliot ("Les Remparts"). Il y a ces arrangements savants mais toujours attirants, toujours magnétiques qui ne sont pas sans rappeler le travail d’Arlt, Bizarre isn’it ?

    Midget fait partie de cette scène française que j’aime, aventureuse et audacieuse dans la multitude des teintes qu’elle propose, à des années lumières des discours trop lisses, de l’emphase empesée des précieux ridicules qui pense que poésie et créativité riment prosaïquement avec posture et facilité. Que l’on jette la pierre à celui qui ose dire que la chanson de par ici est trop ancrée dans le patrimoine, à cet autre qui dit qu’elle est trop sous l’influence des anglais, à celui-là qui ne jure que par les figures tutélaires, les commandeurs d’ici, Bashung, Brel, Barbara,Brassens, Ferré, Dominique A. Que l’on jette la pierre à ceux-là qui préfèrent les raccourcis à la curiosité. Car la scène française est belle et bien riche avec ses propositions comme des patchworks d’envie. Quoi de commun entre les créations du label Le Saule (Philippe Crab, Antoine Loyer, Léonore Boulanger), Mickael Mottet avec ou sans ses Hiddentracks, Delphine Dora . Sans doute une envie de corrompre cette musique pour mieux la renouveler.

    Raconter cette maîtrise Pop à l’oeuvre ici, c’est retrouver le palpitant, le vivant, le chaleureux, ce qui brûle en nous comme un combustible incandescent, comme du Phosphore qui irradie et aveugle ("L’Occident"). C’est se regarder dans le miroir, dans ce reflet trop lourd qu’on néglige si souvent, ne pas reconnaître les traits familiers, ne pas en comprendre la raison, rire sans joie de cette impression ressentie, être bouleversé par ce premier cheveu blanc, comme le début de la démission de nos corps. C’est entendre cette voix que l’on ne reconnaît pas.

    C’est parfois se laisser porter par ces chants mêles entre réminiscences des choeurs en canon de nos bancs d’école et prédictions des Pythies ("Gorge S’Enflamme"). C’est convoquer l’irraison calme de celui qui a déjà touché le fond, qui ne sait pas s’il veut remonter à la surface ou cloué dans la boue épaisse et visqueuse. C’est se perdre dans les ruelles de John Martyn, d’un Henri Crolla apathique ("Rhapsodie").

    C’est retourner aux déambulations qui ne mènent nulle part. C’est traverser la jetée, monter à bord de la barque, prendre à pleines mains les rames lourdes qui font mal aux bras et petit à petit couvrir les distances qui séparent. Accoster sur une plage ni laide ni belle, d’une neutralité terne, rejoindre la passerelle plus haut, s’abriter du vent et deviner parmi les algues en contre-bas les corps qui déjà se relèvent. Parmi les brumes légères comme un linceul fin apparaît cette île, ni menace, ni abri. Je n’ai pas d’autre choix que de rejoindre la cohorte, la meute beuglante , les rejoindre ou me dissoudre ("Sans ombre/Cristal).

    C’est retrouver la grâce de Rickie Lee Jones, de Nina Simone dans ces aventures là ("Terre Folle"). C’est être léger sans oublier d’être profond. La joie sera ancienne, elle aura les couleurs délavées des bonheurs à venir.

    Penser musique c’est penser sons mais pour moi c’est aussi penser couleurs. Quand j’écoute Midget et "Bois et Charbon", je retourne à l’ocre de certains des paysages de Millet, entre gravures presque épurées et apologie de tous les contrastes de l’orange. Ecouter Midget, c’est se faire sensation, c’est être cet animal qui hume l’air pour mieux prévenir les dangers, cette créature qui quitte le sentier balisé pour pénétrer les ronces massives comme un naufragé dans le végétal. Sentir les épines qui déchirent la chair sans plaisir.

    C’est se lover dans cette sensualité amicale, cette intimité qui ne durera pas ("Echo"). C’est se laisser bercer par un Doo Wop arythmique, un gospel païen en regardant cet enfant, héros de papier dans ces lacs de delta. C’est découvrir la ville inconnue, sentir à nouveau le sang qui coule dans nos veines. Se surprendre à être au monde, de ce monde ("Chemin sans chemin").

    Ouvrir cette fenêtre, regarder au fond de soi, en finir avec ses questions... C’est vivre ces aubes, ces lumières dans l’immeuble d’en face qui doucement apparaissent comme des guirlandes taiseuses, comme un puzzle aux pièces dépareillées ("Selda")

    C’est enfin sortir la chaleur du bois, du charbon, savoir que tout cela ne sera bientôt plus que braise rougissante comme un timide qui s’excuserait d’être là. Alors pour quelques instants, nous retournons aux sens, à l’urgence d’être à nous même. Pour un instant, je viens me réchauffer à ce feu entre bois et charbon, je t’observe, toi qui brûle, qui brûle doucement...

    http://www.uniquerecords.org/artists/midget-_27/bois-et-charbon_83.html?b=catalog


  • Bon dieu !!!! Que cette société m’afflige !!!!

    Aujourd’hui on fait rimer exigeant et savant avec chiant. La curiosité recule là où la singularité, l’originalité n’ont plus le droit de citer.

    Créer sans frontières est devenu un acte politique pour ne pas dire libertaire. C’est le cas du label Le Saule, entre Folk hybride et musique des mondes, entre malaxage des influences et des confluents et volonté de briser les fondations d’une certaine idée de la chanson française.

    Je retrouve dans cette démarche comme des répliques, des soubresauts du Maelstrom Punk des années 70 face à un Rock qui s’était embourgeoisé dans des soli de guitares chiants comme un mauvais épisode de Derrick (pléonasme).

    La littérature, par exemple, a su évoluer et se métamorphoser de manière radicale.... De Céline à Duras, combien de révolutions lunaires !!!!

    Pourquoi ne pourrait-on pas en faire de même avec le langage de notre musique hexagonale quand on voit les codes du Jazz ou de la grande musique se déconstruire et se reconstruire ?

    C’est ce pari ambitieux et audacieux qu’ont pris ces artistes là, que ce soient June et Jim, Léonore Boulanger, Jean-Daniel Botta, Aurélien Merle, Antoine Loyer ou encore Philippe Crab.

    Certes, les productions du label Le Saule (ici aidés par la structure indépendante Les Disques Persévérance) ne sont pas toujours aisés à appréhender car elles requièrent une écoute de chaque instant pour en répandre tous leurs charmes.

    Ceci posé et dit, il est toujours bon de donner des coups de pied dans la fourmilière. D’Arnaud Le Gouefflec à André Cheval, ils sont quelques uns à torturer ces musiques là pour leur faire rendre l’âme et les voir ressusciter comme métamorphosées... Ces mêmes artistes qui se refusent à trop de révérence respectueuse qui éteint la novation.

    C’est d’ailleurs le brestois Arnaud Le Gouefflec (présent sur le volume 31) qui me disait d’un œil amusé il y a peu cette phrase magique bien plus profonde qu’elle n’y paraît :

    "La chanson française n’existe pas"

    Du Jazz manouche de Brassens au Swing de Trenet, de la musique auvergnate de la Musette aux effluves d’outre-manche de la Pop de Dominique A.

    La création est née de l’irrespect, de l’envie d’abâtardir un concept sacré. Il faut laisser brûler cette rébellion tant qu’il y a des braises.

    Ce manifeste pourrait être la devise de Philippe Crab avec "Necora Puber".

    Il y a cette écriture musicale singulière entre dissonance, folklore des incertains, world music des sans horizons. Il y a cette langue à l’ésotérisme accueillant, cette langue à tiroirs qui se gagne. C’est à d’autres libertaires que vous penserez à l’écoute de ce nouvel album de Philippe Crab, le Label Saravah ("Ricochets"), John Martyn qui retrouverait le goût du jeu avec Pierre Barouh ("Ligne Claire"), Léo Ferré qui s’acoquinerait avec l’ouverture d’esprit d’un Nougaro.

    C’est une musique savante, aventureuse. Ce trio-là fait des merveilles avec la voix en contre point de la charmante et irradiante Léonore Boulanger, le jeu riche et immédiatement identifiable de Jean-Daniel Botta. On se croit parfois à la bordure d’un classicisme mais très vite l’académisme est rejeté d’un mouvement d’idée d’une orchestration rythmique incongrue renvoyant aux musiques primitives immémoriales ("Parc") Cette démarche là ne relève pas d’un ethnocentrisme réducteur d’occidental intellectuel. Cela sent l’humus, la terre, les transes sans Peyotl, les rêveries à la Thoreau ("Madeleine")

    C’est une musique qui se gagne, qui s’apprivoise. On croit saisir la mélancolie d’un Moustaki grandiose, la lumière solaire d’un Orso Jesenska. Entre déconstruction et haiku, entre vire voltage enthousiaste et contemplation immobile des lieux que l’on traverse, tout est fragile ici ("Averse")

    Revenons à cette langue inventive, certes moins surréaliste et moins ancrée dans les déviances ludiques du copier-coller de Jean-Daniel Botta. Toutefois, force est de reconnaître que nous nous reconnaîtrons dans cet insecte qui glisse d’onde en onde sur ce lac caché au fond de la forêt dans cette clairière ("Forêt) Dire de "Necora Puber" qu’il est un objet bucolique serait par trop réducteur et caricatural. La nature chez Philippe Crab est toujours fortement chargée de la présence parasite et intrusive de l’homme, qu’ils s’agissent de vestiges, de traces de temps disparu... ("Concrétions")

    Ecouter "Necora Puber", c’est comme être saisi par l’ivresse du paysage qui défile à la fenêtre d’un train... L’attraction éphémère d’une perception, l’apparition rare et instantanée d’un village qu’on ne verra jamais, de gens qu’on ne rencontrera pas, de zones industrielles laides comme des croûtes sur la chair, des pancartes de gares qui ne signifient rien, la patine du temps qui assèche les lieux, la vitesse de visions trop fugaces pour s’imprimer en nous ("Trains")

    Et puis il y a le retour à l’enfance mais pas du territoire de l’idéal. Plutôt, celui du "Seigneur des mouches", plutôt cet état du cruel accepté, sans limite comme cet enfant qui se plait à tuer des fourmis pour ensuite les célébrer dans un cérémonial funèbre et solennel chargé du drame de sa mise en scène. Cet enfant aux aguets de ses découvertes, à l’alibi de sa construction en futur.

    "Necora Puber" foisonne et est étrange.... Souvent fascinant, parfois irritant, jamais dans une politesse qui réduit ni dans une indifférence convenue. "Necora Puber" est singulier, imparfait mais vibrionnant et stimulant bien loin de toute envie de frilosité apeurée...


  • rédigé par gdo / Rubrique Ma Compilation ADA (point : 8%) (Popularité : 1) 1

    Saint Le Gouëfflec Vs Frere Bernstein & the Holy Pioupioufuckers - Qui veut la tête de Saint Jean-Baptiste - VOLUME 33

    Alma Forrer – Bobby - VOLUME 33

    Marianne Dissard - Am Letzen - VOLUME 35

    La Rive - Sur l’Autre Rive- VOLUME 34

    Garden With Lips – Madeleine - VOLUME 34

    Baptiste W. Hamon - Les bords de l’Yonne - VOLUME 33

    The Keys - More often than not - VOLUME 33

    Philippe Crab – Averse - VOLUME 32

    Pagan Poetry - Another Earth - VOLUME 30

    Tue-Loup - Les Grandes Marées - VOLUME 28






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