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Ça cogne dur au bord du lac Léman. Formé en 2019 après avoir assisté à Berne à un concert de Deutsch-Amerikanische Freundschaft (R.I.P. Gabriel Delgado-Lopéz), le duo helvète Bound By Endogamy – soit Shlomo Balexert, grand fan des Berurier Noir, et Kleio Thomaïdes – publie, après l’inaugural Huit Cauchemars D’une Machine Fêlée, son premier album sur le solide label genevois Les Disques Bongo Joe (Hyperculte, Alice, Sourdurent). Si, à la base, leur espiègle patronyme est une private joke, le milieu punk genevois s’avérant à priori restreint, la dimension politique ne doit pas être évacuée, l’endogamie étant typiquement le genre de saloperie à même de freiner l’ouverture à l’autre. Sur scène, Shlomo et Kleio utilisent une batterie, des claviers et des samplers, ce qui leur permet d’user d’un son brut de décoffrage et de transformer leurs sets en happening électro hardcore, sonorités doom acidulées à l’appui, pour des prestations enfiévrées qui se prolongent jusque dans ce premier album aux huit titres intègres et incandescents, influencés par l’EBM tout autant que par Oliver Chesler, aka (entre autres) The Horrorist. Ainsi, un morceau tel que Killed By Shame illustre à merveille le combat entre un téléphone hardbass fou et Camilla Sparksss : match nul, la rage est gagnante, même si le mid-tempo Withered Flowers, entêtant à souhait, lignes de clavier 8bit mélodiques et mélancoliques, réverbérées dans un groove martial / moelleux, emporte l’adhésion – paradoxalement, c’est quand Bound By Endogamy baisse sa garde qu’il en devient le plus attachant. Et donc, quand le duo enchaîne sur le groove blanc et sec de Lune, qu’il nargue Grimes sur ses propres terres, on se dit qu’on a affaire à plus fin que soi, le côté proto-punk n’étant pas un absolutisme musical mais bien un moyen parmi d’autres d’exprimer l’urgence. En ce sens, Bound By Endogamy, qui se termine par un Junktion Rivers de haute volée, est bien plus que le brûlot punk attendu : il s’aventure sur de sinueux chemins, propose plus qu’il ne suggère, et suggère plus qu’il ne propose. Alors oui, ça cogne dur au bord du lac Léman, mais pas que : Bound By Endogamy vous étonnera, en proposant plus que ce à quoi le propos liminaire vous préparait (du punk, de la baston sonore, de l’amertume) et, franchement, divine surprise.




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