> Critiques



Il serait dommage, en étant à Nîmes, de ne pas profiter des quelques heures de fin de matinée et début d’après-midi pour faire un tour dans les vieux quartiers de Nîmes et ses ruelles étroites… à l’angle d’une rue, on retrouve un magasin aux saveurs délicieusement sucrées où l’on peut découvrir une production succulente de nougat maison ainsi que des calissons natures ou parfumés. Yummy.

Mais retour à Paloma dès l’ouverture des concerts : pour bien démarrer un bel après-midi ensoleillé, rien de tel qu’un peu de noise à l’ancienne pour éveiller les esprits. C’est donc Poutre qui s’y colle et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils s’en sortent magistralement : ça secoue, ça ébouriffe avec leurs morceaux sans une seconde de répit, au chant hurlé. Une pinte pour accompagner tout cela et nous voici remis dans le bain en quelques minutes, prêts à affronter la déferlante de décibels. Le noise band de Arles sait y faire et on ne boude pas notre plaisir.

Quelques pas plus loin, la chorale du TINALS prend le relais, on écoute un ou deux morceaux (sans toutefois les reconnaître) sur le chemin de la prochaine conférence.

Le thème du jour est "indépendance et féminisme" avec Chloé Delaume en invitée. Les places sont chères avec une belle affluence du public et le débat commence sur les chapeaux de roue. La sororité est le mot d’ordre, on parle notamment de son dernier livre "Mes bien chères sœurs" - dont elle lira un passage un peu plus tard dans une salle de Paloma - et les questions fusent à droite à gauche avant une séance de dédicace.

On se demandait bien ce que cela pouvait donner en live, nous faisons donc un tour au concert de Lou Doillon sur la grande scène Flamingo, en plein soleil. L’actrice chanteuse est bien entourée, ça joue, les morceaux sont efficaces, la voix un peu moins assurée que ce que l’on aurait espéré, entre miaulement et feulement rauque. Lou danse beaucoup, les morceaux s’enchainent, le public de tous les âges passe un bon moment.

Journée "gourmande" oblige, on profite d’un petit moment entre 2 concerts pour goûter les glaces artisanales du festival concoctées par le maître glacier et les élèves du CFA Sud Formation CCI Nimes Marguerittes, dont les parfums fraise garriguette / menthe et miel / lavande de la garrigue sont un pur délice.

On avait écouté en boucle son album solo « Abysskiss », captivés par la voix d’Adrianne Lenker que l’on retrouve ici en groupe sous le nom de Big Thief. Un des moments phares de cette édition, son concert est parcouru de belles ondes et nous remue jusqu’aux tréfonds de l’âme. Sa voix est douce et chargée d’émotions, elle dégage une forte présence sur scène, sans en faire trop, juste en chantant et jouant de la guitare (et quel jeu !). Les musiciens font plaisir à voir, souriant, heureux d’être là et de servir parfaitement ces morceaux puissants et merveilleusement composés. Un vrai moment de bonheur, partagé par le public (et Courtney Barnett sur un côté de la scène qui n’en manque pas une miette) et qui se marie idéalement à l’ambiance du festival. On frise de peu un rappel tant le public est conquis… mais les horaires sont stricts en festival. Du coup, on se rue sur les albums au merch’, pour compléter la collection.

On réalise peu après que ces concerts ont pu profiter à tout le monde, l’entrée devenant payante en toute fin d’après-midi, un bon point du festival qu’il convient de rappeler.

Les australiens de Méthyl Ethel prennent la relève avec leur indie-pop. Le chanteur Jake Webb a la voix presque féminine, et entraine avec lui son groupe dans une pop légère, aux sonorités atmosphériques, une échappée ensoleillée toute en mélodies.

Encensée de toute part, nous ne pouvions manquer le concert de l’australienne (tiens, encore !) Courtney Barnett. Guitare rouge en mains, Courtney assure le show, avec son grain de voix si reconnaissable, un rien trainant. Elle chante ‘I’m not your mother, I’m not your bitch’ baignée d’une lumière rouge violente, on sent qu’il ne vaut mieux pas lui chercher des noises. Efficace, avec son batteur et son bassiste, elle assure haut la main un set lorgnant vers le rock indie des 90s.

James Blake, tout de noir vêtu, entre en scène, derrière ses synthés. Deux autres musiciens l’accompagnent, un au violoncelle/guitare/synthés, dont un imposant modulaire, un autre à la batterie / pads / clavier basse, chacun sur une petite plateforme, alignés sur le devant de la scène. L’ambiance visuelle est sombre, avec des jeux de lumières clairs-obscurs, transperçant des volutes de fumée. La voix de James, caressante, survole les mélodies de clavier, avec des moments dépouillés, minimalistes et d’autres rythmés aux sons électro (ach, le modulaire, bon sang). Un show bien prenant, d’une grande maîtrise visuelle et sonore, qui donne envie de se replonger dans ses albums.

Déjà appréciés lors du festival Génériq à Dijon en février, Delgrès ne mettent pas longtemps à enflammer le public venu les accueillir : le trio guitare+chant / batterie / soubassophone distille un blues mêlé d’influences créoles qui fait des merveilles, ne laissant cependant pas de côté un discours militant bienvenu, explicitant notamment le nom de leur groupe.

On s’éclipse pour rejoindre la petite salle et se préparer à la déflagration du quatuor belge It It Anita dont on a largement entendu parler mais bizarrement toujours pas vu. C’est chose faite, et on se prend une déflagration de pure énergie, l’un des 2 guitaristes/chanteurs casse une corde dès les 1ères secondes, ce qui ne l’empêche pas de bondir et de faire hurler sa guitare, tandis que le batteur pilonne ses fûts, s’arrosant régulièrement d’eau… arrive le moment où il harangue la foule, et demande à faire de la place dans la salle pour accueillir sa batterie qu’il fait passer pièce par pièce aux gens.

Il s’installe ensuite au centre et attaque une séquence d’anthologie tinalsienne où il écrase ses coups sur les fûts (sans sonorisation donc) pendant que les autres jouent sur scène… ces derniers descendent ensuite dans un foutoir organisé et jouent / chantent un peu partout, le public faisant suivre les câbles de guitares, de micros… la scène est alors occupée de photographes et de membres du staff ébahis à la vue de ce happening dingo de fin de soirée ! Les happy fews présents (car beaucoup resteront hélas dehors, faute de place) se souviendront longtemps de ce concert !

Le petit plus de la soirée : en rentrant à l’hébergement, on croise les Delgres qui rentrent dormir dans leurs appartements, échange de quelques mots, tranquille !