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Alors que les médias s’emballent avec la révolte des gens en jaune, la seule actualité qui vaille c’est justement l’absence de jaune dans le ciel, le soleil étant aux abonnés absents depuis que la nouvelle année nous fait croire qu’elle sera meilleure que la précédente, c’est d’ailleurs le problème de la nouvelle année, elle est hautaine, dénuée de la moindre critique, de la plus petite once de bienveillance et d’humour.

Heureusement au milieu de cette absence totale de perspective de joie, de sourire, il y a un atoll sur lequel nous pouvons nous réfugier. Sur celle-ci nul Robinson Crusoe, mais plutôt Weli Noël, ses désirs et sa ménagerie qu’elle soit venue de la mythologie ou de la création divine comme compagnie.

Ce n’est pas une découverte, mais c’est une confirmation, Weli Noël développe un art bien particulier, celui de nous faire croire qu’il vit sur une plage paradisiaque. Il nous fait songer au tamure sur des hanches attirantes, nous incite à déguster des cocktails joyeux aux couleurs pouvant se targuer de reproduire celles de ce que nous appelons le paradis, celles des iles mystérieuses.

Weli prend un malin plaisir à jouer avec la sonorité des mots (Mon Fille), essayant de nous perdre en fin de couplet, pour nous rattraper hilare sitôt le refrain, car la voix de Weli Noël a cela de bien qu’elle est porteuse de soleil, cachant mal sous une nonchalance obligatoire avec cette musique, des plages d‘humour, d’amour, mais aussi des moments d’une émotion forte servie par un rythme chaloupé addictif (Philae)

Capable de s’approprier une ritournelle qui semble revenir de notre passé (La Collégienne) sans pour autant que cela soit fort de café, il nous ballade, pouvant nous faire croire au sable fin sous le soleil, trouvant l’inspiration en regardant un chantier à côté d’un chenal le long d’une voie RER du Nord de Paris, transformant ce paysage qui n’en a que le nom, en lieu idyllique.

Il y a quelque chose de la chanson enfantine (L’Amazone) chez lui, mais interdite aux enfants qui pourraient trop rapidement comprendre que l’amour, qui en étant la seule matière non enseignée à l’école, sera la seule chose qui nous poursuivra toute la vie.

Weli Noël casse la grisaille, sans nous imposer la chanson guillerette qui déprime au final, en nous plongeant dans son univers à nul autre pareil, et dans ce monde de l’uniformisation c’est plus qu’un compliment. Mhetal est d’un alliage inestimable.