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  • 4 avril 2017 /
    I, Useless
    My Favorite Things

    réalisée par gdo

Nouvelle rubrique sur A Découvrir Absolument. Nous demandons à des musiciens un petit texte sur un objet musical qu’ils aiment utiliser. La rubrique ne s’adresse pas qu’aux spécialistes, donc le champ est large : ça peut aller d’un appareil technique préféré à un accessoire toujours présent quand ils enregistrent une chanson ou dans un contexte musical, en passant bien sûr par un instrument, objet fétiche, etc.

Il y a quelque chose d’indéniablement futile, enfantin , voire de dérisoire à vouloir se donner la force qu’il nous manque pour aller au bout d’une idée, d’un projet, grâce à un objet.

Se donner la force d’oser.

La musique, l’art d’une manière générale, est une affaire de sentiments.

C’est le cas de tout ce qui est fait avec passion.

Rien d’étonnant donc à se que certains se mettent à vénérer un peigne, une carte de bus ou une photo polaroïd.

Comment en arrive-t-on à vouer un culte à des objets anecdotiques ?

Je ne pense pas que ce soit par simple superstition.

C’est avant tout une histoire de foi.

Etre en mesure d’affronter le quotidien et ses peurs, son passé.

La vérité réside dans l’ inconfort.

C’est vrai pour chacun d’entre nous.

C’est peut-être juste un peu plus fréquent pour les artistes.

Oui je plombe l’ambiance :).

Mais tout ce qui est sérieux nous exclue de l’immédiateté, de l’entertainment, de la superficialité du monde quotidien, des réseaux sociaux, de la quête du nombre d’abonnés, du saint “like” facebook.

Bref, pour en venir au vif du sujet, j’ai pas mal d’objets fétiches.

J’avoue avoir besoin de beaucoup de forces.

Mais je ne vais en citer qu’un, le plus important pour moi.

J’ai eu une première vie de musicien.

Puis j’ai arrêté.

Parfois, certains évènements font que la musique, l’art, deviennent vides de sens face à la réalité.

Quel but y-a-t il à faire de la musique quand on pourrait être plus utile au monde d’une autre façon ?

J’ai fait une pause artistique de cinq ans suite à la perte de mon amie la plus proche.

L’écriture de Twister, mon premier album sous le nom d’ I, Useless, est une lettre qui lui est adressée.

Le nom d’I, Useless est une référence directe à mon impuissance face à la réalité.

Il est rare d’avoir eu le temps de dire tout ce que l’on aurait voulu aux gens qu’on ne reverra plus, d’avoir fait tout ce que l’on aurait voulu faire avec eux.

Je le fais donc au travers de mes chansons.

Et je garde toujours précieusement un objet de Céline sur moi.

En studio, quand j’écris, en concert…

C’est de là que je puise ma force, ma légitimité.

Qui suis-je pour raconter ma vie en spectacle, sans pudeur aucune ?

Personne.

Je n’ oserai jamais raconter quoique ce soit si je ne l’avais pas dans ma poche arrière gauche.

Ce post-it.

Dessus il est écrit au crayon de papier “Ne t’inquiète pas, à demain”.

Il y a une fleur de dessinée sur chaque “i”…

Aujourd’hui c’est presque impossible à déchiffrer.

Mais moi je le sais.

Ce n’est pas l’objet qui compte. C’est son histoire.

Si je n’avais rien à dire, si je n’avais pas à me rattraper d’une façon ou d’une autre, je serai probablement caissier, employé d’ usine, ou gardien de la cathédrale de Clermont-Ferrand, comme je le suis de temps à autre.

Mais au fond, je ne suis qu’ I, Useless.



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