> Interviews



Rappel des faits : durant quinze ans, Acetate Zero incarna, tout simplement, une certaine quintessence sonique comme il était rare d’en croiser dans nos contrées. Aussi percutant sur scène que sur disque, le groupe, avec l’apport d’une structure telle qu’Arbouse Recordings et la confection de quatorze Ep et Lp, s’imposa comme essentiel. Et culte.

Séparés en 2011 après le double « Le Réglage Précis du Zéro », les membres d’Acetate se scindent aujourd’hui en deux nouvelles entités : Astatine (sur le label Orgasm) et donc French Leisure. Ces derniers (composés d’Elsa, Gaël et Laurent) reprennent à leur compte la facette indie-pop d’Acetate et la poussent vers une sorte d’évidence mélodique à mi-chemin entre Sub Pop et Flying Nun. En attendant un deuxième Ep via Beko Disques, French Leisure répond collectif à nos questions. To be continued…

ADA : Après quatorze Ep et Lp au sein d’Acetate Zero, et l’engouement certain qui s’en suivit, pourquoi avoir voulu mettre un terme à cette expérience musicale ? Divergences d’opinions ? Lassitude ?

French Leisure : Fab s’est barré en Australie avec l’argent des tournées, Stéphane s’est mis à graver des disques avec une fourchette, Elsa voulait repeindre son salon, Gaël a encadré sa trompette et Laurent a commencé un traitement pour ses cheveux.

ADA : Votre meilleur souvenir avec Acetate Zero ? Pour ma part, c’était à La Peniche je crois ; le groupe, parce que jouant trop fort, s’était retrouvé plongé dans l’obscurité la plus totale. Du coup, le concert n’en fut que plus terrassant…

French Leisure : Le fameux son et lumières d’Acétate Zero. Unique. Il fallait y être. Il y a eu le concert à Tulle pour le festival « Ô Les Chœurs » : arrivé sous la pluie, de nuit, à la bourre, pas de balance, on joue direct, et d’un coup, plein de monde, certaines personnes semblaient même connaître des morceaux ! Et puis aussi la tournée 2008 : on s’est vraiment bien marré. Des vacances françaises.

ADA : Après le split d’Acetate, vous êtes-vous immédiatement plongés dans un nouveau projet musical, à savoir French Leisure ?

French Leisure : On s’y est mis de suite, sans trop réfléchir. Après des années à composer sur nos bécanes, on avait envie de jouer, de faire naitre et de construire les morceaux en répète, de manière plus directe entre nous.

ADA : La musique d’Acetate Zero tirait vers des atmosphères parfois oppressantes, dans une tradition qui irait de Mogwai à Sonic Youth. Inversement, French Leisure dévoile votre côté indie-pop. Etait-ce voulu ou bien les multiples répétitions vous ont-elles entrainés, par hasard, vers ce registre-ci ?

French Leisure : Cela s’est fait assez naturellement, en ayant une approche plus simple à trois instruments, peu d’effets, et en accélérant le tempo. Cela dit, il y avait déjà pas mal d’indices dans les derniers albums d’Acetate Zéro.

ADA : Votre spectre musical est large. Néanmoins, aviez-vous en tête des groupes ou des idées de production au moment de composer les premières chansons de French Leisure ?

French Leisure : Nous avions chacun quelques bouts de démos, trouvés pour la plupart à la guitare acoustique, que nous avons répétés et construits ensemble : ce sont nos morceaux qui nous indiquent la direction à prendre. Finalement, nous laissons nos limites faire le son ; et c’est très bien comme ça. Et puis, dès qu’on sent que l’on va sonner comme quelque chose qu’on connait, on sait qu’il s’agit d’une fausse route.

ADA : Si en écoutant les titres de French Leisure, je pense à la fameuse compile C86 et à Elliott Smith, la comparaison vous convient ?

French Leisure : Elliott Smith à la rigueur pour les slows de Laurent. On pourrait tout aussi bien dire qu’on se situe entre Les Verlaines et Daniel Balavoine, ou encore entre Iron Maiden et Grandaddy. De la mélodie, des guitares ...

ADA : Vos jobs respectifs vous empêchent-ils de composer plus que vous ne le souhaiteriez ? Généralement, comment se déroule le processus qui mène à une chanson ?

French Leisure : Oui, le boulot nous prend beaucoup de temps. On arrive à se voir une fois par semaine, quand tout va bien. Entre la démo et le titre sorti, le processus se déroule donc assez lentement. Nous enregistrons, produisons et mixons nous même ; avec un sacré coup de main de Cyril, taulier du studio clandestin JFK.

ADA : L’un de vos titres est apparu sur la structure Beko. Est-ce une structure avec laquelle vous souhaiteriez faire un bout de chemin ?

French Leisure : On a deux nouvelles sorties prévues en Juin chez Beko. Reno édite nos morceaux et nous laisse toute liberté pour les exploiter par ailleurs comme bon nous semble, même si nous n’en avons ni besoin ni envie : il s’occupe tellement bien de nous ! L’esprit du label et des personnes qui l’animent nous correspond.

ADA : Un album est-il en préparation ?

French Leisure : Tout est en préparation, pourquoi pas un album ?

ADA : Vous sentez-vous en affinités avec divers groupes français ?

French Leisure : On a des affinités historiques avec Astatine, forcément ; des affinités familiales avec Summer et Maël-ström ; départementales et sectaires avec Cobra ; nostalgiques avec Jessica 93.

ADA : Qu’écoutez-vous, en ce moment ? Des coups de cœurs ? Des déceptions ?

French Leisure : En ce moment, ce qui nous botte, c’est le cheptel Beko, Chapter Music, Bedroom Suck Records, The Stevens, Dick Divers. Au rayon des déceptions, la liste est trop longue.

ADA : La question qui embête tous les musiciens : vos trois albums fétiches ?

Elsa : « Transaction de Novo » de Bedhead, « Cabled Linear Traction » de Hood et « Control » de Pedro the Lion.

Gaël : « Fear of God » des Bats, les Thugs avec « As Happy as Possible » et le premier Cure en version « Boys Don’t Cry ».

Laurent : « A Quick One » des Who ; un Lp compilation CBS de 1971, de mon père, rayé en plein morceau, des Byrds ; et la compile « What’s up Matador ».



 chroniques


pas d'autres chroniques du même artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.