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Dédier un disque à cet objet de torture est quand même gonflé. Mais entendant nous bien, nous ne parlons pas de vélo et de ces décérébrés, élevés au rang de héros à grand coup de picouses partout ou c’est possible. Nous ne parlons pas non plus du velib, objet esthétiquement aussi réussi qu’une décoration de noël réalisé par certains de nos contemporains, le temps de la fête des enfants. Non nous parlons de la bicyclette, celle qui est aussi dénuée qu’une chanson de Will Oldham, patiné comme le visage attachant d’un grand tante qui nous quitte doucement.

Sébastien Blanc a peut être arpenté les routes de notre campagne française au commande de son bicloune, se rêvant tout à la fois sur une autoroute allemande l’amenant vers les studio de Kratfwerk, et sur de longues étendues bordées d’immenses champs de tournesol.

Si Sébastien Blanc se présente sous une posture iconoclaste, ne nous trompons pas, l’homme est un musicien inspiré, et un auteur tout aussi épatant. Les 3’41 de « Baby Hurricane » témoignent de la qualité du coup de pédale du jeune homme, sachant emmener la mélancolie du démarrage, vers une douce farandole. Le disque est à l’image de ce morceau. Les virages sont nombreux, notre attention sans cesse mise à contribution, jamais trahie par un ennuie qui pourrait s’installer. Les titres sont tous des évocations foutraques, des collisions improbables, passant du baudet au zèbre ou de la girafe à l’éléphant, sans pour autant que la colle dégouline de partout. On pense bien évidemment à beaucoup de choses des connus, des moins connus (« One book & Two Pens » rappelleront à certains les travaux de Pierre Bessero), mais avant de penser, nous jubilons de ce disque d’un hédonisme nous ramenant à une époque où le mollet était encore assez ferme pour tracter notre vélo.

Un superbe vélo…..dans la tête.