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On cite un peu vite Michniak, ces derniers temps. L’association d’un phrasé un peu urgent, un peu haletant, et de phrases-choc ne font pas de Fauve Corp des Diabologum en puissance - pas plus qu’Ortie n’arrive à gratter la cheville de Stupeflip ou Fuzati. L’habit peut être le même mais l’âme prime souvent chez l’original, au détriment de la copie. Ce qui n’empêche pas de jouer sur le même terrain que ses idoles, après tout. Parfois ça marche même très bien. Cate le Bon avec Pavement, par exemple. Ou The Von Corda, avec... Arnaud Michniak. Claire Mallet, parleuse des Toulousains The Von Corda, a (peut-être) l’école Michniak (période Bogue) en tête pour scander avec calme et entêtement ses textes impressionnants.

Il y a malheureusement un problème, à mes oreilles, dans The Von Corda. Quand Julien Cardaillac et Claire Mallet ont décidé de s’associer, ce sont sans doute avec les meilleures intentions du monde. Les formules comme "mêler nos univers" ont dû être prononcées.

L’un chante donc, dans un anglais pas toujours formidable, des chansons écorchées, enlevées, entières. Je n’aurais certainement pas voulu chroniquer son disque pour ADA si cette moitié de disque était sortie indépendamment de l’autre, la politique maison exigeant (à raison) de ne pas descendre une production indépendante. Mais à entendre l’autre, qui décrit implacablement, dans un français terrifiant de précision, des situations quasi-immobiles et obsessionnelles se terminant souvent par une ou deux litanies en boucle, on en viendrait à souhaiter que seule cette moitié du projet existe. La musique qui accompagne ces textes est génialement simple. Mon hypothèse est que Cardaillac n’y est pas étranger, et mon humble avis est que l’étape de trop est celle d’avoir voulu à tout prix conserver dans l’ADN de The Von Corda la partie consacrée aux chansons en anglais.

Je suis probablement en train d’aller à l’encontre de ce qui fait précisément l’originalité du concept au yeux de ses créateurs, et dont l’aboutissement pourrait se trouver dans le véritable mélange, à l’approche du dénouement du disque, lorsque les deux voix se superposent finalement. Mais rien n’y fait, je n’arrive pas à être convaincue. La tristesse éclatante, un peu héroïque de l’un me laisse d’autant plus de glace que je suis retournée par la raideur clinique des textes et de la diction de l’autre.

Une conclusion personnelle : écoutez The Von Corda, allez les voir en concert, et tirez comme moi de ce curieux projet quelque chose d’inexact, partiel, discutable.

Paradoxal, complexe, et donc beau.




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