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Interview réalisée en janvier 2007

D’où venez-vous anglophiles convaincus (même votre bio) !! ?

— Toma :On vient quasiment tous de Normandie, de Caen, excepté Vincent qui vient de Saint Denis-93. On trouvait que ça faisait trop gentil un groupe composé que de Normands. Maintenant, moi (Toma) et Vincent sommes installés sur Paris et David et Claire sont restés sur Caen.

Comment vous est venu ce patronyme ?

— Toma : C’est un phénomène assez étrange. Nous nous sommes mis à penser. Mais au fait qu’est-ce que penser ?? Par le mot penser, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevons immédiatement par nous-mêmes ; c’est pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, mais aussi sentir, est la même chose ici que penser. Car si je dis que je vois ou que je marche, et que j’infère de là que je suis ; si j’entends parler de l’action qui se fait avec mes yeux ou avec mes jambes, cette conclusion n’est pas tellement infaillible, que je n’aie quelque sujet d’en douter, à cause qu’il se peut faire que je pense voir ou marcher, encore que je n’ouvre point les yeux et que je ne bouge de ma place ; car cela m’arrive quelquefois en dormant, et le même pourrait peut-être arriver si je n’avais point de corps ; au lieu que si j’entends parler seulement de l’action de ma pensée ou du sentiment, c’est-à-dire de la connaissance qui est en moi, qui fait qu’il me semble que je vois ou que je marche, cette même conclusion est si absolument vraie que je n’en puis douter, à cause qu’elle se rapporte à l’âme, qui seule a la faculté de sentir ou bien de penser en quelque autre façon que ce soit. Enfin voilà quoi. Ca nous est tombé dessus comme ça Paf ! Cornflakes Heroes. On a trouvé ça marrant. Ca sonnait bien, c’est aussi débile que nous et chacun peut trouver une signification différente. Nickel quoi !!

Off with your heads ! Est votre première référence discographique. Etrange d’être passé directement par un LP sans passer par la case EP ?


— Toma : Je sais pas si y a vraiment un ordre à suivre. Nous ne nous sommes jamais posé cette question (à ce que je me souvienne ??!!). On avait pas mal de titres en stock. On a donc fait un 1er choix parmi tous ces morceaux pour l’enregistrement. On a enregistré 13 morceaux et on en a encore viré un qui ne sonnait pas aussi bien que les autres et ne collait pas trop avec le reste du disque. Ca faisait 12 morceaux. Enregistrons un LP !!

Quelles étaient vos références ?

— Toma : Nos références viennent surtout de la musique anglophone, surtout des USA. On écoute beaucoup des gens comme Sonic Youth, Calexico, Pavement, The Make up, Lee Hazlewood, PJ Harvey, Jonathan Richman, la scene anti folk, et tout un tas de trucs différents. On s’est forcément inspiré de toutes ces musiques et tout ces sons qui rythment notre vie de tous les jours.

— Vincent :Moi à la base je ne suis pas aussi à fond dans le rock indé qu’eux, j’ai écouté pas mal de jazz moderne, de funk, de rap, de classique, de musiques du monde, de blues, de rythme & blues, d’électro, de chanson française aussi…et sinon en rock je viens plutôt des années 60-70, avec des artistes et des groupes comme Janis Joplin, Jimi Hendrix, les Beatles bien sûr, les Doors, Pink Floyd, Deep Purple, Led Zeppelin…mes principales références en rock datent de cette période, et je pense que ça se sent dans mon jeu de batterie. Maintenant toutes les références qu’a citées Toma me plaisent aussi énormément, merci les caennais !…

Si je parle d’un vrai disque dans l’esprit indé du début des années 90 je passe pour un vieux con passéiste ou je prends une pour vous coller une étiquette poussiéreuse me renvoyant l’intégralité de cet interview avec un monstre en guise de cadeau ?

— Toma : Ben il n’y a qu’à voir les références citées au-dessus. C’est avec ces groupes qu’on a plongé dans la musique donc forcément ils ont laissé un trace indélébile dans nos petites têtes. C’est quand même une époque ou de grands disques ont été composés : " Spiderland " de Slint a inspiré combien de groupes après sa sortie ?? Une bonne partie de la scène Post-Rock et bien d’autres groupes. C’est énorme ! " nevermind " et surtout " In Utero ", n’en parlons même pas. " Mellowgold ", " Sister ", " Goo ", " Crooked Rain ", " At Action Park " et des centaines d’albums comme ça ont fait bouger les choses, ont inspiré des tas de gens et se sont aussi inspirés de tas de choses, notamment des années 60-70 et l’émergence du punk aux USA (Ramones, Patti Smith, Television, Suicide,…) puis en Angleterre, mais aussi de la musique Black. Enfin, ça n’a pas de limite. Donc ça nous convient. Nous sommes des jeunes cons passéistes !! Yeaah !!

A l’écoute de bible belt (morceau phare de notre v10) j’ai tout de suite pensé à Pavement sans le côté faussement dilettante. Ce style s’est imposé à vous ?


— Toma : On peut dire ça oui. La plupart de nos morceaux sont composés de la même façon. Je ramène un morceau qu’on bosse tous ensemble. Ca fonctionne de façon spontanée. On ne se dit pas il faut que ça ressemble à ça ou à ça. On tente des trucs. Si on voit que ça ne fonctionne pas on reprend du début plusieurs fois et si ça marche toujours pas on jette le morceau. En règle général, les morceaux les plus efficaces sont ceux qu’on met le moins de temps à composer, ceux qui sortent directs. En tout cas, ce n’est pas la 1ère fois qu’on nous parle de Pavement et je dois dire que ça nous fait vraiment plaisir. Ils sont quand même super balaises Pavement non ???

L’autre particularité c’est la qualité de votre " parler anglais ". Vos origines ou vos métiers peuvent expliquer cela ?

— Toma : Hormis Vincent qui est un peu à la traîne, on parle tous un bon anglais. C’est une langue qu’on apprécie de part sa sonorité, son côté chantant. Moi, j’ai fait des études d’anglais ce qui aide & Claire l’enseigne même. Donc dès que je me plante dans l’accentuation et tout, Claire me jette des craies et sort son martinet. J’peux te dire que je fais gaffe. Et puis, le fait d’écouter beaucoup de musique anglophone aide énormément. La meilleure façon de commencer l’anglais, c’est d’écouter des K7 de Daniel Johnston. Tu comprends tout ce qu’il dit et t’agrandis ton vocabulaire mystique.

— Vincent : Oui moi c’est ça qui me fascine aussi chez eux c’est la crédibilité de leur anglais, et on retrouve ça aussi dans d’autres groupes français actuels comme Hushpuppies, Phoenix ou The film, ça je crois que c’est un phénomène assez nouveau, cette capacité des groupes français à être crédibles en anglais. Moi c’est d’ailleurs ça qui m’a plu dans les compos de Toma dès le départ, c’est cette authenticité et le fait que ça sonne réellement anglo-saxon et pas imitation de groupes anglo-saxons. On sent qu’il baigne dans cette culture depuis très longtemps et qu’il se l’est vraiment approprié.

Votre écriture me fait penser à celle de Franck Black, vous partez de quoi pour écrire vos textes ?

— Toma : Des fois une idée me vient dans la rue ou je remarque quelque chose qui me fait marrer et j’essaie de construire quelque chose autour de ça. En règle général, je n’arrive pas à aller là ou je voulais me rendre au départ. Mais bon, des fois c’est aussi bien. Je me laisse porter jusqu’à ce que ça sonne bien, que ça colle bien avec la musique et que ça ne soit pas trop ridicule.

Tout en étant un disque remarquablement produit, off with your heads ! est un album pour la scène. C’était obligatoire pour vous ?


— Toma : Disons que nous voulions que ce disque soit naturel et spontané et donc cela paraît logique qu’il soit facile à réaliser sur scène. Quasiment toutes les prises son ont été réalisées en live et forcément ça s’entend et ça se sent. En plus, ça nous arrangeait que ce ne soit pas un casse-tête pour faire sonner les morceaux en concert.

D’ailleurs coucher vos titres n’a-t-il pas été une souffrance ?

— Toma : Non pas du tout. C’était même très agréable de leur trouver une structure définitive et de pouvoir les écouter assis dans un canapé.

Les structures de vos chansons sont souvent complexes, des têtes à queue, des dérapages (comme sur mon morceau préféré good for nothing). La musique c’est cela pour vous, de l’émotion au milieu d’un chaos mélodique ?

— Toma : C’est très agréable d’avoir différentes variations dans un même morceau. C’est un peu comme l’humeur d’une journée. Le matin, on est de mauvaise humeur, l’après midi, on se calme un peu et le soir tout explose ou inversement. De plus, sur scène, c’est souvent assez efficace des montées subites et violentes. Pour nous, ça augmente notre degré d’excitation et du coup ça se ressent souvent aussi auprès du public.

Take me out of town semble être la chansons vers laquelle Dionysos court toujours ; vous avez quel regard sur la scène française, quels sont vos appointances avec la scène française ?

— Toma : Le problème avec la scène française, c’est qu’il faut creuser, savoir chercher par soi-même et surtout sortir pour trouver les groupes intéressants. La scène indé n’est pas très représentée par les medias. Pourtant, il y a un grand nombre de groupes intéressants et il y en a sûrement encore pleins que je ne connais pas. Internet est super pratique pour ça aussi. Sur la scène française, on adore Herman Düne qui ont vraiment un bon esprit " underground " et des morceaux terribles, les Hushpuppies sont bien efficaces (surtout sous la douche ah ah), j’ai écouté le disque de Nelson qui est très bien aussi. Sinon pour les moins connus, on aime beaucoup Lapin Machin, Gable, Crack und Ultra Eczéma, Gâtechien, Kimmo, Cheveu, Cyann & Ben, Kim, Ben Lupus, Dirge, Mona Mona, Top Montagne, …

— Vincent :Avec Cornflakes on est évidemment plus tournés vers la musique anglo-saxonne, qu’elle soit faite dans les pays anglo-saxons, en France ou ailleurs, mais sinon ya des artistes français qui chantent en français qu’on aime bien aussi comme Katerine par exemple. On adore son côté rentre-dedans, stupide et " j’m’en-foutiste ", et d’ailleurs on retrouve un peu ce côté là dans Cornflakes Heroes, dans le nom mais aussi dans les paroles et la musique de certains morceaux. Et puis sinon ya tout le mouvement du slam français actuel qui personnellement m’intéresse beaucoup, ya beaucoup de gens talentueux par là aussi.

Pour lifeline c’est l’ombre des derniers Sonic Youth qui plane. En imaginant une telle longévité vous souhaiteriez explorer quoi dans le futur (excepté une planète) ?

— Toma : Le Bronx

L’esprit High Heels on the beach c’est pour le plaisir du chant en chorale ?


— Toma : Oui et non. En fait, c’est parti d’un délire sur les paroles. Pour une fois, j’avais écrit les paroles avant la musique. Puis en m’emmerdant au taf, j’ai trouvé une mélodie. Je me suis dit que ce serait pas mal de faire un morceau tout a capella comme un morceau présent sur la compile Dub Narcotic Sound System que j’aimais tout particulièrement. Et puis ça pouvait faire une sorte de transition au milieu du disque. Sinon, je dois dire que je n’ai pas regardé l’émission de Flavie Flamant sur les chorales. L’intérêt, c’était aussi de faire ça avec des amis.

Les chœurs sont d’ailleurs super importants comme sur words in the door way. C’est pas aussi cela qui fait que cet album marque les esprits c’est que l’on y chante bien voir très bien ?

— Toma : D’une façon générale, on aime bien les morceaux qui restent dans la tête, les mélodies accrocheuses. Tu sors de chez toi et t’as ce morceau qui te poursuit toute la journée. Le problème, c’est quand c’est un morceau d’un mec que tu peux pas blairer ou d’une pub. AAAHhh Rien que d’y penser. En tout cas, je ne sais pas si on chante bien mais on prend plaisir à chanter ces morceaux.

Je parlais de monstre tout à l’heure, la pochette et les dessins sont de qui ? Le côté arrondi sied parfaitement à votre musique qui sait jouer mais qui sait surtout émouvoir (écouter overcome et pleurer)

— Toma : C’est notre ami Gable qui a gracieusement accepté de nous faire cette pochette. Gable, c’est un mec de Caen qui fait des dessins, mais aussi un groupe composé de trois personnes et qui joue une musique géniale et terriblement inventive et fun. Ca fait très longtemps qu’on se connaît et on aime toujours autant se rencontrer. On avait totalement confiance en lui et on lui a laissé carte blanche et on est loin d’être déçus du résultat. On trouve la pochette magnifique et elle colle très bien à l’esprit que l’on voulait donner au disque. Hourra Hourra Gable !!!

Comment vous êtes vous retrouvés chez Greed recordings de l’ami Michel ?

— Toma : Myspace Myspace. On a contacté Michel qui a écouté les quelques morceaux disponibles puis nous a recontactés. On lui a ensuite envoyé le disque. Il est venu nous voir en concert où on s’est rencontrés pour la première fois et c’était parti.

Que va t’il se passer chez les cornflakes en 2007 ?

— Toma : Si tout se passe bien, on a une tournée prévue pour début Avril (on a besoin d’aide pour les dates d’ailleurs…), on espère beaucoup de concerts, quelques festivals et l’enregistrement d’un nouveau disque.

Quelles sont vos références en définitive ?

— Toma : Les Charlots, Bernard Menez et Jean-Louis Murat

Le mot de la fin est pour vous

— Toma : FIN