> Critiques > Labellisés



L’album de Francesca Lago est une belle surprise. Dès le début le magnifique riff de "On my way back to the moon" nous transporte. On y reconnaîtra un rock alternatif, au sens large, autant qu’une exploration des nouvelles frontières que les années 90 avaient élargies. Des morceaux qui font jouxter accessibilité et aventure musicale, si bien qu’il pourra plaire aux auditeurs avertis ainsi qu’aux autres. Rock artistique, ainsi qu’on a pu le dire de Blonde Redhead, et très aventureux comme on aura pu le dire de son voisin Peter Kernel (guest sur Slapstick). Pour tenter de cerner sa personnalité transfrontalière on pensera aussi à Cat Power, grâce à cette voix parfois évanescente et cette liberté de composition. La voix a d’ailleurs un spectre très large qu’elle explore sans contraintes, servie par un son limpide et un excellent mixage pointilleux. L’enchaînement des morceaux offre une évolution pertinente. La fin de "On my way back to the moon" s’énerve un peu, pour faire suivre une montée en puissance. Les arrangements de "Leech" au violoncelle, par le très talentueux Zeno Gabaglio, sont aussi excellents que surprenants, tout comme les entrelacements vocaux. Suit "Slapstick", aussi accompagné de violoncelle, au refrain accrocheur qui fait suite à un couplet assez halluciné à la batterie saccadée. "Do you know where to go" offre un moment de grâce suspendue rappelant un peu Jorane période 16mm. L’album est relancé par l’impeccable et rêveur "To the wild" tandis qu’avec "Bad dream" on a un tube en puissance qui n’attend qu’une diffusion radio grand public. Il y aussi des moments de folies, comme dans "Treasurer the 5th". Cet album riche qui fait cohabiter tant de territoires ne se refuse rien, passant de morceaux très arrangés à d’autres épurés sans que l’un ou l’autre soit supérieur en intensité, et c’est là toute la force du disque. Pour preuve le superbe "hey hey sentry". L’ordre des titres est si naturel qu’à la fin vous vous demanderez comment l’album a pu passer si vite, tant il vous aura fait voyager avec ses variations. Il n’y aura plus qu’à le remettre. Francesca Lago a un grand sens du refrain, celui qui reste en tête toute la journée, un peu à l’instar d’une Melissa Auf Dem Maur. La pochette ferait pourtant penser à un disque de Joni Mitchell pris dans une aurore boréale...Mais après tout, elles partagent la même liberté. Francesca Lago s’auto définit d’abord comme une songwriter passionnée, d’où l’importance des textes en totale adéquation avec la musique, parfois sombres, souvent teintés d’espoir pour dresser cette carte des rêves sibériens. On the camper records nous propose encore un grand album, un disque qui restera.

Barclau




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.