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On est trop habitué aux ego-trips du chanteur emphatique de U2 pour ne pas redouter une nouvelle confession – après la tournée et le livre, voici le film. Pourtant, Bono prévient d’emblée : « Écrire ses mémoires, c’est atteindre un sacré niveau de nombrilisme ». Sur la scène du Beacon Theatre de New York, en 2023, il est heureusement moins question de Bono, la pop star ayant vu Dieu, que de Paul Hewson, cet Irlandais qui veut « changer le monde en s’amusant » et qui aime par-dessus tout se moquer de lui-même entre deux pintes au Sorrento Lounge du pub Finnegan’s, à Dublin.

On rit donc souvent devant ce one-man-show taquin, porté par un dispositif épuré mais cohérent, qui rappelle certains partis pris stylistiques de l’étendard du genre : Swimming to Cambodia de Jonathan Demme et Spalding Gray (1987) – même si Andrew Dominik reste un metteur en scène d’un classicisme faux-ami. Bono imite Pavarotti débarquant à l’improviste au studio où U2 enregistre un nouvel album – flanqué de huit caméramans de la Rai Uno. Il évoque aussi, avec tendresse, les piques vachardes de son père Brendan Robert : « Toi, un baryton qui se prend pour un ténor ». Et comme Bono est bon comédien et qu’il pratique l’autodérision avec gourmandise, le spectacle garde les pieds sur terre.

Seul bémol, pour ceux qui se contrefichent de U2 (comme c’est mon cas) : les interludes musicaux en mode acoustique (violoncelle, harpe) sur quelques standards du groupe, sans les trois acolytes. Ce détail mis à part, Stories of Surrender, c’est quand même, pour reprendre une ancienne expression d’Emmanuel Tellier, du Bono sans malus.




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